Chaque année, elles sont une dizaine de femmes, des jeunes et des moins jeunes, à se lancer un défi : gravir des sommets pour lutter contre le cancer du sein. L’association « Des filles au sommet » à Cournon, près de Clermont-Ferrand, les accompagne dans ce défi qui va au-delà du sport.
C’est l’histoire d’une femme qui, malgré la maladie, a décidé de ne rien lâcher. Anne Mélia est aujourd’hui âgée de 55 ans. Elle nous raconte sa passion pour le sport. « Deux ans avant la maladie, j’ai commencé la course à pied, j’avais 42 ans. Je me suis inscrite dans un club et j’ai découvert une passion. Je me suis entraîné 4 à 5 fois par semaine, je faisais des trails en montagne et je faisais des compétitions ».
Continuer la course à pied malgré la maladie
Jusqu’au jour où la maladie est arrivée d’un coup : un cancer du sein à un stade élevé. Il s’en suit tout un processus inéluctable : l’ablation du sein, des gros traitements de chimiothérapie, etc. Malgré tout, Anne Mélia avait des fourmis dans les jambes et demande à son oncologue du centre Jean Perrin à Clermont-Ferrand si elle peut continuer la course à pied : il n’y a pas de contre-indications. « Alors évidemment, je ne pouvais plus faire 25 km, mais peu importe, ça m’allait. À cette période, elle rencontre sa « sœur de cœur » comme elle l’appelle, qui va s’occuper d’elle jusqu’au jour où elle aussi on lui diagnostique un cancer du sein, seulement quatre mois après Anne Mélia. « On s’est soignées ensemble en même temps. On s’est soutenues. On faisait beaucoup de choses ».
Un jour Anne Mélia propose à son amie de partager leur expérience. « J’ai la chance d’arriver à courir, je n’ai pas mal quand je cours et je continuais à faire de la compétition. Je voulais partager mon constat : en faisant du sport, on peut lutter contre la maladie ». C’est donc en 2015, il y a 10 ans, que l’association « Des filles au sommet » voit le jour.
Gravir des sommets
L’association n’est pas tournée vers la course à pied, mais la randonnée. Une randonnée douce et encadrée : « L’idée, c’est de bouger ! », affirme Anne Mélia. Et elle sait de quoi elle parle : « Ça a eu un impact positif sur ma santé. L'objectif est de proposer des randonnées aux femmes qui ont terminé les gros traitements, notamment pendant les thérapies ciblées qui ne fatiguent pas trop ». En une semaine, tous les acteurs étaient réunis : bénévoles, médecins, guides de montagne, etc. L’association Clermont en rose a été l’une des premières donatrices. 14 femmes se sont inscrites dès la première année. « On a commencé à les faire marcher dès le mois de septembre, deux fois par mois, entre 5 et 6 km. On est accompagnés d’un médecin à chaque fois. Progressivement, on fait plus de dénivelés et plus de kilomètres. Pour terminer avec des randonnées entre 15 et 16 km avec 800 mètres de dénivelé positif ».
Mais c’est loin de s’arrêter là : au mois de mai, l’association prévoit un séjour dans un massif montagneux. Et au mois de juin, c’est un séjour d’une semaine qui est organisé. « On va de gîte en gîte avec le sac à dos. On fait entre 60 et 80 km de marche et on est allées jusqu’à 4 000 mètres de dénivelé positif. À la fin du séjour, on termine toujours par un sommet ».
Pratiquer une activité physique réduit de 24 % le risque de récidive
« Il y a un côté festif, mais c’est surtout une aventure humaine. Les filles tissent des liens très forts entre elles. Ce n’est pas que du sport et pendant un an, on laisse de côté la maladie », explique Anne Mélia. Neuf groupes sont passés par l’association et à chaque fois, toutes les femmes sont arrivées au bout. Après leur aventure, 80 % d’entre elles continuent l’activité physique et ont une autre vision de la vie. « Je leur dis toujours au début que pendant l’année, vous allez ouvrir des boîtes à rêves. Il ne faut pas attendre pour réaliser ses rêves. Du coup, certaines changent de travail, construisent des projets sportifs, culturels, font des voyages, etc. »
Selon une étude de la fondation pour la recherche sur le cancer, la pratique d’une activité physique après diagnostic d’un cancer du sein diminue de 24 % le risque de récidive et de 28 % le risque de décès par cancer. « Quand les femmes arrivent dans l’association, elles sont dans le parcours de la maladie, elles n’ont que ça en tête. On dirait qu’elles ont arrêté de vivre. Mais au mois de juin, leur vision des choses a changé. Elles disent aussi avoir moins de douleur, les traitements passent plus facilement, elles sont moins fatiguées, elles ont plus de motivation ».
Pour les rencontrer, rien de plus simple : le 11 janvier, elles seront au café-théâtre de Cournon-d'Auvergne. Les fonds serviront à soutenir l’association dans ses projets.