Coronavirus : comment l’Université Clermont Auvergne s’adapte au prolongement du confinement

Les universités ne rouvriront pas, Emmanuel Marcon l’a confirmé, lundi 13 avril, en prolongeant la période de confinement liée à l’épidémie de coronavirus. Une annonce qui n’a pas surpris les étudiants et qui n’a pas pris de court l’Université Clermont Auvergne.


 

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C’est officiel : les cours ne reprendront pas pour les 34.000 étudiants inscrits dans les différentes filières de l’Université Clermont Auvergne (UCA). Annoncée lundi 13 avril par Emmanuel Macron, cette décision, prise dans le cadre des mesures destinées à lutter contre la propagation du coronarivus, n’a surpris personne. Une décision attendue même par l’UNEF 63, le principal syndicat étudiant. « Ca nous paraissait pertinent de ne pas demander aux étudiants de retourner en cours, explique Mayke Fustier, militante à Clermont-Ferrand. En raison du risque sanitaire bien sûr mais aussi parce que de nombreux étudiants sont déjà rentrés se confiner dans leur famille en rendant les clés de leur logement ».

Du côté de l’université, cette décision était aussi pressentie. « L’annonce du président ne nous a pas surpris, explique Mathias Bernard, président de l’UCA. Elle confirme une hypothèse sur laquelle on avait construit notre organisation pour la fin de l’année. Sachant que la plupart des cours s’arrêtent fin avril, on avait anticipé l’impossibilité de reprise ».
Ainsi, depuis mi-mars, la quasi totalité des cours ont basculé en mode distanciel, via la mise en place de plateformes pédagogiques, ce qui pose le problème des étudiants n’ayant pas accès à internet.
« Malheureusement, nous constatons que cette période est un révélateur des inégalités sociales, pire, elle peut aussi les aggraver, poursuit Mathias Bernard. Nous avons recensé les étudiants qui n’ont pas correctement accès aux ressources numériques que l’on met en place afin de trouver d’autres solutions. Ils sont environ 2000 ».

Les examens annulés

Si les cours s’arrêtent pour la plupart fin avril, se pose aujourd’hui la question des examens, dont la mise en place est plus compliquée. Là encore, l’UCA avait pris les devants et avait déjà décidé d’annuler les épreuves.
« Les examens doivent normalement se tenir en mai et en juin. Mais en l’état actuel des choses, il est impossible de les envisager en présentiel. On a donc opté pour le même système que le baccalauréat en les basculant en distanciel ».
Ainsi aucune épreuve ne pourra être organisée dans les universités. « On a changé les modes d’évaluation. Nous allons nous baser sur les résultats obtenus pendant l’année, mais aussi proposer des travaux à rendre ou en des épreuves à distance en temps limité ».
Une décision qui inquiète l’UNEF 63. « Nous pensons que les examens tels qu’ils vont être organisés ne sont pas assez cadrés, les évaluations sont laissées à la libre appréciation des professeurs. Nous allons contacter les doyens de chaque filière afin de les rendre les plus égalitaires possibles. Nous allons aussi leur demander notamment de rallonger les délais accordés pour rendre les devoirs. Car il ne faut pas oublier que certains étudiants ont une mauvaise connexion internet ou ont tout simplement des difficultés à s’organiser pour étudier. Je pense à ceux qui ont des situations familiales compliquées mais aussi ceux qui continuent à travailler pour subvenir à leurs besoins, notamment dans les supermarchés et ils sont nombreux ».

Actée, cette nouvelle organisation des examens de fin d’année ne pourra en revanche pas s’appliquer aux concours, notamment le PACES, le concours de fin de première année des études de santé et qui à Clermont-Ferrand concerne 1500 étudiants. « Si les examens valident des compétences, un concours doit obligatoirement respecter la stricte égalité des conditions de passage. C’est pourquoi nous avons décidé, en concertation avec l’ensemble des facultés de médecine, de reporter ce concours à fin juin, alors qu’il devait se tenir mi-mai, explique le président de l’UCA. Comme nous serons a priori toujours en phase de déconfinement nous allons réfléchir à sa mise en place pour qu’il puisse se tenir dans de bonnes conditions sanitaires et voir quels aménagements nous pourrons trouver afin de ne par regrouper un trop grand nombre d’étudiants dans un même lieu ».
 

