Livre Hebdo a rendu son verdict annuel vendredi 3 juillet, la célèbre librairie Les Volcans de Clermont-Ferrand est classée 15e librairie indépendante de France. Un résultat très encourageant après un confinement difficile.
« On doit notre 15e place à la fidélité de nos clients. Même lorsque nous avons rouvert après deux longs mois de confinement, ils étaient au rendez-vous » déclare Martine Lebeau, gérante et salariée de la librairie Les Volcans à Clermont Ferrand. Encore émue par le classement publié vendredi 3 juillet par Livre Hebdo sur un total de 400 librairies indépendantes en France, elle sait que la position de la SCOP (société coopérative et participative) est due à l’excellent chiffre d’affaires réalisé en 2019. « Le classement se base uniquement sur la vente des livres et non sur les ventes réalisées autour, comme la papeterie ou les événements culturels. Nous avons atteint un chiffre d’affaires de 5 millions d'euros l’an dernier, grâce à nos nombreuses ventes.» détaille Martine. Un succès encourgeant pour les salariés de cette SCOP qui ont sauvé la librairie mise en liquidation judiciaire en 2014. Même si Martine Lebeau sait que le bilan économique ne sera pas le même cette année après des mois de confinement difficiles…
Une crise sanitaire dévastatrice
« Nous avons fermé la librairie dès le 15 mars. En 8 semaines nous avons perdu 850 000 euros de chiffre d’affaires. On aura beau puiser dans la trésorerie il faudra faire un prêt l’an prochain » se désole Martine. Une situation dramatique pour toutes les librairies indépendantes de France, même si la gérante relativise en se disant que cette fermeture aurait pu intervenir durant une période stratégique comme à Noël. Elle précise aussi que le statut particulier de cette société coopérative a permis à tous les salariés et au dirigeant (elle-même) de toucher le chômage partiel. Une aide cruciale pour la société qui a très vite fait le choix d’arrêter toute activité économique dans ses deux librairies basées à Clermont-Ferrand et à Riom. « Nous avons fait le choix d’interrompre entièrement nos ventes et de ne pas mettre en place un système de drive ou de ventes en ligne pour respecter au maximum le confinement et pouvoir rouvrir le plus vite possible. Même si les livraisons à domicile ont permis à de nombreuses librairies indépendantes plus modestes de se maintenir, nous avions la chance de pouvoir puiser dans notre trésorerie.» Pas un seul livre vendu pendant 2 mois malgré des réservations en ligne, mais un lien essentiel qu’il fallait conserver avec les clients précise la gérante : « Nous avons fait beaucoup de communication sur les réseaux et proposé des lectures pour garder ce rapport privilégié que nous entretenons avec nos clients depuis des années et assurer notre rôle de conseiller. » Des rapports qui n’ont fait que se renforcer avec le confinement : « Nous avons eu un énorme soutien émotionnel, et certains clients étaient même prêts à nous aider financièrement. »Une reprise sur les chapeaux de roues
Mais Martine Lebeau reste optimiste, l’excellente reprise de l’activité depuis la réouverture confirme la place essentielle qu’occupe la librairie Les Volcans dans la vie des Auvergnats. « Cette librairie existe depuis bientôt 46 ans, c’est une véritable institution à Clermont-Ferrand. Un peu à l’image de la librairie Mollat à Bordeaux ou de la librairie Ombres Blanches à Toulouse. Nous avons un chiffre d’affaires exceptionnel par rapport à la taille de la ville. » Pour la gérante de la librairie, la culture du livre fait partie des mœurs des Auvergnats et malgré l’immense taille de la librairie les Volcans, les clients entretiennent un rapport privilégié avec les vendeurs. « Malgré le port du masque obligatoire que nous avons imposé pour faciliter les déplacements dans la librairie, nos clients restent longtemps pour flâner entre les rayons, demander conseils ou se laisser porter par le hasard d’une lecture. Rien n’a changé depuis la réouverture et c’est exactement ce que nous voulions ». Un succès également au rendez-vous dans la deuxième librairie « Horizons », rachetée par la SCOP en 2018 à Riom. Un an après un premier chiffre d’affaires de 400 000 euros, elle est classée 347e librairie indépendante. « Le but pour notre SCOP ce n’est pas de multiplier les librairies, mais de transmettre la passion du livre. On mise souvent très gros, sans parachute, mais il faut croire que ça paie ! » ajoute Martine Lebeau avec un sourire.Rien ne remplace les librairies et la crise sanitaire nous l’a démontré
Un métier de passion mais surtout un métier irremplaçable pour Marion Baudoin, déléguée de l’association Libraires Indépendants en Auvergne-Rhône-Alpes. Si la crise a eu un très fort impact économique sur les librairies indépendantes, pour elle, il ne fait aucun doute qu’elles sauront se relever malgré la concurrence. « Je ne pense pas que l’essor des ventes en ligne soit un obstacle, elles sont plutôt complémentaires avec les ventes en librairie et elles concernent surtout les clients qui ont déjà une idée en tête. Pour les autres, rien ne remplace les conseils sur place d’un libraire. Et puis beaucoup de libraires utilisent les réservations en ligne, pour permettre de désengorger les librairies et faciliter les ventes, mais les clients doivent récupérer leurs livres sur place. » Des sites comme chez-mon-libraire.fr répertorient plusieurs librairies indépendantes en Auvergne et permettent de garder le contact des clients avec leur libraire. « Je pense que le succès d’une librairie repose surtout sur la capacité des vendeurs à faire la différence, donner envie aux clients de se déplacer en vrai. En les conseillant, leur faisant découvrir des nouveautés et en établissant un vrai rapport de confiance. » ajoute Marion Baudoin. Les Volcans travaillent désormais à la relance des activités et évènements comme les show-cases musicaux, les rencontres littéraires ou lectures organisées. « Dès septembre, si tout va bien. » précise Martine Lebeau.