Selon le baromètre Jalma, il faut en moyenne attendre 93 jours pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste en Auvergne-Rhône-Alpes. Dans le Puy-de-Dôme, nous avons constaté que les délais pouvaient être encore plus importants : jusqu'à un an.
Quand on a un problème de vue, dans le Puy-de-Dôme, il vaut mieux ne pas être pressé. Selon le baromètre de l'entreprise de santé Jalma Health Services (JHS), il faut attendre en moyenne plus de trois mois (93 jours) avec un maximum de 248 jours pour obtenir un rendez-vous en Auvergne-Rhône-Alpes !
La rédaction de France 3 a souhaité faire le test. Nous nous sommes fait passer pour un patient nouvellement installé dans la région et avons interrogé 25 professionnels (sur la cinquantaine référencée) dans l'espoir d'obtenir un rendez-vous. Et le résultat est édifiant.
Jusqu'à 1 an d'attente
Les avis fleurissent sur le moteur de recherche Google concernant les ophtalmologistes du département. Ainsi, celui d'une internaute qui raconte : "Triste de constater qu'ils sont injoignables et si par miracle on arrive à les joindre, en plus de recevoir un accueil désagréable on nous dit de rappeler dans 1 an pour dans 2 ans."
Le cabinet cité a été contacté par nos soins. Résultat : 15 minutes d'attente et personne au bout du fil (en heure creuse). Et ce n'est pas un cas isolé. Sur les 25 praticiens (dont certains sont regroupés en cabinet), 7 étaient injoignables, et 1 nous a même raccroché au nez.
Ne pas être un nouveau patient
Dès qu'ils décrochent, une question revient souvent : "Êtes-vous déjà patient chez nous ?" Lorsque la réponse est négative, 10 des 25 praticiens répondent qu'ils ne prennent aucun nouveau patient. Deux autres, en région rurale, ne prennent que des nouveaux patients de la localité.
Les délais sont variables. Mais même dans la fourchette basse, ils restent très élevés. Nous avons constaté que les plus courts sont de 4 mois et ils ne concernent que deux praticiens contactés. La moyenne se situerait plutôt autour de 9 mois d'attente. Pour certains cabinets les délais avoisinnent 1 an.
Comment expliquer la situation ?
"L'Auvergne, comme la Bretagne, sont les moins bien loties avec jusqu'à 8 mois d'attente", confirme Mathias Matallah, président de JHS.
Car dans ce département d'environ 650.000 habitants, une cinquantaine d'ophtalmologistes sont référencés, soit un pour 11.500 habitants. Un chiffre élevé qui serait aggravé par des prévisions de départs à la retraite, selon les explications de plusieurs cabinets contactés.
"Il y a du non-renouvellement de la profession bien sûr, à cause du numerus clausus en médecine. Mais c'est aussi à cause de l'évolution de la profession qui se consacre de plus en plus à de la chirurgie, comme les dermatologues d'ailleurs."
Selon lui, il existerait des solutions simples. La principale serait l'ouverture du métier : "La mesure de la correction ne doit pas obligatoirement être faite par un ophtalmo. Dans la plupart des autres pays européens, ce sont des techniciens qui le font. Désormais, à l'aide de la technologie, ils en sont tout à fait capables."