Puy-de-Dôme : découvrez l'histoire étonnante de 6 objets gaulois du musée de Gergovie

Près de Clermont-Ferrand, le Musée Archéologique de la Bataille de Gergovie ouvrira officiellement ses portes le 19 octobre. Parmi les quelque 250 pièces et autres vestiges présentés au public, nous avons sélectionné 6 objets chargés d'histoire. Découverte en avant-première !

Près de Clermont-Ferrand, le Musée Archéologique de la Bataille de Gergovie ouvrira ses portes au public le 19 octobre, juste avant les vacances de la Toussaint. Ce nouveau bâtiment implanté sur le plateau éponyme retrace un épisode mythique de la guerre des Gaules : la cinglante défaite infligée en 52 avant JC par Vercingétorix aux troupes de Jules César. Plus largement, le site s'attache aussi à faire découvrir l'histoire du peuple arverne. Au milieu des supports multimédias, environ 250 objets issus du plateau ou des environs témoignent de ce passé. Nous avons sélectionné 6 pièces emblématiques de cette période. Arnaud Pocris, directeur culturel du musée, nous raconte leur histoire.

LES AMPHORES

A. Pocris : "On se trouve devant une amphore qui contenait du vin. C'est un récipient qu'on importait depuis l'Italie jusqu'en Gaule, où on ne sait pas fabriquer du vin. Les Gaulois sont amateurs de vin qu'ils font venir à grands frais et en grande quantité du monde méditerranéen. On pense même que des négociants romains avaient des boutiques ou des échoppes sur les sites gaulois avant la conquête".

Du vin, de l'huile ou de la sauce de poisson

"C'est particulièrement intéressant ces amphores puisqu'à partir de l'étude des pâtes et des formes, on peut arriver à dater leur fabrication. On peut définir leur origine géographique, déterminer le contenu, essentiellement du vin, mais aussi d'autres liquides comme de l'huile d'olive ou des sauces de poisson fermentées - qu'on appelle garum - et qui se rapprochent un peu du nuoc-mâm asiatique".

A usage unique

"Elles ont des contenances différentes mais les amphores à vin les plus courantes font entre 20 et 25 litres, elles pèsent 25 kilos à vide donc ce sont quand même des récipients qui sont lourds et à usage unique. Lorsque l'amphore de vin arrive sur une ville gauloise, pour l'ouvrir, on ne s'embarrasse pas de précaution, on brise le col et on verse le vin dans d'autres récipients pour le servir et le consommer."

Des échanges denses avec le monde méditerranéen

"C'est de la céramique, de la terre cuite. Il y a une vraie production presque industrielle de ces récipients puisqu'on en retrouve partout sur tous les sites gaulois. Les morceaux d'amphores cassées sont réutilisés pour assainir les passages, les voies, paver les sols de maison, etc. Cela montre la densité des échanges avec le monde méditerranéen, avec Rome notamment, qui n'est pas qu'un envahisseur mais aussi un partenaire commercial très important et avec lequel on échangeait d'autres produits en retour, notamment des produits issus de l'agriculture".


LES VASES PEINTS
 

A. Pocris : "On est en face d'un vase peint avec des motifs animaliers très caractéristiques des productions des Arvernes au IIIe ou IIe siècle avant JC. Celui-ci fait partie des plus grands vases à décor animalier. Il représente une série de cervidés un peu fantastiques. On a retrouvé énormément de représentations de ce bestiaire-là, souvent des cerfs, des hardes de biches vraisemblablement en période de rut, c'est une période qui intervient à l'automne et qui correspond à Samonios, la fête d'entrée dans la nouvelle année chez les Gaulois. Donc on pense que ces vases ont une fonction rituelle, liturgique ou peut-être funéraire puisqu'ils ont aussi parfois été retrouvés dans des contextes de sépulture".

Issus de Gandaillat / La Grande Borne

"Là, ce sont des copies, les originaux sont exposés au Musée Bargoin à Clermont-Ferrand. Ils ont été retrouvés sur la ville de Gandaillat / La Grande Borne, la première agglomération arverne qui se développe entre le IIIe et le IIe siècle avant JC, à peu près entre l'aéroport d'Aulnat et la zone du Brézet. C'est une agglomération ouverte, contrairement aux oppida qui sont fortifiés, défendus par des remparts, cette ville-là était en plaine et n'était pas défendue par un rempart. Elle se trouvait à la fois au coeur des terroirs agricoles et au plus près des voies de communication". 

Un art délicat

"Aujourd'hui les potiers qui s'attaquent à des reproductions de ces motifs ont souvent du mal à retrouver les techniques. La réalisation de cette copie est intéressante puisqu'elle a été faite en impression 3D qui a permis d'imprimer directement sur l'objet le fond de motif existant. Tout n'a pas été reproduit. Il a fallu qu'une restauratrice ensuite, s'inspirant du vrai modèle, reprenne ces éléments-là. A voir cette finesse-là de décor et aussi cette finesse de la pâte - les vases sont extrêmement fins et fragiles, ils ont beaucoup de mal à tenir à la cuisson - on se dit que les potiers gaulois de cette grande agglomération de Gandaillat / La Gande Borne avaient certainement atteints une certaine maîtrise de leur art".


