Clermont-Ferrand : pétition contre l’exhibition d'une éléphante, le cirque répond

Une pétition signée par près de 70 000 personnes dénonce la maltraitance de l’éléphante Maya du cirque La Piste d’Or. Ce que nie farouchement le cirque, à Clermont-Ferrand du 14 au 21 décembre.

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Le 27 novembre 2016, l’association le C.H.A.N.T. (pour une Cohabitation Harmonieuse avec les autres Animaux et la Nature sur Terre) mettait en ligne une pétition visant à "interdire l'exhibition de l'éléphante Maya à Clermont-Ferrand". Cette pétition qui a remporté un certain succès : depuis, près de 70 000 personnes l’ont signé.

Qui est Maya ?


La pétition annonce que Maya est une "éléphante d'Asie, âgée de 55 ans (l'espérance de vie de cette espèce est d'environ 60 ans)". Une première information réfutée par Ralph Falck, directeur du cirque et joint par France 3 Auvergne. "Elle n’a pas 55 ans, mais 48 ans", affirme ce dresseur. Contactée également par France 3 Auvergne, Monique (elle ne veut pas communiquer son nom de famille), présidente de l'association le C.H.A.N.T. reconnaît s'être basée sur un rapport d'une autre association (voir plus loin) pour l'âge de l'animal. Mais surtout, selon le dresseur, "la santé mentale et physique" de l’éléphante n’est pas "menacée" comme il est écrit dans cette pétition de l’association.

Cette dernière écrit avoir interrogé un vétérinaire indien du nom de "Rinku Gohain", "spécialisé dans les soins aux éléphants et reconnu mondialement" : Il dresse un constat alarmant : "La hanche gauche de Maya est atteinte d’arthropathie et/ou combinée avec une dégénérescence ou une anomalie musculo-squelettique de cette partie du corps". "Les pieds arrières de Maya sont affectés par une pathologie appelée "sajan" qui est une infection fongique des pieds chez les éléphants. Cette pathologie se rencontre chez les éléphants captifs qui doivent rester debout pendant de longues heures sur des sols souillés en général par leurs propres excréments". Il y aurait même une possibilité que la queue de Maya soit atteinte de "gangrène sèche".

Rinku Gohain est bien un vétérinaire spécialiste des animaux sauvages. Il a publié un rapport sur l'état de santé de Maya à la demande de l'association Code animal.

Rapport du vétérinaire Rinku Gohain


Mais Ralph Falck s’insurge tout de même du constat dressé : "le vétérinaire habite en Inde et il a fait son étude sur trois photos qu’on a postées sur internet ... On ne sait rien sur lui ! Mon éléphante est contrôlée par des vétérinaires spécialisés des animaux sauvages trois fois dans l’année. On a aussi des tigres, et on les fait tous examiner plusieurs fois par an".

Ces documents (transmis par le directeur du cirque) attestent en effet de la santé de l’éléphante Maya par une vétérinaire française.


Mais la présidente de l'association C.H.A.N.T. affirme malgré tout des troubles du comportement : "Ils n’admettront jamais que l’éléphante est maltraitée. Mais il suffit de la regarder ! Je l’ai vue Maya. Avant les spectacles, elle fait un mouvement de tête de droite à gauche, et cela dénote clairement un mal-être."

Quelles conditions de vie ?


L’association dénonce aussi les conditions de vie de l’animal qui seraient terribles : "Maya, née libre en Asie, isolée des siens très jeune pour la briser psychologiquement, vit une grande partie de son temps enfermée dans un enclos trop petit ou dans la remorque exiguë d'un camion". Ralph Falck dit ne pas comprendre ces accusations. "Nous avons les mêmes réglementations que dans les zoos. Il faut minimum 10 m² par animal. Nous lui en donnons plus : 22m² sous chapiteau. Il peut être climatisé ou chauffé selon les besoins. Maya dispose aussi d’un lieu extérieur de 20 mètres de long sur 10 mètres de large."

