Coups de feu avenue Charras à Clermont-Ferrand : les complices condamnés, les auteurs toujours pas identifiés

Condamné mercredi à 3 ans d'emprisonnement pour complicité de violence avec arme par le tribunal correctionnel, Joe Lopes est reparti en détention. Comme 4 autres membres de son clan, il a donc été reconnu coupable d'avoir été mêlé à une fusillade avenue Charras à Clermont-Ferrand.

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 « C’est un scandale juridique, nous allons faire appel de cette décision ». Alors que les membres de la famille des accusés, venus en nombre au tribunal, criaient à l’injustice, c’est avec ces mots que maître Jean-François Canis a quitté l’audience correctionnelle mercredi dans la soirée à Clermont-Ferrand. Une audience où son client, Christophe Lopes, dit Joe, venait d’être condamné à quatre ans de prison, dont un avec sursis, pour complicité de violence avec usage et menace d’une arme.

Les faits remontent au 1er novembre 2015. Après une succession d’épisodes d'une violence extrême entre la communauté des gens du voyage, les jeunes des quartiers nord et les forains, installés avenue Ernest-Crystal à Clermont-Ferrand le temps de la fête foraine d’automne (à lire ici), des coups de feu ont été tirés sur plusieurs commerces de l'avenue Charras, dans le quartier de la gare, certainement en raison de connexions qui existeraient entre ces commerces et les jeunes des quartiers nord. Une expédition punitive pour laquelle Joe Lopes a été mis en examen en qualité de complice, tout comme quatre autres membres de son clan poursuivis pour les mêmes chefs d’accusation, après avoir été longtemps soupçonnés d’entre être les auteurs, auteurs qui à ce jour n’ont toujours pas retrouvés.

Si maître Canis crie au « scandale juridique », c’est que, pour lui, les accusations portées à ses clients sont fondées sur des « interprétations de preuve ».

L’interprétation de preuve doit être un complément de preuve, ce n'est en aucun cas une preuve. Preuve qui doit être absolue, et dans cette affaire elle ne l’est pas.


Comme Maitre Mohamed Khanifar, avocat de deux des autres accusés, il a mis à mal un à un les éléments utilisés à charge dans le dossier.  Le bornage des téléphones à proximité des lieux ? Encore fallait-il qu’ils soient dans les mains de leur propriétaire. Les conversations, enregistrées dans le cadre d’écoutes téléphoniques liées à une autre affaire ? Elles ne prouvent rien. Et de rappeler qu’aucune des armes saisies lors des perquisitions au domicile des accusés n’a été utilisée lors de cette fusillade.

Faisceau d'indices suffisant 


Lors de son réquisitoire, s’il a déploré le fait que dans ce dossier il n’y ait ni empreinte, ni ADN, Eric Maillaud, le procureur de la République, avait pourtant indiqué quelques instants plus tôt à la Cour qu’un faisceau d’indices pouvait suffire pour entrer en voie de condamnation. Un faisceau d’indices suffisant selon lui pour demander des peines de deux ans à quatre ans ferme pour les cinq accusés qui encourraient dix ans, jugeant intolérable qu’on puisse se faire justice soi-même. Et de souligner les nombreux mensonges des accusés et les incohérences de certains de leurs propos.

Des arguments entendus par la Cour puisque les cinq prévenus ont été reconnus coupables d'avoir été les complices des auteurs des faits  commis avenue Charras, auteurs qui restent aujourd'hui encore non identifiés. Alors que tous ont toujours nié une quelconque participation dans cette affaire, trois d'entre eux ont écoppé de peine de sursis, 18 mois et 3 ans ferme pour les deux autres . 

Dans le cadre de  l’affaire du Luna Park et l’attaque du campement de la famille Lopes, la police n’a pour l’heure procédé à aucune interpellation.






Mais que fait la police ?
Au cours de l'audience, la police a été plusieurs fois montré du doigt par les différentes parties, qui ont toutes souligné qu'elle ne s'était pas déplacée alors qu'elle avait été appelée à plusieurs reprises par les membres de la famille Lopez, pris de panique lors de l'attaque de leur campement.

« Une défaillance inadmissible due au manque de moyen de la police » pour maitre Khanifar, mais  qu’a aussi déplorée le procureur de la République qui a souligné qu’il n’était pas normal que les enquêteurs soient arrivés sur les lieux de cette violente aggression deux jours plus tard.

« Je suis le premier à ne pas comprendre et à le regretter. Il aurait été souhaitable que les forces de l’ordre se rendent disponibles au plus vite pour apaiser la situation mais aussi pour commencer à enquêter, et notamment trouver les armes. Je ne suis pas surpris que deux jours après, on n’ait rien retrouvé».

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