Fabien Harel, le peintre qui observait les vaches

Les 88 000 visiteurs du Sommet de l'élevage les ont forcément vus, ces taureaux exposés dans le Hall d'accueil de la Grande Halle. Des dessins sur papier de 2,40 m sur 2 m, pleins d'énergie et de puissance, représentant l'animal roi de ce salon. Rencontre avec leur créateur, Fabien Harel.

Ils viennent du Sud, ces taureaux exposés dans le Hall d'accueil de la grande Halle. Pour tout visiteur qui rentre ici, il suffit de lever un peu le regard pour être frappé par leur majesté, leur élégance, et surtout leur puissance. Une énergie que le dessin fige, mais qui retranscrit à merveille la chorégraphie et le combat de la tauromachie. Et lorsqu'on en parle à leur créateur, le clermontois Fabien Harel, il reconnaît avec un large sourire que oui, ces taureaux ne viennent pas d'Auvergne. On le lui a assez demandé.

"J’ai fait beaucoup d’expositions dans le Sud,

où ils m’ont demandé de travailler sur le taureau avec un langage lié à la tauromachie. Moi, j’avais déjà travaillé sur le taureau et les vaches. Et quand je suis venu pour l’exposition, je suis arrivé avec énormément de dessins. Mais il fallait vraiment qu’ils puissent reconnaître le langage de la tauromachie, la gestuelle du taureau. Donc, il y a beaucoup de taureaux qui ont été évacués. Ils m’ont dit, écoutez, vos taureaux qui viennent d’Auvergne et vos vaches, on n’en veut pas, vous pouvez repartir avec. Nous, on va garder ceux-là."

Nous, nous nous sommes demandé ce qui différenciait à ce point le taureau du Sud de l'auvergnat. Il faut dire qu'on ne s'était jamais posé la question. Dans la bouche du dessinateur, la réponse est pourtant évidente. "Ca ne se déplace pas pareil ! Quand je dessinais des vaches en Auvergne, j’allais dans les champs. Là-bas, elles n’ont pas peur, elles ne sont pas en colère, elles ne se retournent pas violemment, elles n’ont pas de gesticulation à outrance. Elles sont calmes …" Tout simplement.

Ici, pour voir des vaches calmes, mieux vaut aller dans les champs. Les taureaux qui trônent au-dessus de nos têtessont tout ce qu'il y a de plus fougueux. Et effectivement, cela se voit dans leurs mouvements. Mais aussi, et peut-être surtout, dans leurs yeux. Pour les visiteurs qui passent sans forcément s'attarder, pressés de se rendre sur un stand ou un autre, le détail subtil, peut-être un peu trop. Mais pour le curieux, un peu plus patient, l'observation est édifiante. Et l'émotion palpable.

"J’étais invité à faire une exposition en Corrèze dansune église, et j’étais accompagné d’un photographe qui est resté en résidence pour prendre des photos de vaches la nuit. Il a passé beaucoup de temps avec les animaux mais aussi avec les paysans, qui lui ont raconté beaucoup d’histoires. Et un jour, un paysan est venu voir l’expo, et il est resté environ 3/4 d’heure avec moi à regarder essentiellement les yeux des animaux. Et il m’a parlé des yeux, de leur attitude, de leurs émotions. Il m’a dit que tout passait par là. C’était vachement intéressant, parce qu’il avait une façon de parler très simple, mais très poétique en même temps, et bourrée de chaleur. Lui, il s’est mis à me parler de ses vaches, parce qu’il était habitué à ses vaches, et qu’elles toutes leur histoire, qui est extraordinaire, pour des vaches. Et il transposait ces émotions dans mes dessins. Lui, il était dans sa ferme, et il n’allait jamais voir d’expositions. Il m’avait d’ailleurs prévenu qu’il ne viendrait sans doute pas. Sauf qu’il est venu, un matin où il savait qu’il n’y aurait personne, justement pour avoir cet échange, assez intime. Et ça, c’était beau ! C’est aussi pour ça qu’on fait des expositions, pour toucher ce genre d’émotions."


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