Coronavirus COVID19. A Clermont-Ferrand, les sapeurs-pompiers, ces autres héros de l’ombre

En première ligne depuis le début de l’épidémie de coronavirus Covid19, les sapeurs-pompiers du Puy-de-Dôme effectuent quotidiennement le transfert des malades du Covid19 vers le CHU de Clermont-Ferrand. Discrets et pourtant essentiels, témoignage de l'un de ces héros de l’ombre.

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« Pendant l’épidémie de COVID19 notre mission ne change pas. Nous devons venir en aide aux victimes quoi qu’il arrive. » Comme Eric, adjudant au centre de secours de Clermont-Ferrand, le principal centre d’intervention du SDIS63 (Service Départementale des Incendies du Puy-de-Dôme), les sapeurs-pompiers sont eux-aussi en première ligne pendant l’épidémie de Conoravirus COVID19. Contactés régulièrement par le SAMU, ils sont chargés d’assurer le transfert des présumés malades du COVID19 au CHU de Clermont-Ferrand.
« Sur le nombre de cas hospitalisés en raison du covid19, 70% ont été transférés par les pompiers. » détaille l’adjudant. Une mission délicate en période d’épidémie mais « évidente » pour ces héros du quotidien. Chaque année, les 105 pompiers professionnels et 60 pompiers volontaires de la caserne de Clermont-Ferrand, assurent 1/5e des interventions du département. En effectif réduit en raison de l’épidémie (22 pompiers le jour au lieu de 25), ils ne comptent pas abandonner leur mission et ce malgré les risques sanitaires.

En première ligne


« Au début nous n’étions pas très bien dirigés par le SAMU par rapport au virus, ce qui compliquait la stratégie à adopter avec l’ambulance. Maintenant nous avons des codes précis selon les interventions. » explique Eric qui est également chef d’agrès en ambulance et commande les opérations. Il détaille : « Le premier code, COVID19, est consacré aux cas suspectés qui ont par exemple de la toux et de la fièvre et présentent des risques en raison de leur santé. Le second, COVID19 DETRESSE VITALE, est consacré aux cas les plus graves qui nécessitent plus de précautions. Et le troisième est réservé aux autres interventions sans rapport avec le virus ». Quelle que soit la nature de l’intervention, les sapeurs-pompiers doivent être trois par ambulance.

En cas de COVID19, le conducteur est le seul à ne pas être en contact direct avec la victime. « Il doit rester dans le véhicule et sera chargé d’alerter le personnel soignant lorsque nous arriverons au CHU » précise Eric. « Je ne sais pas si en cas d’intervention pour le covid19 on peut dire que nous sommes en première ligne, mais nous aidons la première ligne », ajoute le sapeur-pompier avec humilité.

Lorsqu’il s’agit de cas graves « COVID DETRESSE », les sapeurs-pompiers sont également accompagnés par une équipe médicale du SAMU. Une fois arrivés au CHU, le corps médical de l’hôpital est chargé d’examiner la victime dans l’ambulance avant de l’introduire dans la structure. Pour Eric, le plus dur n’est pas la prise de risques, mais les doutes qui s’en suivent : «Parfois nous pouvons passer 48 h sans savoir si le malade que nous avions transféré au CHU était réellement porteur du virus. Les tests ne sont pas toujours faits. » Mais pour Eric qui s’attendait à voir le nombre d’interventions en raison de l’épidémie augmenter « notamment par hypocondrie », le bilan est plutôt surprenant : «En réalité les gens jouent plutôt bien le jeu. Et le SAMU opère une bonne sélection par téléphone. » 

Des mesures sanitaires strictes


Si les risques existent, l’adjudant précise qu’ils sont limités par les mesures sanitaires strictes appliquées dans les casernes : « Quelle que soit l’intervention qu’il s’agisse d’un cas suspecté du Covid19 ou d’une simple entorse, nous portons des lunettes et des gants, un masque filtrant pour nous protéger et faisons porter un masque chirurgical aux victimes ». Pour les cas avérés au COVID19, une désinfection intégrale du véhicule est organisée à la caserne ainsi qu’un lavage des vêtements à 60 degrés. « Il n’y a que pour les cas de détresse que nous portons une combinaison intégrale en plus et devons effectuer une première désinfection au CHU de Clermont-Ferrand ». En plus du protocole exigé, Eric évalue les signes avant-coureurs de la victime pour limiter la prise de risques sanitaires : « Si la victime n’a pas de difficulté à s’exprimer ou à respirer par exemple nous n’avons pas besoin d’utiliser du matériel d’urgence qu’il faudrait désinfecter par la suite. » Galvanisé par son devoir, le sapeur-pompier n’a pas le temps de se laisser envahir par les craintes : « Bien sûr que le risque 0 n’existe pas mais si nous devons l’avoir, alors, il faudra faire avec. Pour le moment nous prenons le plus de précaution possible, y compris à la caserne entre nous, même si c’est plus difficile. »

Un quotidien difficile à vivre….pour les familles


« La situation est plus difficile à vivre pour ma famille que pour moi-même. » Le pompier explique que sa femme et ses enfants confinés à la maison, sont inquiets pour lui. « Ils savent que je prends des risques, et je dois être vigilant lorsque je rentre chez moi pour ne pas les exposer. Même si nous sommes régulièrement suivis par un médecin à la caserne. » Alors pour éviter d’alimenter les craintes, il ne s’épanche que très peu sur son métier et se contente de raconter le stricte minimum à sa famille. « C’est marrant parce que c’est ma fille de onze ans qui pose le plus de questions. Alors j’essaie de la rassurer. Et puis en Auvergne nous avons de la chance, nous ne sommes pas les plus touchés ».
Le pompier explique que s’il devait faire un ratio,  les cas de « COVID19 Détresse vitale » ne représenteraient qu’une légère part de ses interventions journalières. « C’est plus compliqué pour ma famille de relativiser car ils sont confinés. Moi j’ai la chance un jour sur trois d’aller travailler et de retrouver mes collègues pour me changer les idées. Même si paradoxalement nous sommes plus exposés.» Il ajoute également qu’il alterne régulièrement ses missions et ne s’occupe pas seulement de l’ambulance. « Je peux être aussi affecté au fourgon pour les incendies par exemple, ou à l’échelle. Quand j’y repense à l’époque nous préférions prendre l’ambulance que le fourgon pour l’odeur de la fumée. Alors que maintenant c’est l’inverse. »,  ironise le pompier.

Travailleurs de l’ombre


 Essentiels pour contribuer à sauver des vies pendant l’épidémie, les pompiers ne sont cependant pas autant médiatisés que les soignants. Mais pour ce pompier très humble, le constat n’a rien d’étonnant : « Ce que nous faisons est normal. Ce n’est pas aussi dur que le métier que pratiquent les blouses blanches ! » Si le pompier ne cherche pas la reconnaissance des citoyens « ni un applaudissement chaque soir comme le méritent les soignants », il aimerait parfois un peu plus de considération de la part du gouvernement. « A chaque intervention du gouvernement, ma fille me demande pourquoi les pompiers ne sont pas cités dans le discours.» remarque Eric amusé. Mais pour le sapeur-pompier « ce n’est qu’un détail ». Passionné depuis 17 ans par son métier, si la situation venait à s’aggraver il n’hésiterait pas une seconde à augmenter son temps de travail. « Je suis disponible à n’importe quel moment de la journée. Mes enfants peuvent être gardés et je suis en bonne santé. C’est mon rôle et je l’assumerai jusqu’au bout »
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