De plus, l'éléphante n'est pas née en liberté mais dans un zoo en Bretagne selon son propriétaire. Il évoque une espérance de vie pouvant aller jusqu'à 80 ans alors que l'association parle, elle, de 60 ans. Monique, qui représente l'association pour la cause animale, maintient que l'éléphante n'a pas pu naître en captivité. "Aucun éléphant en France n'est né en captivité. Cela n'est tout simplement pas possible car ces éléphants ne se reproduisent que dans leur milieu naturel ou par insémination artificielle".

L’animal ne serait pas non plus "ballottée sur les routes de longues heures durant, parcourant chaque année des milliers de kilomètres et des dizaines de villes" comme cela est écrit dans la pétition. Selon le directeur du cirque, Maya fait un spectacle par jour, pendant 7 minutes. Et chaque année, le cirque ne se produit pas pendant 4 mois. Les animaux sauvages vivent alors dans 8 hectares de champ en autonomie et disposent d’une partie intérieure, dans le Lot-et-Garonne. Là encore, la présidente de C.H.A.N.T. s'insurge : "Ce n’est pas une vie pour un éléphant de faire des numéros, d’être balloté sur les routes. Tout le monde peut le comprendre."


Cause animale


La pétition a été lancée par l’association, Le C.H.A.N.T., "Pour une Cohabitation Harmonieuse avec les autres Animaux et la Nature sur Terre". Cette organisation a été créée en janvier 2016 et est très active sur les réseaux sociaux. Elle est domiciliée dans l’Allier, à Yzeure. Elle milite aux côtés d’autres associations qui défendent la cause animale comme L214.


A la question de savoir s'ils sont radicaux, Monique répond : "Nous sommes une association pour les droits des animaux. On ne veut pas de cages plus grandes, on ne veut plus de cages. A vous de voir ce que vous entendez par radical." Ralph Falck dit lui être victime d’un procès en intention. "C’est la quatrième plainte que nous déposons contre ce type d’association pour diffamation. Nous avons déjà gagné deux fois. Cette fois-ci, on est en procédure contre les associations Vida et Code animal."

Derrière le cas de l'éléphante Maya, se joue un autre combat : celui de l'interdiction d'utilisation d'animaux sauvages dans les cirques en France. L'Hexagone n'a ainsi pas légiféré en la matière. Mais plusieurs pays l'ont déjà fait.

L’International Fund for Animal Welfare (IFAW), les répertorie :
  • Interdiction nationale d’utiliser tout animal dans les cirques : Chypre, Grèce, Malte et Bolivie
  • Interdiction nationale d’utiliser les animaux sauvages dans les cirques : Autriche, Bosnie Herzégovine, Croatie, Slovénie, Colombie, Costa Rica, Salvador, Panama, Paraguay, Pérou, Singapour, Israël et Mexique
  • Interdiction nationale d’utiliser la plupart des animaux sauvages dans les cirques : Belgique, Bulgarie et Pays-Bas
  • Interdiction nationale d’utiliser certaines espèces dans les cirques : République tchèque, Danemark, Finlande, Portugal, Suède et Inde
  • Interdiction nationale d’utiliser les espèces d’animaux sauvages endémiquesdans les cirques : Équateur
  • Interdiction nationale d’utiliser les animaux nés dans la nature dans les cirques : Estonie, Hongrie et Pologne
  • Interdictions locales d’utiliser les animaux dans les cirques : Irlande, Norvège, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis, Canada, Argentine, Brésil, Chili et Australie
La réponse du maire de Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi :
Sensibilisé sur la situation de l'éléphante Maya devant "se produire" prochainement à Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi, Maire de Clermont-Ferrand a alerté dès le 14 novembre 2016 les services vétérinaires via la Direction Départementale de la Population, administration en charge de ces questions.

En effet, dans ce cas précis, le Maire n'est juridiquement pas compétent pour deux raisons :
- l'arrêté du 18 mars 2011 précise que l'autorisation donnée aux cirques de montrer des animaux vivants relève du Préfet,
- Le Maire est compétent pour contrôler les cirques s'installant sur le domaine public uniquement sous l'angle sécurité et accessibilité des spectateurs.

Le Maire de Clermont-Ferrand sensible à ce cas, a pris les mesures d'alerte nécessaires face à une situation décrite comme alarmante mais ne relevant pas de sa compétence.
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