Face à un serpent : voici ce qu'il faut faire et ne surtout pas faire

Avec les beaux jours et la chaleur, il peut arriver de se retrouver nez à nez avec un serpent. Mais alors quelle attitude adopter ? Si vous en croisez un, on vous explique ce qu'il faut faire et ne surtout pas faire face à cet animal indispensable à la biodiversité.

Article publié le 29/05/2023

Ils font leur retour dans les jardins et les sentiers de promenades : discrets, les serpents sont pourtant bien présents et il faut faire attention, autant pour préserver l’animal que pour notre propre sécurité. En Auvergne, on trouve des vipères et des couleuvres, selon le spécialiste de l’observatoire des reptiles d’Auvergne Samuel Gagnier : “On a 2 types de vipères et 6 sortes de couleuvres. On a la vipère aspic, la plus répandue, qui est plutôt en plaine, jusqu’à 900 mètres à peu près ou 1000 mètres, ça dépend des endroits. Ensuite, on la vipère péliade, qui vit plutôt dans les montagnes et qu’on trouve au-dessus de cette ligne. Dans les couleuvres plus communes, on a la couleuvre vipérine, la couleuvre helvétique, la couleuvre verte et jaune, la couleuvre d’esculape, la coronelle lisse et la coronelle girondine.“  

Comment reconnaître le type de serpent 

Il y a 2 critères pour savoir si l’on a affaire à une couleuvre ou une vipère, explique Samuel Gagnier : “Il y a l'œil. Les couleuvres ont la pupille ronde et les vipères ont la pupille fendue verticalement, comme les yeux de chat. Il y a un autre critère, les écailles de la tête. Les couleuvres ont de très grosses écailles sur la tête, bien visibles, qui sont très différentes du reste du corps, alors que les écailles de la tête des vipères sont quasiment les mêmes écailles que celles du reste du corps.” Pour reconnaître un serpent croisé dans la nature sans vous en approcher, servez-vous du zoom de votre smartphone si vous en possédez un.  

Où peut-on croiser un serpent ? 

Selon Samuel Gagnier, on trouve les vipères et les couleuvres en lisière de muret, le long des haies, “à l'interface d’endroits où elles peuvent s'exposer et où elles peuvent se cacher facilement en cas de prédation. Globalement, elles préfèrent fuir plutôt qu’attaquer. Leurs premières stratégies sont soit la fuite, soit ne pas bouger pour ne pas se faire détecter, donc elles sont plutôt sur des milieux qui sont mi-soleil, mi-ombre.”  

Ne pas s’approcher  

Les serpents sont des créatures craintives. Pour Samuel Gagnier, le meilleur moyen de rester en sécurité et d’éviter la morsure est de rester à bonne distance et surtout, de garder son calme : “Si on en voit dans la nature, sur les chemins de randonnée, le long des murs, surtout, ça ne sert à rien de paniquer. La plupart du temps, on est surpris donc on fait un bond en arrière mais globalement, on le laisse passer. On reste à deux mètres du serpent et il va tracer sa route. Il ne va pas s'occuper de nous. C’est quand on va chercher à s'approcher ou qu'on va commencer à le regarder d’un peu près qu’il va se sentir un peu agressé. Il va se mettre sur la défensive et va se mettre en boule. C’est juste parce qu'on est trop près, qu'il a peur de nous et qu'il va vouloir se défendre si on s'approche plus. Le tout, c'est de reculer, le laisser se calmer. Ensuite, il va s'en aller tranquillement.”  

Le réveiller en restant à distance 

Si le serpent dort, sur un mur de pierre par exemple, et qu’il ne bouge pas, il vaut mieux le réveiller pour le faire fuir : “Dans ce cas-là, on tape du pied ou avec un bâton sur le sol. Les vibrations vont le réveiller et il va fuir. Les serpents sont sourds. On peut chanter, ça ne sert à rien, par contre ils sentent très bien les vibrations”, explique Samuel Gagnier.  

Faut-il craindre une morsure ? 

Les vipères sont venimeuses, elles produisent du venin. En revanche, les couleuvres n’ont pas de venin. “Les vipères ont un venin qui peut être mortel mais on a le temps de se faire soigner”, rassure Samuel Gagnier. “Il n’y a plus de mortalité par des morsures de serpent depuis longtemps mais attention, je répète que la morsure de vipère est venimeuse. Il faut appeler les pompiers et aller aux urgences, il ne faut pas se dire que ça va passer. Les vipères peuvent aussi mordre, mais sans injecter de venin. Elles l'économisent, elles s'en servent plutôt pour chasser.” Selon l’Assurance Maladie, 369 cas de morsures par des serpents terrestres ont été rapportés aux centres anti-poison en 2016 en France. Parmi les 369 cas, 61 % étaient dus à une vipère et 8 % à une couleuvre ; les cas restants étaient liés à un serpent non précisé.  

