Samedi 18 novembre, avec l’autorisation de la mairie, un arbre du souvenir sera planté dans le jardin Lecoq, à Clermont-Ferrand. Cette stèle sera érigée en hommage à Wissam El-Yamni, mort après son interpellation par la police lors de la Saint-Sylvestre 2011. Une commémoration qui fait polémique.
C’est à la demande de la famille de Wissam El-Yamni qu’une commémoration à la mémoire de ce jeune Clermontois sera organisée, samedi 18 novembre, à Clermont-Ferrand. Avec l’accord de la mairie un arbre sera planté dans le jardin Lecoq. Une stèle en hommage à ce trentenaire décédé quelques jours après son interpellation par la police.
Alors que l’enquête sur sa mort est toujours en cours, la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Riom ayant ordonné une nouvelle expertise toxicologique, cette cérémonie fait polémique, notamment dans les rangs des forces de l’ordre. D’autant que deux des policiers qui ont participé à l’interpellation sont placés, depuis, sous le statut de témoin assisté.
Christophe Marini, responsable départemental du syndicat Alliance, ne comprend pas la décision de la mairie : " Nous sommes tous choqués dans la police. Pour nous, il s'agit d'un geste de défiance vis-à-vis des forces de l'ordre. Nous avons saisi le préfet et nous espérons qu'il interdira cet hommage".
Alors que l’intersyndicale Unité SGP Police FO, Alliance Police Nationale, Synergie Officiers annonçait, en fin d'après-midi, jeudi, qu'un « appel à manifester circule au sein des services de Police Nationale pendant la pose de cet arbre et/ou de cette stèle », le préfet du Puy-de-Dôme a indiqué, dans un communiqué, que le projet de rassemblement à la mémoire de M. Wissam El-Yamni et l’autorisation qui en a été donnée par la mairie de Clermont-Ferrand « ne peut que créer des risques de tensions entre une partie de la population et la police nationale, en laissant penser que les policiers seraient seuls responsables du décès de M. Wissam El-Yamni ». Pour lui, il convient «de ne pas interférer dans la procédure,( instruction judiciaire) y compris par des manifestations telles que celles qui sont ou pourraient être envisagées. Ces rassemblements seraient assurément de nature à compromettre l’apaisement nécessaire à la poursuite du travail de la Justice ». Le préfet qui a tenu à appeler « à la responsabilité de chacun des acteurs pour renoncer à toute manifestation publique ».
C'est un très mauvais signal qui est ainsi donné
Dans un communiqué publié jeudi 16 novembre, l’opposition municipale a critiqué la décision du maire. Pour les élus du groupe du Rassemblement de la droite et du centre : « Tant qu'une décision de justice définitive ne sera pas rendue, aucun geste et initiative ne doivent être pris sous peine d'être inéluctablement compris comme un désaveu des forces de l'ordre et de la justice, justice qui doit être rendue dans la sérénité. Nous déplorons donc la polémique ainsi lancée par Olivier Bianchi qui avec cette initiative se prononce à la place de la justice et contre les services de police et de gendarmerie qui assurent au quotidien la sécurité des citoyens. C'est un très mauvais signal qui est ainsi donné ».
De son côté, Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand, a justifié sa décision dans un communiqué : « Il s’agit d’autoriser une commémoration pour se souvenir d’un jeune clermontois. C’est la raison pour laquelle j’ai accepté ». En réponse aux attaques sur l’opportunité d’une telle décision alors que l’affaire est toujours en cours, le maire de Clermont-Ferrand se défend de prendre toute position : « Ne pas commenter ni s’immiscer dans des affaires en cours de jugement est un impératif de notre République. Jamais je n’ai dévié de cette ligne, ni ne le ferai. Autoriser la plantation d’un arbre n’est nullement un commentaire, ni une prise de position à l’égard d’une décision de justice ».
Il n’y a pas deux catégories de citoyens. Ce n’est pas les uns contre les autres
Enfin, le maire dit entendre à la fois « la sensibilité de la communauté policière dans cette affaire » et « la détresse d’une jeunesse clermontoise des quartiers parfois stigmatisée et mise à l’écart ». Selon lui : « Il n’y a pas deux catégories de citoyens. Ce n’est pas les uns contre les autres. Nous sommes tous clermontois ».
Pour le maire de Clermont-Ferrand : « L’accord donné à la demande de la famille de Wissam de planter un arbre dans le jardin Lecoq participe de cette nécessité de rassembler les Clermontois, tous les Clermontois ».
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