Puy-de-Dôme : le "cliquer et retirer", la parade de certains supermarchés pour vendre des produits non-essentiels

Depuis mardi 4 novembre minuit, un décret oblige les commerces de plus de 400 m² à retirer de la vente les produits non-essentiels. A Ceyrat, dans le Puy-de-Dôme, un supermarché a repensé ses rayons. Les clients oscillent entre frustration et résignation. Ils optent pour le "cliquer et retirer".
 

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Ce mercredi 4 novembre matin, à Ceyrat dans le Puy-de-Dôme, les clients d'un hypermarché de 2 700 m² ont été surpris de ne pas pouvoir accéder aux rayons « jouets » ou « textile ». Des marchandises qui ne peuvent plus être vendues par « souci d'équité avec les petits commerces frappés de fermeture » comme l'indique le gouvernement par un décret paru au Journal Officiel. Et il en est ainsi pour la décoration, les arts de la table ou encore le maquillage. 

Ventes en direct interdites mais pas en ligne

Ici, hier encore, et en pleine course aux achats de Noël, les camions de pompier volaient la vedette aux sous-vêtements. C'est de bonne guerre. Mais si les uns étaient en face des autres, aujourd'hui, ils ne font désormais plus qu'un. Contenus tous ensemble dans un seul et même rayon, interdit d'accès. Néanmoins, Arnaud, entouré de ses deux enfants en bas âge, peut toujours acheter, à ses deux têtes blondes, un calendrier de l'Avent Lego. Au choix, Harry Potter ou Star Wars. Comprendra qui voudra. « Ce qui est frustrant, raconte ce père de famille, c'est qu'avec ma carte de fidélité, je pouvais profiter de promos pour les fêtes. J'avais repéré un chariot de ménage et maintenant je ne peux plus le juger sur pièces ». Certes, il ne peut plus réévaluer le produit mais il peut toujours l'acheter. Car les jouets comme les autres marchandises non-essentielles de ce magasin sont en vente en ligne, sur le site de l'enseigne. Le principe est simple : il suffit de cliquer et de retirer sur place. C'est le fameux « click and collect » adopté depuis ce matin par le gérant. Brice Meunier, indépendant sous la bannière Intermarché, a fini par s'y résoudre aux dépens du service relais-colis. De toute façon, à bien des égards, ce service ne collait plus avec les aspirations du patron. « Le relais-colis a explosé depuis le premier confinement. Les consommateurs ont changé leurs habitudes. Ils achètent de plus en plus sur internet, surtout sur Amazon et je ne veux plus cautionner.  Ils viennent chercher leurs produits ici et si, par malheur, il y a du retard à la livraison, notre personnel se fait agresser ». Alors pour protéger ses salariés et alléger leur quotidien, le directeur a fermé ce service hier au prix d'une pluie « d' insultes ».

Fréquentation dans les rayons en baisse, au profit du drive

Va donc pour le click and collect « maison » et le drive qui n'a jamais été autant privilégié. « Ce que l'on constate avec les confrères, c'est une baisse de fréquentation dans nos magasins depuis le mois de mars dernier. Entre-15 et -20%, ici, par exemple. Les clients viennent moins, s'orientent vers les commerces de proximité et les achats en ligne. Pour répondre à cette forte demande, depuis la semaine dernière, une dizaine de salariés travaille de nuit. Notre drive ne cesse de prendre une part importante dans notre activité ». Pour résumer cette tendance lourde, le directeur affirme que « la fréquentation de nos enseignes est inversement proportionnelle à la taille et qu'aujourd'hui l'opposition n'est plus entre petits et gros commerces mais entre nous et le e-commerce ».
 

Pour les magasins de jouets, c'est dramatique

Dans cet hypermarché, sur les 50 000 produits proposés, le textile, les jouets, les livres et la vaisselle ne comptent que pour 5% du chiffre d'affaires. Autant dire que pour le Mousquetaire, ce décret est un coup d'épée dans l'eau. Mais il n'en demeure pas moi inquiet pour tous les autres, moins bien armés. « C'est vrai que pour nous, ce n'est pas grave. L'alimentaire nous sauve. Mais je me mets à la place des petits commerces. Pour un magasin de jouets qui, par exemple, réalise son chiffre d'affaires annuel sur ces trois prochaines semaines et qui va se retrouver avec des stocks sur les bras, pour lui, c'est dramatique. Pourquoi ne pas imaginer, comme cela a été fait pour la Toussaint avec les fleuristes, qu'avant Noël tous ces commerces ne rouvrent, quitte à ce que ce soit au détriment d'autres, sur cette période ? » En attendant d'éventuelles nouvelles décisions, ce chef d'entreprise se refuse à la facilité. Pas de chômage partiel pour les cinq salariés chargés des rayons concernés par le décret. « J'estime que ce n'est pas à l'Etat de compenser, c'est à moi de trouver des solutions ». Les cinq salariés chargés des rayons aujourd'hui inaccessibles ont donc été réorientés vers le drive et le click and collect.

Noël ? Mes enfants ne croulaient pas sous les cadeaux

Son caddie vide, son pense-bête en main qui tient sur trois lignes, Nicole, grand-mère, cherche une ampoule, du pâté pour son chat et du lait pour bébé.  « Vous avez de la chance de me trouver là. Je ne viens que rarement ici, sinon, c'est quoi votre question ? » Euh... ces rayons fermés, qu'est-ce que cela vous inspire ? « Cela m'inspire qu'on en a bien assez dans nos placards et qu'on pourra encore tenir des mois ! On n'est pas en manque de culottes à ce point et que si on en a que quatre et alors ? On les lave et on les remet non ??? Et quant à Noël, mes enfants ne croulaient pas sous les cadeaux et n'en ont jamais souffert ! » Merci pour l'article Nicole. Au moins une pour qui « Amazon », « drive », « click and collect » restent des produits non-essentiels.

 
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