LA COTTE de MAILLES
 

A. Pocris : "C'est bien une cotte de mailles ! Evidemment, elle a passé plus de 2000 ans enterrée donc certainement un peu repliée sur elle-même. On peut malgré tout observer sur cet amas de métal oxydé mais restauré la finesse des mailles métalliques. On le sait peu, ce sont les forgerons gaulois qui ont mis au point ces protections qui étaient plus efficaces que les simples cuirasses en cuir qui équipaient d'autres peuples. D'ailleurs, les légionnaires romains, progressivement au contact des Gaulois, ont finalement adopté et généralisé l'usage de la cotte de mailles dans leurs propres armées. Ce qui fait qu'à l'époque de César, on peut imaginer qu'un légionnaire et un Gaulois qui s'affrontent pouvaient être vêtus des mêmes protections".

Un trophée d'armes

"C'est du fer. Celle-ci est gauloise, elle a été découverte à proximité du sanctuaire de Corent. Dans la mise en scène, elle faisait partie d'un trophée d'armes installé en bordure du sanctuaire et qui comprenait aussi des boucliers, une épée et une enseigne-sanglier en bronze, un animal symbolique ou totémique fort dans la société gauloise. Cette représentation métallique dont ne subsiste aujourd'hui que la crête en bronze était utilisée comme étendard de ralliement, certainement dans un cadre militaire". 

Pour effrayer les ennemis ?

"On peut imaginer, puisque ce trophée a été installé en bordure du sanctuaire au moment où il a été fondé, que l'objectif était de donner peut-être une dimension guerrière au sanctuaire. C'est quelque chose que l'on retrouve dans tout le monde antique puisque les Romains avaient aussi cette pratique d'exposer les armes. Ca pouvait être par exemple des armes des vaincus pour effrayer peut-être les ennemis à leur arrivée ou pour rappeler une victoire sur un autre peuple".


LES FIBULES
 

A. Pocris : "On a un ensemble d'objets qui ont été retrouvés dans une citerne du sanctuaire de Gergovie, utilisé même après l'abandon de la ville gauloise car le sanctuaire fonctionnait encore au Ier et IIe siècle après JC. La citerne est une structure en creux qui permettait de recueillir de l'eau, elle a été transformée ensuite en dépotoir et comblée avec des objets déposés par les pélerins, les pratiquants. Les prêtres s'en débarrassaient quand il y avait trop d'offrandes faites aux dieux pour faire de la place".

L'ancêtre de l'épingle à nourrice

"Cette fibule, elle est relativement précieuse puisqu'elle est dorée à l'or. Elle montre que des personnes de statut assez élévé fréquentaient ce sanctuaire. La fibule, c'est l'ancêtre de l'épingle à nourrice, c'est ce qui remplace le bouton. Les peuples antiques ne connaissent pas le bouton et pour fermer leur cape, leurs vêtements, ils utilisent ces fibules qui peuvent être relativement simples, mais qui peuvent être aussi très ouvragées, très travaillées avec des incrustations d'or, d'argent, d'émail, de pierres précieuses".

Pour tenir les vêtements

"Il y a un ardillon c'est-à-dire une pointe qui permet de piquer les pièces de vêtements, un ressort bien sûr, un porte-ardillon qui permet de bloquer la pointe avec le reste de la fibule et puis, la partie apparente, l'arc qui peut être très ouvragé avec des décors parfois très symboliques ou très réalistes, des décors d'animaux ou autres..."

"C'est extrêmement répandu chez les peuples de l'Antiquité et même jusqu'au Moyen-Age, notamment à l'époque mérovingienne, on trouve des fibules encore pour tenir les pièces de vêtements. Celles-ci ont été retrouvées lors des fouilles menées dans le sanctuaire de Gergovie entre 2007 et 2012".


LE VASE DU POTIER
 

A. Pocris : "Il est complet, il a été retrouvé en l'état et sa particularité, c'est de contenir encore le produit pour lequel il était destiné, c'est-à-dire des pigments rouges qui permettaient de teindre, par la réalisation d'enduits ou d'engobes, des céramiques pour leur donner une couleur rouge. C'est vraiment quelque chose d'assez émouvant, on a l'impression que le potier qui a utilisé ces pigments vient de poser son récipient".

Gondole et la céramique

"Le contexte dans lequel il a été retrouvé, c'est le faubourg artisanal de Gondole dont la spécialité était justement la production de céramiques. Le site, qui était occupé entre 80 et 30 avant JC a livré un certain nombre d'outils de potiers, une molette qui servait à décorer des céramiques, des lissoirs aussi qui permettaient de donner un aspect très lisse et brillant aux céramiques".


LES LAMPES A HUILE
 


A. Pocris : "Ces lampes à huile ont été retrouvées dans le sanctuaire de Gergovie. Elles servaient aux pratiques rituelles ou tout simplement à s'éclairer. Elles pouvaient aussi faire partie des offrandes aux dieux. On se situe entre 50 et 200 après JC, au moment où la ville n'est plus habitée de manière permanente, mais le sanctuaire continue à fonctionner. Ces lampes à huile souvent sont très figuratives et elles représentent des divinités, des personnages un peu fantastiques ou des scènes de la vie quotidienne".

Avec un bec et une mèche

"On a un petit réservoir qui permettait d'accueillir de l'huile. La plus courante étant l'huile d'olive, c'est celle-ci qui était utilisée. On avait une petite mèche textile, elle rentrait dans le réservoir et ressortait par le bec. Donc on allume cette mèche qui donne un éclairage assez vacillant, mais qui permet de s'éclairer à peu près partout".

"On en retrouve dans tous les habitats de l'époque gallo-romaine. Ici, on est devant des lampes à huile avec un seul bec, donc une seule mèche, mais il pouvait y avoir des lampes plus complexes avec plusieurs becs et donc plusieurs mèches qui augmentaient le pouvoir éclairant de la lampe".
 
 
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