La procédure en cas de morsure 

Si malgré nos précautions, un serpent nous mord, voici ce qu’il ne faut surtout pas faire : “Il ne faut pas s'affoler, ne pas inciser, ne pas essayer d'aspirer avec sa bouche. Il ne sert à rien de brûler non plus, le venin n’est pas thermosensible. Le venin est intraderme, il est sous la peau, il part très vite. L'aspi venin, ça ne marche pas. Il ne faut pas faire de garrot non plus. Ce sont des gestes qu'il ne faut pas faire”, alerte Samuel Gagnier. Alors, que faire ? “Il faut simplement rester calme, rejoindre sa voiture ou appeler les pompiers et rester assis ou allongé. On peut se faire accompagner si on a du monde à côté de nous, aller aux urgences et puis se faire prendre en charge. Cela se passe très bien et, globalement, moins de 24 heures après, vous êtes ressorti.”  

Dans le détail, voici ce qu’il faut faire et ne pas faire, comme indiqué par l’Assurance Maladie : 

Appelez les urgences en faisant le 15 ou le 112 depuis un téléphone fixe ou un téléphone mobile et suivez les conseils suivants : 

  • en attendant les secours, restez calme, rassurez la victime et son entourage. En effet, en dehors du choc anaphylactique dû à une allergie au venin de serpent, il faut plusieurs heures pour que les symptômes soient au plus fort ; 
  • placez la victime au repos, l'agitation favorise la diffusion du venin de serpent et mettez-la en position latérale de sécurité (sur le côté, la tête légèrement plus basse que le corps) en cas de perte de connaissance ; 
  • ôtez les bagues, les montres, les chaussures et tout ce qui peut serrer la zone mordue car celle-ci va se mettre à gonfler ; 
  • si possible, désinfectez la plaie avec un antiseptique et immobilisez le membre mordu pour ralentir la propagation du venin dans l’organisme ; 
  • en cas de douleur, utilisez uniquement le paracétamol. Attention ne donnez pas d'anti-inflammatoire, ni d'aspirine qui augmentent le risque de saignement ; 
  • essayez de mémoriser l’aspect du serpent (sa taille, sa couleur, la forme de sa tête) mais ne cherchez pas à l’attraper. 

Certaines conduites sont dangereuses, bannissez-les. Ainsi : 

  • ne posez pas de garrot : l’utilisation d’une ceinture, de ficelle ou équivalents peut causer de graves lésions du membre mordu ; 
  • ne faites pas de bandage compressif ; 
  • ne posez pas de glace, ni de pommade….sur la morsure de serpent ; 
  • ne sucez pas la plaie, ne l'incisez pas et ne la comprimez pas ; 
  • n’injectez aucune substance. L'utilisation des kits anti-venins est inefficace et retarde souvent la prise en charge ; 
  • ne donnez pas d’alcool au blessé ; 
  • ne quittez pas la personne mordue jusqu'à la prise en charge médicale. 

Un reptile en danger 

Même si le serpent peut parfois faire peur, il est indispensable à la biodiversité et la conservation des milieux naturels. Samuel Gagnier insiste, il faut protéger les serpents : “Ils font partie du maillon de la chaîne des écosystèmes. Ils font partie des prédateurs des micromammifères, tout ce qui est campagnol, rat taupier... Ils font vraiment partie de l'écosystème de nos paysages bocagers, semi forestiers et prairials. Il faut essayer de conserver les corridors écologiques, les vieux murs en pierre, les vieilles haies, les arbustes sur les pâtures, les herbes folles... Comme le reste de la biodiversité, malheureusement, ces espèces sont quasiment toutes en déclin, plus ou moins prononcé. On peut constater les régressions dans les endroits où on en voyait avant et où on n’en voit plus. C'est lié aux fragmentations d'habitat, essentiellement, ainsi qu’un peu de mortalité sur la route et de la destruction directe, parce que les gens en ont peur, évidemment.” La vipère péliade par exemple, est classée espèce vulnérable sur les listes rouges, en voie d'extinction proche.  

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