La précarité des étudiants exacerbée

Autre difficulté qui se pose aujourd’hui : les stages obligatoires. « Là encore c’est compliqué, notamment pour les étudiants qui sont dans des filières professionnelles, poursuit Mathias Bernard. On fait au cas par cas… Lorsque cela est possible, nous avons facilité la mise en place de stages en télétravail, ce qui nous a permis d’en maintenir un certain nombre. Dans d’autres cas, notamment pour les étudiants qui sont en fin de cycle, un report en début d’année prochaine est envisagé. Mais pour certains, on va devoir les annuler et les remplacer par un travail personnel à rendre ».
Si aujourd’hui, la plupart des étudiants sont rassurés de ne plus être dans l’incertitude quant à l’organisation de la fin de l’année universitaire, nombreux sont ceux pour qui le confinement est synonyme de plus de précarité. « Beaucoup sont isolés, notamment les étudiants qui sont restés en cité universitaire. Pour beaucoup il devient difficile de se nourrir car les restaurants universitaires, qui proposent des repas à moindre coût, sont fermés. Nombreux sont ceux aussi qui ont perdu leur job ou qui ne pourront pas travailler cet été, notamment dans le secteur de l’animation, ce qui ne va pas arranger la situation », conclut Mayke Fustier avec toutefois un espoir : que les aides allouées aux plus précaires, annoncées par le président de la République, profitent aux étudiants et surtout qu’elles soient suffisantes.


 
La question du logement
Avec un parc de 18 résidences situées à Clermont-Ferrand, Aubière et Montluçon, le Crous Clermont Auvergne a permis cette année à 4 050 étudiants de se loger. Actuellement, 1 020 d’entre eux y vivent toujours. Pour leur permettre de rompre l’isolement dans lequel ils se trouvent, un certain nombre de dispositifs ont été mis en place, comme par exemple un partenariat avec le festival du court métrage pour la diffusion en ligne de séances de courts métrages, une exposition virtuelle du labo photo argentique d’une résidence Crous diffusée quotidiennement sur Facebook, ou encore des séances de sport en ligne proposées en partenariat avec le SUAPS.
Depuis le début du confinement, le service de restauration n’est plus assuré. Cependant, pour les étudiants qui ne peuvent se déplacer pour des raisons médicales ou en situation de handicap, des repas leur sont livrés. Six étudiants en bénéficient actuellement. Les autres étudiants peuvent s’approvisionner auprès de l’épicerie solidaire Esope 63, à laquelle le Crous a fait don de ses surplus alimentaires.
Les 3030 étudiants qui sont repartis dans leur famille depuis le début du confinement n’ont plus à payer leur loyer, depuis 1er avril et ce jusqu’à leur retour, à condition d’en avoir informé le Crous.
Pour ceux qui sont partis précipitamment sans avoir pu libérer entièrement leur logement et qui n’envisagent pas de revenir, le préavis contractuel d’un mois ne s’applique pas. Il leur suffit de prévenir leur résidence et ils pourront déménager dès la fin du confinement.
Enfin, concernant les bourses pour la prochaine année universitaire, le Crous poursuit l’instruction des dossiers. Pour toute demande, les étudiants doivent saisir leur Dossier Social Etudiant (DSE) avant le 15 mai 2020, sur leur site
Les mises en paiement des mensualités à venir sont réalisées selon le calendrier habituel. Le contrôle d'assiduité n’est pas effectué. Aucune absence liée à la fermeture des établissements d'enseignement supérieur pour les étudiants n'entraîne l'arrêt des versements.
Si des étudiants rencontrent des difficultés financières, ils doivent se faire connaître auprès des services sociaux du Crous en leur adressant un mail (service-social@crous-clermont.fr).



 
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