Découvrez les héros cachés de la biodiversité : abeilles, papillons et autres pollinisateurs essentiels à nos écosystèmes et à notre alimentation.
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Ils œuvrent presque sans que l'on s'en aperçoive, et pourtant, ils sont indispensables aux écosystèmes et à notre alimentation : les insectes pollinisateurs. Scarabées, mouches, papillons ou autres abeilles sauvages… ils jouent un rôle essentiel dans nos jardins. Rencontre avec le monde fascinant des pollinisateurs avec Thibaut Delsinne, entomologiste.
Une diversité de pollinisateurs
La famille des insectes pollinisateurs se compose de quatre branches principales. L’entomologiste nous les présente : “Il y a quatre grands groupes de pollinisateurs. Il y a les hyménoptères comme les guêpes et les abeilles, les coléoptères comme les scarabées, les lépidoptères ce qui correspond aux papillons et les diptères comme les syrphes ou les moustiques”. Lorsque l'on parle de pollinisateurs, on pense souvent aux insectes. Pourtant, des espèces de vertébrés sont, elles aussi, capables de contribuer à la pollinisation. “Il y a aussi quelques vertébrés ou mammifères pollinisateurs, précise Thibaut Delsinne. Dans les pays tropicaux, il y a les chauves-souris par exemple ou les colibris qui participent malgré eux à la pollinisation. Il y a aussi les limaces et les escargots".
"Une découverte récente a démontré que les grenouilles aussi participaient à la pollinisation. Cela reste anecdotique mais ça existe !”.
Thibaut DelsinneEntomologiste
Il explique pourquoi ces espèces moins connues peuvent être classées comme pollinisateurs : “Pour être un bon pollinisateur, il faut avoir l’habitude de visiter les fleurs et pouvoir transporter ce pollen vers une autre fleur. Et certains vertébrés le font sans s’en rendre compte. Ils ne font pas ça pour rendre service à la fleur ou la pollinisation. S'ils vont sur les fleurs, c'est principalement pour s’alimenter ou se réchauffer. Et s’ils ont une morphologie adéquate, ils peuvent, malgré eux, transporter ce pollen en se déplaçant d’une fleur à l’autre”.
“Pas de moustiques, pas de chocolat”
Si l'on dit souvent que l'abeille est le meilleur pollinisateur, tout dépend en fait de la plante considérée. Chaque pollinisateur a sa spécialité : “La tequila, par exemple. Il faut savoir que la plante qui produit la tequila est l’agave bleue. Et l’unique pollinisateur de cette plante est la chauve-souris. Donc sans chauve-souris, on n’aurait pas de bonnes tequilas”, sourit le spécialiste. Il poursuit : “Idem pour le chocolat. La fleur de cacaoyer est très spéciale. Ce sont des tout petits insectes qui font partie de la catégorie des moustiques qui participent à la pollinisation du cacaoyer. On dit bien : 'Pas de bras, pas de chocolats'. Ici, ce serait : 'Pas de moustiques, pas de chocolats'”, plaisante l’entomologiste.
Un rôle essentiel
Même si le vent et d’autres animaux rendent aussi ce service aux plantes, les insectes jouent un rôle important pour de très nombreuses espèces. D’autant plus qu’en France, seuls les insectes assurent la pollinisation. “Les pollinisateurs sont des éléments clés de notre écosystème”, rappelle l’entomologiste. Pour polliniser nos plantes, Thibaut Delsinne insiste sur l’importance de la diversité des espèces d’insectes. “L’abeille ne peut pas tout faire toute seule. Il faut que l’ensemble de ces quatre grands groupes fonctionnent pour que tout fonctionne. Chacun a sa particularité. Ils n’ont pas le même appareil buccal, par exemple. Ils ne pourront donc pas aller sur les mêmes fleurs. Les papillons qui ont une énorme trompe, iront plutôt sur les fleurs profondes, en forme de trompette. Les mouches, quant à elles, qui ont une bouche en forme d’aspirateur, seront plutôt sur des fleurs en forme de bol, faciles d’accès pour elles. Ce sont généralement dans les pays tropicaux que nous avons ces pollinisateurs vertébrés”. Il illustre cet enjeu de biodiversité à travers un exemple : “ Pour la tomate par exemple, pour que son pollen sorte, la fleur a besoin d’être secouée. Et cela, l’abeille ne sait pas le faire. Seul le bourdon arrive à faire vibrer la fleur pour en faire ressortir le pollen”.
Le Parc des Volcans d’Auvergne, une terre de pollinisation
Près de 20% des espèces pollinisatrices de France métropolitaine se concentrent dans le Parc des Volcans d'Auvergne dont près de 100 espèces rares et menacées. Une collecte de données a été réalisée. Près de 100 000 données ont été récoltées pour répertorier les 2400 espèces de pollinisateurs existants. “On peut dire que le Parc Naturel des Volcans est une terre de pollinisation grâce à des milieux encore préservés, affirme Thibaut Delsinne. Les forêts occupent le tiers du Parc des Volcans d'Auvergne. Il faut savoir qu'elles offrent des habitats naturels aux pollinisateurs, ce qui leur permet de se reproduire et de perpétuer l’espèce. Aussi, lorsque les bois se trouvent à proximité de prairies ou de cultures, les forêts participent aussi à favoriser la pollinisation. Les zones humides du Parc permettent la préservation des insectes pollinisateurs donc assurent la pollinisation”.
Comment les préserver ?
Dans son jardin ou sur son balcon, chacun peut contribuer à la préservation des pollinisateurs. L’entomologiste nous explique comment : “On peut agir en évitant de détruire leur habitat. Donc cela peut passer par le fait de tondre moins souvent sa pelouse. Il faut savoir que la pollution lumineuse est néfaste pour les insectes pollinisateurs. On peut donc veiller à éteindre la lumière extérieure la nuit. On peut aussi favoriser la pollinisation en privilégiant des espèces sauvages, adaptées aux insectes, pour son jardin. À l'échelle des collectivités, on peut aussi éviter de bétoniser pour faciliter l'accès aux sols aux insectes pour qu'ils puissent y déposer leurs nids".