Une étrange bouée surmontée de panneaux solaires a été installée sur le lac d’Aydat dans le Puy-de-Dôme. Elle va permettre à des chercheurs du laboratoire Microorganismes de l’Université Clermont Auvergne d’étudier le développement des cyanobactéries.
 

Chaque été, la prolifération des cyanobactéries occupe les gestionnaires des lacs auvergnats. La prolifération de ces organismes peut entrainer l’interdiction de la baignade et des activités nautiques, ce qui est préjudiciable à l’activité touristique. Un phénomène étudié de près par le laboratoire microorganismes : génome et environnement de l’Université Clermont Auvergne qui a installé une bouée d’étude sur le lac d’Aydat dans le Puy-de-Dôme depuis la fin du mois de juin 2018.
 
Le point avec 3 questions posées à Delphine Latour. Maître de Conférences, elle est enseignante, chercheuse et travaille sur les cyanobactéries d’eau douce.

Pourquoi est-il important de se préoccuper du développement des cyanobactéries ? Qu’est-ce que cela indique sur la nature de l’environnement ?
Les cyanobactéries sont naturellement présentes dans de nombreux écosystèmes et ne posent pas de problème, voire peuvent être bénéfiques. Les nuisances générées surviennent lorsqu'elles se développent en trop grande abondance et que des toxines sont produites. Ces toxines peuvent être dangereuses pour la santé animale et humaine et font l’objet d'un suivi régulier de la part des ARS sur les milieux contrôlés. La forte présence de cyanobactéries est généralement associée à une importante concentration en nutriments dans l'eau, essentiellement azote et phosphore. Ces derniers proviennent essentiellement des activités anthropiques ayant lieu sur le bassin versant du lac.

Comment fonctionne cette bouée-sonde ?
Cette bouée mesure toutes les heures des paramètres physiques (température, oxygène...) et donne une estimation de l'abondance du phytoplancton et des cyanobactéries. Cette mesure est réalisée en un seul point fixe, à 1m sous la surface, et ne donne donc qu'une estimation des phénomènes ayant lieu à l'échelle du lac. Le capteur détecte la présence de la phycocyanine, un pigment photosynthétique présent chez de nombreuses cyanobactéries mais en quantité variable selon les espèces ; c'est pour cette raison que cet outil ne peut fournir qu'une estimation de l'abondance des cyanobactéries et doit être couplé avec des approches plus classiques de détermination et comptage en microscopie. De plus, aucune indication du potentiel toxique n'est délivrée par cet outil et il ne peut donc se soustraire à des analyses chimiques. Le principal intérêt de cette sonde est sa prise de mesures rapides et en continu, ce qui nous permet une meilleure compréhension des processus à courte échelle de temps. Ce type de bouée a déjà été déployé sur d'autres lacs et plans d'eau et peut fournir une aide à leur gestion. Dans notre cas, elle est installée sur le lac d'Aydat pour un minimum de deux années, correspond au projet de recherche actuellement en cours.

Pourquoi avoir choisi le lac d’Aydat et quels pourraient en être les enseignements ?
Le lac d'Aydat fait partie des lacs que notre laboratoire suit depuis de nombreuses années pour diverses questions ayant trait à l'écologie aquatique. Pour ma part, je m'intéresse au développement des cyanobactéries et à leur potentielle toxicité. Actuellement nous ne savons pas quelles sont les conditions favorisant la production de cyanotoxines. C'est pourquoi, notamment, un suivi régulier est nécessaire pour préserver la santé des utilisateurs. La bouée que nous avons installée est intégrée au programme de recherche "connecsens" financé par la Région et l’Europe et qui a pour objectif de développer une plateforme de collecte et de mutualisation de données dédiée au domaine des recherches en environnement.

 

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