CHU de Clermont-Ferrand : une nouvelle technique de pointe pour l'implantation de cœurs artificiels

Au CHU de Clermont-Ferrand, une nouvelle technique de pointe pour les implantations de cœur artificiel est mise en place depuis un an. Il s'agit du seul centre d'Auvergne-Rhône-Alpes à réaliser couramment cette intervention plus « performante », selon des chirurgiens.

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Depuis début 2020, le service de chirurgie cardio-vasculaire du CHU de Clermont-Ferrand utilise une nouvelle technique d’implantation de coeur artificiel : « HeartMate 3 par abord mini-invasif ». Habituellement, les patients qui bénéficient de cette intervention subissent une ouverture du sternum jusqu'à la face antérieur du thorax. Cette technique est désormais remplacée, dans certains cas, par deux courtes incisions passant entre deux côtes, l’une à droite et l’autre à gauche de la poitrine. Pour le professeur Camilleri, chirurgien cardio-vasculaire du CHU depuis 1988, cette méthode est plus « performante » : « On n’ouvre pas le sternum. Classiquement, on ouvre le sternum de haut en bas. C’est une voie plus grande, un retentissement plus important sur la cage thoracique dans le cadre spécifique de cette assistance sur le ventricule gauche. Le fait de ne pas faire de sternotomie, c’est censé moins traumatiser le ventricule droit. Il faut absolument qu’il continue à fonctionner sinon l’assistance ne fonctionne pas », indique le chirurgien.

"C’est comme si on essayait de faire des nœuds au fond d’un pot de yaourt"

Si Lionel Camilleri connait les mérites de cette technique, elle reste plus délicate à mener pour les opérateurs : « Quand on fait une sternotomie, on a une vue large, sans aucune gêne, sur tout le cœur. On voit très bien les deux zones sur lesquelles on a à travailler, qui sont l’aorte et la pointe du ventricule gauche. Par la technique mini-invasive, on a deux voies qui sont des voies intercostales. Si on veut ne pas casser les côtes il faut les écarter modérément et on a un champ de travail qui est exigu. C’est comme si on essayait de faire des nœuds au fond d’un pot de yaourt. On est dans un espèce de tunnel », raconte le chirurgien. Cette technique nécessite l’emploi de moyens spécifiques pour la couture sur l’aorte : « On utilise des instruments dédiés qui ont un grand manche et une articulation distale, c’est-à-dire au bout de l’instrument, de façon à ce que lorsque l’on rentre le manche droit dans cet espèce de tunnel, on puisse travailler au fond avec un instrument mobile », explique Lionel Camilleri.

Une récupération plus rapide en post-opératoire

Pour les patients qui bénéficient de cette technique, la récupération est plus rapide. Trois patients ont pu être opérés grâce à cette méthode en 2020, dont un qui avait eu, quelques semaines auparavant, une infection sévère au COVID 19 et avait une fonction respiratoire encore imparfaite : « Le fait de faire cette mini-voie, ça a permis d’économiser son ventricule droit et de ne pas avoir le retentissement de l’ouverture complète de la cage thoracique sur les poumons », affirme le professeur Camilleri, qui a participé à l’intervention. L’intervention prend un peu plus de temps qu’avec une sternotomie, entre 3h30 et 4 heures. Si cette technique est devenue courante, elle n’en est pas pour autant systématique : « Quand on a des patients très instables, on ne le fait pas. Par exemple, cette année, on a eu un patient dans un état précaire et on a été obligés de faire un sternotomie », explique le chirugien. Il ajoute que ce patient nécessitait une assistance complémentaire du cœur droit pendant quelques jours.

« Ce n’est pas une avancée majeure, mais c’est une amélioration notable de la technique »

En France, 7 centres pratiquent cette technique d’intervention, avec parmi eux Bordeaux ou encore Strasbourg. Clermont-Ferrand est le seul centre de la région Auvergne Rhône-Alpes à réaliser couramment cette intervention par voie mini-invasive. Au total, une vingtaine de centres font de l’assistance cardiaque. « Dans le service, on avait déjà l’expérience de cette thoracotomie réduite pour faire de la valve aortique et des thoracotomies un peu plus bas pour l’abord de la valve mitrale. On a combiné les deux expériences, on n’a pas eu besoin d’aide supplémentaire », détaille Lionel Camilleri. Trois chirurgiens sont aptes à réaliser cette implantation : « Les deux autres font des valves et moi je ne fais que de l’assistance », précise Lionel Camilleri, qui ajoute « Ce n’est pas une avancée majeure, mais c’est une amélioration notable de la technique ». L’implantation est destinée à tous, mais il s’agit d’une intervention lourde à supporter. Pour l’heure, le patient le plus âgé opéré, à la connaissance du professeur Camilleri, était âgé de 75 ans.

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