Les parents d'élèves de cette petite école du Puy-de-Dôme ont-ils voulu remettre un bonnet d'âne à l'Education nationale ? Comme il manquait 3 élèves pour éviter la fermeture d'une classe, ils ont fait venir 3 ânes dans la cour de récréation. Une image insolite, symbole de leur détresse.
"Nos enfants ne sont pas des numéros, école rurale = vie du village", "pas d’économie sur l’avenir de nos enfants", "pas touche à ma maîtresse"… Ce matin, devant l’école de Châteldon (Puy-de-Dôme), les parents d’élèves ont décidé de se faire entendre. Pour cela, ils sont allés jusqu’à apporter trois ânes pour compléter l’effectif et compenser l’absence des trois élèves nécessaires pour pouvoir garder trois classes l’an prochain.
Mais sans l’inscription de trois vrais enfants, l’école est condamnée à perdre une enseignante. "Ça nous inquiète beaucoup, car là, nous avons trois classes avec trois ou quatre niveaux par classe. Si on a une fermeture de classe, on va se retrouver avec deux classes de 25 élèves avec quatre niveaux par classe, notamment les maternelles avec les CP. Donc pour apprendre à lire, ce n’est quand même pas l’idéal d’avoir une quinzaine de maternelles qui tournent autour des CP", livre Kévin Romeuf, parent d'élèves.
"Le seul moyen pour nous de nous faire entendre, c’est de faire un peu de bruit"
Une fermeture d’autant plus difficile à avaler que les calculs du rectorat ne seraient pas corrects. L’école pourrait bien réussir à accueillir une cinquantaine d’enfants d’ici le mois de septembre, seuil à atteindre pour conserver cette troisième classe. "Ils ont annoncé une fermeture de classe sur une base d’effectif qui est fausse, qui a été rectifiée. C’est le seul moyen que nous ayons pour nous faire entendre. On a fait remonter les changements d’effectifs, ça n’a pas été pris en compte, les négociations avec les syndicats n’ont rien donné, donc le seul moyen pour nous de nous faire entendre, c’est de faire un peu de bruit", souligne Aude Vilcot, une autre parent d'élève.
"On est en déconnexion complète avec les engagements de la municipalité : 400 000 euros de travaux dans l’école qui est derrière moi. On est même en totale contradiction avec les annonces de l’ex-Première ministre, Élisabeth Borne, concernant les écoles en milieu rural, qui annoncait en mars dernier, qu’il y aurait une concertation, une anticipation et même une projection sur plusieurs années", soulève Tony Bernard, maire de Châteldon (LFI).
Les parents d’élèves menacent de bloquer l’école toute la semaine si l’Éducation nationale reste sourde à leur détresse.