Dans cette période d'instabilité politique, difficile pour les collectivités de se projeter dans un budget. Par conséquent, la commande publique est au ralenti et tout un pan de l'économie qui est plongé dans l'incertitude. Exemple à Cournon-d'Auvergne, près de Clermont-Ferrand.
Le secteur du bâtiment emploie 14 000 personnes dans le département du Puy-de-Dôme et face à la baisse de la commande publique, près de 500 emplois ont été perdus en un an. Thomas est à la tête d'une entreprise d'installation électrique. S'il ne signe pas rapidement de nouveaux chantiers, la situation risque d'être critique dans les six mois à venir. Thomas Linney, gérant de Resimont Électricité, explique : “Pour mes 40 salariés, je fais en sorte d’avoir assez de travail dans les mois à venir mais je ne pourrai pas embaucher des intérimaires. Les années précédentes, on avait toujours entre 5 et 10 intérimaires. Aujourd’hui ce n’est pas possible, par manque de travail. On ne peut pas les embaucher”.
Des chantiers reportés
Le secteur de la construction dépend à 50 % des investissements des collectivités locales. Un acteur incontournable qui manque de visibilité sur ses budgets, et qui se trouve parfois contraint de reporter ses chantiers. Patricia Delépine, présidente de la Fédération Française du Bâtiment du Puy-de-Dôme, souligne : “On a fait des projets, on les a déposés en permis de construire. Une fois qu’on étudie le montage financier, comme c’est plus difficile, on reporte et on demande aux entreprises de décaler le début des travaux. On va revoir et minimiser le chantier parce qu’il est trop important et il ne passe plus dans notre budget”.
Un avenir incertain
On voit pourtant de nombreux chantiers en cours sur l'agglomération clermontoise mais c'est un peu l'arbre qui cache la forêt. Ces travaux ont été actés il y a plusieurs années, leurs budgets sont sanctuarisés mais pour l'avenir, c'est encore la grande incertitude. On ne sait toujours pas ce que contiendra la nouvelle loi de finances. Olivier Bianchi, maire (PS) de Clermont-Ferrand, insiste : “L’argent qu’on prendrait aux collectivités locales est de l’argent qu’on ne mettra pas dans l’investissement, ce qui viendra affaiblir le tissu économique local : c’est la fameuse commande publique. Quelque 70 % des marchés de la Ville et de la Métropole vont en direction d’entreprises locales. C’est réellement un ralentissement de l’économie”.
Entre l'augmentation des matières premières, la hausse des taux d'intérêt et l'inflation, les budgets des ménages se sont réduits. Si ceux des collectivités suivent la même tendance, la Fédération française du bâtiment parle d'une perte de 300 000 emplois à court terme.