Ils avaient disparu des radars, donnant des sueurs froides aux médecins. Mais depuis quelques jours les patients atteints de maladies autres que le coronavirus réapparaissent dans les cabinets du Puy-de-Dôme. Continuez à vous soigner, sans attendre et sans risque, quand vous en avez besoin !
 

Dans les cabinets médicaux, aux urgences des hôpitaux, chez les spécialistes, même question : où sont passés les patients ? Au début du confinement imposé pour limiter la diffusion du coronavirus,  les consultations ont brusquement chuté quand elles ne se sont tout simplement pas arrêtées… faute de patients.  « Je pense que les gens avaient peur soit de déranger soit d’être contaminés » explique le docteur Christophe Lack, médecin généraliste de SOS médecin dans le Puy-de-Dôme.  Aux urgences, le nombre de passage avait diminué de moitié au début du confinement. Les consultations de médecine générale et de traumatologie avaient quasiment disparu.  « Il y a moins d’accident de la vie courante, moins d’accident de la route, moins d’accident du travail » constatait alors le Dr Julien Raconnat, chef de services des urgences du CHU Gabriel Montpied.
  

 

Ne négligez pas le suivi de maladie chronique!

Le problème se pose pour les patients souffrant de maladie chronique qui nécessite un suivi bien précis ou les infections pas toujours si bénignes que ça. Plus d’un mois après le début du confinement, les patients renouent peu à peu avec leurs soignants. Les urgences de Clermont-Ferrand tournent autour de 70% de leur activité normale (hors patients Covid). « On revoit quelques patients pour  de la bobologie. Mais on voit surtout des patients d’autant plus malades qu’ils ont attendu pour consulter,» constate le Dr Raconnat.

Du côté de SOS Médecin aussi, le nombre de consultations repart à la hausse depuis une dizaine de jours, en particulier pour les patients atteints de maladie chronique. « Ce sont souvent des gens qui ont retardé ou délaissé leur suivi. Ca a des conséquences, souligne le Dr Lack. On se retrouve devant des pathologies qui ont eu le temps de se dégrader. Donc on est souvent devant des tableaux plus sévères avec des maladies cardiovasculaires, des pathologies ophtalmologiques… »
 

Reprise des consultations

Des patients qui retardent au maximum leur contact avec un médecin et qui semblent donc attendre de se retrouver dans une situation d’urgence. Dans les cabinets des médecins généralistes l’activité tourne toujours au ralenti même si « on a un petit retour de patients, un frémissement d’activité » estime le Professeur Didier Lemery, secrétaire général de l’Ordre des médecins du Puy-de-Dôme rappelant que l’activité des cabinets de médecine générale avait chuté de près de 70% au début du confinement.  « Il y a un peu plus de monde que ces dernières semaines. »

La situation est encore plus inquiétante chez les spécialistes où les patients ne se présentaient quasiment plus selon l’ordre des médecins du Puy-de-Dôme. « On a demandé aux spécialistes de ne prendre que les urgences, de se mettre en réserve aussi… mais on pense que ça va reprendre doucement. »
Les cabinets de spécialistes se sont pour la plupart réorganisés depuis la mi-avril pour accueillir à nouveau leurs patients et assurer les consultations de suivi. De même au CHU de Clermont-Ferrand, les consultations non-urgentes  sont en train d’être planifiées dans les différents services en présentiel ou en téléconsultation.  « Nous invitons la population à ne pas reporter sa venue à l’hôpital. Le CHU a pris toutes les mesures nécessaires pour accueillir les patients dans les meilleures conditions. Il est important que chacun puisse continuer à bénéficier de soins afin d’éviter l’aggravation possible de la maladie, et particulièrement pour les patients suivis pour une maladie chronique » insiste le Pr Henri Laurichesse, chef du service des maladies infectieuses et Président de la Commission Médicale de l’Etablissement.

