Grève du 14 novembre à l’hôpital de Clermont-Ferrand : un médecin en appelle à la mobilisation des usagers

Mardi 29 octobre, à Clermont-Ferrand, une assemblée générale de médecins du CHU s’est tenue. Elle vise à préparer un mouvement de grève national le 14 novembre prochain.
 

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Le professeur Michel Canis est chirurgien-gynécologue au CHU de Clermont-Ferrand. Il y a un an, il démissionnait de son poste de chef de service pour dénoncer les dérives financières du pilotage des activités. Aujourd’hui, il prépare avec d’autres médecins un mouvement de grève national le 14 novembre. Il en appelle à la mobilisation des usagers de l’hôpital. Il a répondu à nos questions.

Que s’est-il dit lors de l’assemblée générale du 29 octobre ?
Michel Canis : « Il n’y avait pas de collectif inter-hospitalier à Clermont-Ferrand. Cela a été un peu long à se mettre en place. Mardi on a fait la première réunion des médecins et on a réuni un peu plus d’une centaine de médecins, ce qui est pas mal pour une semaine de vacances. L’objectif était de savoir comment se situer par rapport au collectif inter-hospitalier national, créé le 10 octobre à Paris. Ce collectif vise à défendre l’hôpital public, qui est exsangue, en réunissant à la fois les médecins et les personnels médicaux, paramédicaux et tous les gens qui interviennent à l’hôpital. Pendant cette assemblée générale à Clermont-Ferrand, les gens sont venus et c’est déjà un premier message. Les médecins ont envie de s'impliquer. On a décidé de s’associer au mouvement national qui aura lieu le 14 novembre. C’est un mouvement de grève des soins non urgents. Il y aura arrêt de tout ce qui peut être arrêté pendant 24 heures. En plus de cela on va essayer d’organiser un événement extérieur, qui serait une chaîne humaine, pour faire un geste un peu spectaculaire en dehors de l’hôpital. Cette chaîne humaine se ferait soit autour des hôpitaux, soit d’un hôpital à l’autre à Clermont-Ferrand. Cela demande pas mal de monde et pour cela on souhaiterait impliquer les gens qui viennent à l’hôpital, les usagers, parce que c’est leur hôpital que l’on défend. C’est aussi pour eux que l’on fait tout ça ».

Quel sera le mot d’ordre du 14 novembre ?
Michel Canis : « Pour le moment, il y a les revendications du collectif inter-hospitalier. Il s’agit d’une revalorisation salariale pour tous les personnels mais surtout pour les personnels paramédicaux, car ils sont en difficulté. A Clermont-Ferrand, c’est peut-être un peu moins net mais dans les grandes villes et à Paris en particulier, le salaire d’une infirmière ne permet pas de vivre dans de bonnes conditions. A Clermont-Ferrand, ce n’est pas facile non plus. L’assemblée générale a clairement dit que cette revalorisation salariale devrait viser les personnels non médicaux, qui sont beaucoup plus en difficulté. Ensuite on voudrait une revalorisation de la dotation générale de l’hôpital public. Le budget de la sécurité sociale a été voté mardi dernier, à 2,1% de revalorisation pour l’hôpital alors que la croissance des dépenses est estimée aux alentours de 4%, voire même un peu plus. Le matin-même de cette revalorisation, l’Elysée a dit qu’elle ne serait pas suffisante et qu’elle serait augmentée lorsque le budget de la sécurité sociale reviendrait à l’Assemblée Nationale le 28 novembre. Même les plus hautes instances de ce pays ont l’air de penser que l’on a un peu raison de dire que ce que l’on donne à l’hôpital public n’est pas suffisant. On voudrait aussi plus de place pour les médecins dans la gouvernance de l’hôpital. C’est en gros un retour sur ce qui a été mis en place au moment de la loi HPST car cette loi a beaucoup contribué à exclure le médecin de la gouvernance hospitalière. Les décisions sont prises sur des contraintes administratives et financières sans toujours tenir compte des contraintes médicales ou de l’intérêt des patients. Cela ne nous semble pas acceptable sur le long terme ».

Quel est l’état d’esprit des médecins qui étaient à l’assemblée générale ?
Michel Canis : « Globalement, ce sont des gens motivés. Ils ont envie de continuer à travailler dans le service public. Ils ont envie de défendre le service public. Mais pour certains, ils ne sont pas très loin de perdre leurs illusions, perdre foi dans le fait que l’on peut éventuellement changer les choses. Il y a une espèce de double langage ou de double position : on a très envie de faire des choses et on a un peu l’impression aussi, on a tellement été découragé au cours des années, que quoi que l’on dise ou fasse, on ne nous écoute pas et que la mécanique est en marche, elle ne tient pas compte de nos avis. Je crois que les gens sont remobilisés et capables d’être actifs ».

Il y a un an, vous tiriez la sonnette d’alarme en démissionnant de vos fonctions de chef de service. La situation s’est-elle encore dégradée en un an ?
Michel Canis : « Je dirais que la situation se dégrade petit à petit. C’est extrêmement graduel comme dégradation. C’est très lent, mais progressivement les moyens sont réduits. Il est assez étonnant d’entendre que le gouvernement pense qu’il ne faut pas réduire le nombre de fonctionnaires dans l’hôpital public. Mais en même temps on diminue la dotation de l’hôpital public par rapport à l’augmentation de ses dépenses. On sait aussi que le principal poste budgétaire de l’hôpital public concerne les salaires. Donc diminuer la dotation financière signifie à terme obliger les directeurs d’hôpitaux à rogner sur les salaires. On ne peut pas rogner sur les salaires autrement qu’en réduisant le nombre d’emplois dans l’hôpital public. Par conséquent, on dit quelque chose et en pratique on oblige les directeurs à faire le contraire ».

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