Mercredi 27 octobre, l'archevêque de Clermont-Ferrand Monseigneur François Kalist avait convié à la maison diocésaine de Clermont des animateurs de jeunes en lien avec le diocèse, afin d’évoquer le rapport Sauvé, dénonçant des abus sexuels au sein de l’Eglise.
Depuis la publication du rapport de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise), ou rapport Sauvé, la parole se libère au sein de l'Eglise catholique en France. Dans son rapport publié le 5 octobre, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase), présidée par Jean-Marc Sauvé, a estimé à 216 000 le nombre de mineurs victimes d'un prêtre ou d'un religieux en France depuis les années 1950, et à 330 000 si l'on ajoute les agresseurs laïcs en lien avec les institutions de l'Église. Mercredi 27 octobre, Monseigneur François Kalist, archevêque de Clermont-Ferrand, avait réuni les animateurs d’organisations de jeunes liés au diocèse : représentants des scouts de France, personnels de l'enseignement catholique ou du catéchisme, salariés et bénévoles, religieux et laïcs... Plus d'une soixantaine de personnes, venues réfléchir ensemble aux moyens de prévenir et d'éviter que se reproduisent les crimes révélés par le rapport. L'archevêque s'est exprimé au sujet du rapport Sauvé.
Pourquoi avoir mis aussi longtemps à vous exprimer ?
Monseigneur François Kalist : « C'est le premier évènement de ce type, ça ne veut pas dire que ce soit la première réunion au cours de laquelle nous ayons évoqué le rapport Sauvé, bien évidemment. Nous n'avons pas attendu 3 semaines pour provoquer la parole, qui s'est de toute façon libérée d'elle-même. Vous vous doutez bien que sur 70 ans, beaucoup de choses allaient venir au jour mais les chiffres sont massifs, ils sont terribles, et c'est aussi la découverte de l'ampleur de ces crimes et de ces actes qui créent l'effroi. »
Vous êtes archevêque depuis 2007, quel est le constat dans votre diocèse ?
Monseigneur François Kalist : « J'ai relevé une vingtaine de cas d'abus sexuels sur mineurs de la part de clercs, prêtres ou religieux sur l'ensemble de cette période. Dire que j'en ai relevé une vingtaine ne veut pas dire qu'il n'y en ait qu'une vingtaine. »
Comment réparer et rendre justice aux victimes ?
Monseigneur François Kalist : « La réparation est une réparation au sens civil du terme, qui passe par une réparation financière. »
L'église a-t-elle besoin de se réformer en profondeur ?
Monseigneur François Kalist : « Elle doit changer de façon urgente et profonde. Notre canonique n'est pas immuable. Il ne faut pas oublier qu'il a déjà été réformé en 1983. Il doit encore l'être sur certains points et notamment en matière pénale. La réforme est nécessaire et est engagé afin qu'elle redevienne la maison sûre, une maison où chacun sera respecté et protégé. »
La Conférence des évêques de France tiendra une assemblée plénière à Lourdes du 2 au 8 novembre prochain.