Trouver des alternatives aux pesticides avec des micro-organismes présents directement dans le sol. C’est l’objectif d’un laboratoire installé depuis septembre 2019 à Saint-Beauzire, près de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme.
Fusarium graminerarum. Un nom barbare qui désigne un champignon. Un mauvais champignon très connu par les exploitant agricole, car il peut décimer les rendements de blé. À Saint-Beauzire, près de Clermont-Ferrand, dans le laboratoire Biovitis, les chercheurs tentent de lutter contre ce type de champignon. « On va l’isoler et on va le confronter avec nos micro-organismes. On va alors regarder s’ils ont des actions contre ces champignons. Si oui, on va les tester sur les champs. Et on pourra alors développer des produits à base de ces micro-organismes pour remplacer les pesticides », explique Pierre Joly, chercheur dans le laboratoire. C’est ce qu’on appelle le bio-contrôle : rechercher des micro-organismes pour lutter contre les maladies.
Des biofertilisants
Il s’agit de l’une des utilisations environnementales des micro-organismes produits dans le laboratoire auvergnat. Il y a également les biofertilisants. Les micro-organismes produits sont utilisés pour aider la plante à une meilleure croissance. Soit par la production de molécules (des hormones végétales) soit en allant chercher des nutriments dans le sol que la plante ne peut pas trouver. « On utilise la biologie du sol, ce sont des ressources déjà présentes dans le sol. Ce ne sont pas des ressources génétiquement modifiées, ils sont issus des sols français. On les développe pour les amener de nouveau dans le sol. Il s’agit de rééquilibrer les sols dont certaines ressources naturelles ont été épuisées », continue Pierre Joly.Une douzaine de produits a été développée depuis 2015 dans le laboratoire originaire du Cantal. Tous destinés à des cultures différentes, comme les espaces verts des communes par exemple.
Diminuer les mauvaises odeurs et préserver l'eau
L’environnement est l’un des domaines majeurs développés par les chercheurs. « On fait aussi un traitement en aval par le traitement des effluents avec la microbiologie. Avec des champignons, des cocktails fongiques, ils vont diminuer les mauvaises odeurs. Ces effluents pourront être transformés en eaux grises et être utilisés dans l’irrigation. On a beaucoup parlé de la sécheresse, certains pays pourront utiliser ces eaux grises pour irriguer leur culture. C’est un moyen de préserver l’eau que l’on peut épandre un peu partout dans l’agriculture et les espaces verts », explique Jean-Yves Berthon, président directeur général du groupe Greentech, maison-mère du laboratoire.Des microorganismes pour préserver l'environnement @F3Auvergne pic.twitter.com/GqFC8vuJLG
— Aurélie Albert (@AureAlbert) November 7, 2019
Nouvelles embauches
Nouveau laboratoire, nouveau projet et nouveaux outils de production. Sept millions d'euros ont été investis pour ce nouveau laboratoire. L’outil de production a été multiplié par 6, et pourra être multiplié par 12. L’objectif était donc de séparer les productions : l’agronomique, la santé, l’environnement, et l’agriculture.Une douzaine de personnes travaillent sur le nouveau site de Saint-Beauzire. Des embauches sont à prévoir dans les prochaines semaines et les prochaines années. Le petit laboratoire auvergnat a bien l’intention de continuer à se développer.
Une histoire de vocabulaire
Un micro-organisme : un organisme vivant, microcospcopique, que l'on ne peut pas voir à l’œil nu. Ce sont des levures, champignons, ou bactéries.Une souche : c’est une bactérie qui s’est développée, qui se trouve en très grande quantité. Elle a été extraite de son milieu naturel. A partir d’une souche, on peut en produire en grande quantité. Des souches ont été sélectionnées pour leurs qualités et elles seront reproduites et utilisées dans des domaines comme l'agronomie, la santé, l'agriculture et d'autres.
La fermentation : les souches vont transformer un substrat en un autre type de produit. Par exemple : on part du raisin pour faire du vin.