ENTRETIEN. "À travers mon art, je suis une militante sans armes" Sandrine Plante, artiste engagée, raconte l'Afrique à travers ses sculptures

Fruit d’un métissage entre la Réunion et l’Auvergne, Sandrine Plante est une artiste engagée. Du 4 avril au 10 juin, son exposition "Vies volées, Vies rêvées" qui retrace l’Histoire de l’Afrique a lieu à Clermont-Ferrand. Un travail de mémoire pour "ne pas oublier et ne pas reproduire le passé".

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Sandrine Plante revient dans sa ville natale de Clermont-Ferrand. Cette ‘sculpteur’ de renommée internationale revient sur ses terres pour y raconter l’histoire de l’Afrique, berceau de l’humanité, à travers une exposition. Sculpteur au masculin car, lorsqu’elle donne vie à ses bustes figuratifs à taille humaine, elle exprime, selon elle, sa "part de masculinité". 

Question : Pourquoi avoir appelé votre exposition “Vies volées, vies rêvées” ? 

Je l’ai appelée “vies volées”, d’une part, pour raconter toutes ces vies volées à leur terre mère. Et “vies rêvées” car toutes mes créations me viennent en rêve. Je n’ai ni modèle, ni dessins comme base pour mes œuvres.  C’est l’étoffe de mes rêves enrichis de mes multiples lectures et voyages qui me servent de matière première. 

Question : Pourquoi vouloir raconter l’Afrique et l’esclavage ? 

Je ne cherche pas à faire le beau mais à raconter des choses que souvent on veut taire ou bien tabou. C’est en m’intéressant à mon histoire personnelle que j’ai voulu traiter ce sujet.  Après m’être beaucoup documentée, j’ai décidé de consacrer ma vie à défendre les opprimés. La période de l’esclavage est un pan de l’Histoire qui a été perdu parce que l’on sait que toutes les personnes réduites en esclavage perdaient leurs noms, leurs identités, etc... Moi, je souhaite qu’on ne les oublie jamais.

À travers mon art, je suis une militante sans armes. Je raconte ce qu’il se passait hier et ce qu’il se passe malheureusement encore aujourd’hui. 

Sandrine Plante

Sculpteur

Question : Ce sujet qu’est l’esclavage fait encore écho aujourd’hui pour vous ? 

Oui, parce que du colonialisme a découlé le racisme. Et le racisme est encore d’actualité… en 2023. L’esclavage et le colonialisme sont des sujets douloureux encore aujourd’hui. Ce sont des événements pas si lointains que cela dans l’Histoire de l’humanité. Voire même n’ont jamais cessé. L’esclavage d’hier est encore l’esclavage d’aujourd’hui, sous des formes différentes ou pire sous la même forme dans certaines parties du monde. En Libye, il y a encore des gens qui sont vendus comme de simples poulets. En tant que femme, à mon époque, dans mon pays, je peux et je dois dénoncer encore ces choses-là, et je continuerai à le faire tant qu’il le faudra. 

Question : Retracer l’histoire de l’Afrique, c’était aussi un moyen de retracer votre histoire personnelle ? 

À la Réunion où une partie de ma famille est originaire, on parle peu de l’histoire de l’esclavage. Voire même, on est fiers que, petit à petit, les peaux soient de moins en moins noires. En faisant ce travail, mon but n’est pas de raconter l’horreur mais de rappeler la liberté qu’on a et que d’autres n’ont pas forcément. J’avais besoin de connaître mon identité parce que savoir d'où l'on vient permet de mieux savoir qui on est. Il faut que cette jeunesse connaisse son Histoire et questionne leurs familles. Je le fais donc pour moi, mais aussi pour les jeunes générations.

Question : Qu’espérez-vous à travers cette exposition ? 

Je souhaite que le public ne ressorte pas indifférent de cette exposition. Récemment, lors d’un vernissage, où j’ai pu exposer les sculptures de ces hommes et de ces femmes de taille humaine, une grande partie de la salle a pleuré. Ce que je sculpte et comment je le sculpte ne laisse pas indifférent et c’est cela mon but. 

L’exposition est ouverte au public jusqu’au 10 juin. Les 7 et 9 juin, Sandrine Plante sera présente à Clermont-Ferrand  pour des moments de rencontres où elle sculptera face au public. Pour plus d'informations sur l'exposition, cliquez ici

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