Le CHU a pris des mesures strictes permettant de respecter les gestes barrière : port du masque obligatoire à l’entrée de l’hôpital, gel hydroalcoolique à disposition, pas d’accompagnant, moins de siège dans les salles d’attente…
 

Continuez à vacciner les enfants

Chez les pédiatres, le nombre de consultations a été divisé par deux. Mais les consultations de suivi des enfants de moins de deux ans continuent à être assurées, notamment les rendez-vous pour les vaccins. « C’est important ! Même pendant le confinement, les parents peuvent être porteurs de bactéries et les bébés peuvent développer une pathologie s’ils ne sont pas vaccinés » martèle, le Dr Anne Piollet, secrétaire générale du syndicat national des pédiatres.  Afin de respecter le calendrier vaccinal, tous les cabinets de pédiatre se sont organisés depuis le début du confinement pour assurer ces rendez-vous essentiels. « Depuis mi-avril, on a également repris les visites des bébés de 3 mois, 6 mois, 9 mois parce que ce sont des consultations importantes pour surveiller la croissance et l’éveil du bébé. On a repris également la consultation des 2 ans » précise encore le Dr Piollet.

Dans ce contexte, l’assurance maladie a adressé des recommandations aux jeunes parents, les encourageant à ne pas négliger les examens médicaux de leurs enfants. « Dans le contexte de l'épidémie de COVID-19, il est essentiel de maintenir le suivi médical de votre enfant et de réaliser l'ensemble de ses vaccinations obligatoires. Contactez votre médecin pour définir les conditions de réalisation de ces examens et vaccinations en période de confinement » peut-on lire sur le courrier adressé par la CPAM aux familles. 

De même, il est impératif de poursuivre les consultations dans le cadre d’une maladie chronique. Le Dr Piollet redoute « de voir des comorbidités chez les enfants qui ont une pathologie chronique. Les enfants peuvent se dérégler, que ce soit de l’asthme, du diabète par exemple… il ne faut pas avoir peur de consulter. On a peur de trouver ensuite des pathologies qui vont réapparaitre parce que les enfants ne sont pas venus en cabinet. »  
 

Ne prenez pas de risque pour votre santé !

Renoncer à consulter, c’est prendre le risque d’un retard de diagnostic, de complications et de perte de chances pour les patients. Le Dr Raconnat, chef des urgences du CHU de Clermont-Ferrand explique : « Il y a un certain nombre de motifs de consultation qu’il ne faut pas retarder parce qu’ils sont accompagnés d’une mortalité ou de complication qui sont beaucoup plus importante que le Covid ! » Les médecins conseillent d’être vigilant sur les signes d’alerte, en cas de symptômes évocateurs d’une urgence vitale comme des douleurs thoraciques ou des signes neurologiques évocateurs d’un AVC. Ils redoutent de ne pas voir arriver jusqu’à eux les patients atteints de pathologies cardiovasculaires (infarctus), thromboembolique (phlébite) ou encore neurologique (AVC).

Même la fièvre n’est pas à prendre à la légère ! Elle n’est pas que le signe d’un possible coronavirus. « On voit des patients dans des états infectieux avancés… avec des infections qui n’ont pas été prise en charge assez tôt »  constate le Dr Lack de SOS médecin 63.  La fièvre si elle est bel et bien un symptôme du Covid 19, l’est aussi pour la plupart des infections contre lesquelles le corps se défend. « Il y a des malades qui attendent sagement à la maison que le Covid passe alors qu’ils n’ont jamais eu le Covid et que le motif de la fièvre est différent et mériterait d’être pris en charge » estime le Dr Raconnat.
 
Non, vous ne dérangerez pas et non, vous n’attraperez pas le Covid en allant chez le médecin. Toute la chaîne des soins a été repensée et réorganisée afin que les patients Covid et les autres ne soient pas mélangés. Chez les médecins de ville, les horaires de consultation des uns et des autres ont pu être réaménagés, les salles d’attente dédoublées, des centres de consultation spécialement pour le Covid ouverts… dans les hôpitaux, les urgences ont mis en place un double flux d’accueil des patients.
Le téléphone est plus que jamais votre meilleur conseiller ! N’hésitez pas à appeler votre médecin avant de vous déplacer. Il vous donnera la marche à suivre et pourra également vous proposer une téléconsultation. Et puis le centre 15 est plus que jamais au cœur du dispositif d’urgence. « Une fois qu’on a fait valider le motif de la venue par le Samu, il ne faut pas hésiter à venir aux urgences. On est organisé pour recevoir tout le monde. Et on préfère voir les patients qui en ont besoin ! » Conclue le Dr Raconnat.
 
 
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