Près de Clermont-Ferrand, depuis 3 mois, 4 agents La Poste testent l’usage d’un exosquelette sur des opérations de manutention. Objectif : tenter de réduire significativement l’effort musculaire pour la réalisation de gestes difficiles. On vous explique comment ça marche.

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Depuis 3 mois, dans cette plateforme industrielle de tri du courrier de La Poste, près de Clermont-Ferrand, un drôle d’outil a fait son apparition auprès de certains agents : il s’agit d’un exosquelette. Ils sont 4 à le tester, afin de tenter de réduire significativement l’effort musculaire pour réaliser certains gestes difficiles. Le dispositif permet de se déplacer, il suit les mouvements de l’utilisateur et préserve l’activité musculaire de la zone lombaire. Marie-Laure Potec, directrice de la plateforme de tri du courrier Auvergne décrit le dispositif : « Cela ressemble à un sac-à-dos un peu amélioré, avec des attaches aux cuisses. Il y a 5 points de réglage, afin que ce soit bien adapté à la morphologie. C’est très léger : cela ne pèse qu’1,9 kg. Ce n’est pas une charge supplémentaire. L’exosquelette est uniquement mécanique, il n’est pas motorisé. Il fonctionne avec des ressorts et des tendeurs ». L’exosquelette va chercher une compensation sur des muscles habituellement moins sollicités comme ceux des cuisses, c’est ce qu’on appelle un renvoi de charge sur ces muscles.

"Certains craignaient de ressembler à Robocop"

Cette initiative a commencé à la plateforme de Toulon. Le test était plutôt concluant, néanmoins la direction industrielle a souhaité poursuivre cette expérimentation sur plusieurs plateformes, afin de s’assurer que cela correspondait aux besoins. Ce test grandeur nature n’est réalisé que par des volontaires : « Des salariés sont équipés d’exosquelettes. Il s’agit de volontaires. Ces personnes ont été vues par le médecin du travail, afin de s’assurer qu’elles étaient en capacité de porter l’exosquelette. Les premiers tests ont eu lieu en mai. Il y a eu une campagne d’information et de sensibilisation car l’exosquelette peut faire peur. Certains craignaient de ressembler à Robocop. La période de test est très progressive. On a fait essayer l’outil et on s’est assuré que le réglage était adapté à leur morphologie. Toutes les morphologies ne peuvent pas porter un exosquelette. On a fait un premier essai, puis d’une demi-heure, ensuite d’une heure. Il y a eu des tests en autonomie : les agents ont eu la possibilité d’utiliser l’outil pendant 1h30 ».

Des premiers bienfaits mesurés

« Les TMS, troubles musculo-squelettiques, peuvent avoir des répercussions sur l’absentéisme. Dans le cadre de notre politique de prévention, on est très attentifs, notamment pour le port de charges et la manutention. Le corps s’use quand on en prend pas suffisamment soin » souligne la directrice. Depuis le test, des agents ont pu mesurer des premiers bienfaits grâce à l’exosquelette : « Les agents qui sont volontaires sont soulagés. Ils ont l’impression que l’effort physique est moindre, l’impression de mieux utiliser leur corps et notamment de ménager la zone dorsolombaire. Aujourd’hui l’expérimentation n’est pas terminée. On a mené des tests physiologiques pour recueillir des données très précises. Globalement, l’exosquelette apporte un confort supplémentaire ». La directrice de la plateforme de tri du courrier Auvergne se veut prudente : « Si le test est concluant, on pourrait envisager une large utilisation de l’exosquelette. Il est adapté à un mouvement en particulier. Ce n’est pas un remède miracle pour devenir un homme ou une femme surpuissant. Plus qu’une formation, les agents ont un accompagnement pour qu’ils s’approprient le dispositif, les réglages. On fait cela sur la durée, pour qu’il n’y ait pas de rejet à un moment donné. On se donne toutes les chances d’aboutir à un confort supplémentaire ». 

Prévenir les risques de troubles musculo-squelettiques

La prévention des TMS est au cœur de ce test mené à Lempdes. Marie-Laure Potec insiste : « On s’interroge depuis pas mal de temps sur le chantier des gestes répétitifs lors de port de charges. Depuis deux ans, on se demande comment soulager les agents sur cette activité-là. Le chantier a été ouvert avec le CHSCT. On a regardé comment limiter le poids des contenants, on a mis en place des réglages machines différents des réglages par défaut. On a fait appel à un ergonome et à une kiné. On a fait de la prévention sur les TMS. C’est un risque assez important à partir du moment où il y a des opérations de manutention. L’exosquelette n’est pas la dernière pierre mais constitue une pierre importante pour progresser sur le sujet. Maintenant les contenants ne dépassent pas les 10 kg. Les agents sont appelés à porter des charges pas plus de 2 heures ou de 2,5 heures. On fait tourner les agents pour qu’ils ne restent pas 7 heures sur la même position de travail ».

"L’exosquelette n’est pas une solution miracle"

L’exosquelette coûte 3 000 euros en investissement. Il y a ensuite des frais de maintenance, d’un coût de 1 000 euros par an. « Sont concernés tous les agents qui sont sur cette position de travail. Dans les volontaires, il y a tous types d’âges, on a des hommes et des femmes. Ce n’est ni genré ni discriminant. Les tâches consistent à travailler sur la machine grand format, qui trie des plis grand format : les plis sont triés, ils tombent dans des bacs. Les bacs passent sur un convoyeur à rouleaux. Les agents prennent ces bacs et les posent sur un chariot. Sur ces chariots, on met jusqu’à 12 bacs » rappelle Marie-Laure Potec. Elle conclut : « L’exosquelette n’est pas une solution miracle. C’est une partie de la solution sur la prévention des TMS, pour améliorer les conditions de travail. Cela passe par l’avis des agents. On ne peut pas le faire sans eux. Il faut qu’ils s’approprient le dispositif, qu’ils aient envie de travailler avec. Je pense qu’on ne l’imposera pas ». La plateforme de Lempdes n’est pas la seule à accueillir l’expérimentation : Châlons-en-Champagne (Marne) et Bois d’Arcy (Yvelines) sont aussi pilotes. 

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