L'observatoire météorologique du puy de Dôme : des scientifiques la tête dans les nuages

Voici 5 choses que vous ne savez peut-être pas sur l’observatoire météorologique du puy de Dôme.

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Article publié le 23/03/2021

Avec son antenne emblématique, l’observatoire météorologique surplombe l’Auvergne depuis le sommet du puy de Dôme. Chercheurs, personnels techniques, étudiants, une trentaine de personnes travaillent tous les jours dans ces locaux, gérés par l’observatoire de physique du globe de Clermont-Ferrand. Pour beaucoup, il fait partie de la vie quotidienne et on l’aperçoit au loin, sans vraiment y prêter attention. Jean-Luc Baray, responsable de la station, nous fait découvrir ou redécouvrir l’observatoire à travers 5 faits marquants.  

1° Il s’agit du premier observatoire météorologique de montagne de France

Le sommet du puy de Dôme est un observatoire historique de météorologie : « On peut remonter jusqu’à l’expérience de Blaise Pascal, où il avait démontré la réalité de la pression atmosphérique avec son beau-frère Florin Périer. Au XVIIe siècle, on faisait déjà des expériences sur l’atmosphère sur le puy de Dôme », explique Jean-Luc Baray. S’en est suivi un passage à vide, puis, à la fin du XIXe siècle, un professeur d’université de Clermont-Ferrand, Emile Alluard, a fondé l’observatoire météorologique de montagne que l’on connaît : « Ca a été compliqué pour lui. Il a dû convaincre les personnes haut placées à Paris que c’était faisable de faire un observatoire de montagne. C’est comme cela qu’il a créé le premier observatoire de montagne en France et c’était au sommet du puy de Dôme », raconte Jean-Luc Baray. Il a fallu ensuite attendre la fin des années 1990 pour voir naître un observatoire moderne avec du matériel de pointe en microphysique des nuages.

2° Des recherches controversées pour modifier l’atmosphère y ont été menées

Dans les années 1970, des chercheurs de Clermont-Ferrand travaillaient sur l’ensemencement de nuages : « C’est le fait de créer artificiellement des nuages. Ce n’est pas lié directement au puy de Dôme mais des recherches ont été faites là-dessus. C’est assez controversé comme recherches parce qu’on modifie l’état de l’atmosphère de façon artificielle et ça peut avoir des conséquences inattendues au départ. Ce sont des choses qui ont été plus ou moins arrêtées », précise Jean-Luc Baray. D’autres résultats moins controversés mais tout aussi importants ont été obtenus grâce à des données de l’observatoire : « Il y a eu différentes caractérisations des nuages, des aérosols, de la composition de l’air qui ont été faites depuis le sommet du puy de Dôme », ajoute Jean-Luc Baray.

3° On y a observé le passage du nuage radioactif de Fukushima

Les mesures prises au sommet du puy de Dôme ne s’arrêtent pas à la météo : « Il y a des mesures de radionucléides grâce à des instruments de l’institut chargé de surveiller la radioactivité en France, qu’on héberge à l’observatoire. La radioactivité peut être naturelle, il y en a toujours un peu en suspension dans l’air », affirme Jean-Luc Baray. Ces instruments ont également permis de mesurer une radioactivité moins naturelle : « Quand il y avait eu la catastrophe de Fukushima, ça a émis dans l’atmosphère une quantité très importante de radionucléides qui a été transportée à très longue distance et on a vu ici, au sommet du puy de Dôme, le passage du nuage de Fukushima », raconte cet enseignant-chercheur.

4° L’observatoire a développé une technique de prélèvement de l’air unique

Pour prélever l’air, les chercheurs de l’observatoire du puy de Dôme ont développé une technique unique, qu’ils ont ensuite exportée en France et notamment à la Réunion, la technique des Inlet : « Ce sont des prises d’air qui permettent d’aspirer l’air à l’extérieur du bâtiment et de l’amener à l’intérieur du bâtiment. Ce sont des prises d’air particulières qui permettent de séparer, quand on est en nuages, l’air entre les gouttelettes et l’air total qui contient les gouttelettes de nuages. C’est une spécificité du site », affirme Jean-Luc Baray. Cette technologie unique a été développée à Clermont-Ferrand.

5° L’observatoire est dans les nuages 35% du temps

A son arrivée en 2013, Jean-Luc Baray s’est aperçu que l’observatoire était très souvent dans les nuages : « J’ai eu une idée, je me suis dit qu’il fallait qu’on puisse quantifier de façon précise la durée pendant laquelle l’observatoire était dans les nuages. J’ai proposé ce sujet de stage à une étudiante de Master. Son rôle était d’analyser les images de webcam prises depuis le sommet du puy de Dôme et tournées vers Clermont-Ferrand. Il a fallu séparer les images blanches des images où on voyait Clermont-Ferrand avec beaucoup de contraste. Elle a fait un code informatique qui permet d’analyser ces images et on a pu déterminer plusieurs paramètres. Par exemple, on est en nuages 70% l’hiver et 30% l’été, ça ne varie pas beaucoup d’une année à l’autre… », se souvient le professeur. Cela a permis de déterminer que le sommet du puy de Dôme a « la tête dans les nuages » 35% du temps, soit environ 4,5 mois par an.

Des chercheurs travaillent sur l’analyse de la composition chimique des nuages qui arrivent au puy de Dôme : « On s’est aperçu qu’il y avait de la matière vivante dans les nuages, il y a des bactéries qui se développent, des choses comme ça. Cette étude va caractériser, sur plusieurs échantillons, comment est la composition chimique de l’eau nuageuse », raconte Jean-Luc Baray. 

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