La série documentaire "Raël : le prophète des extraterrestres" sort sur Netflix le 7 février. Dedans, vous suivrez adeptes, détracteurs et Raël lui-même. Raël est un Auvergnat, notamment connu pour avoir été le gourou d'une religion inspirée par les extraterrestres, devenue une secte controversée.
Si vous avez grandi en Auvergne, ou dans les années 70, vous avez certainement entendu parler de Raël. Certains esquisseront même un sourire en entendant son nom. Il est notamment connu pour avoir été le gourou d'une religion inspirée par les extraterrestres, qui a été classée en France comme secte par le rapport parlementaire de 1995. Mais il a fait aussi beaucoup parler de lui en 2002, lorsqu'il annonce la naissance d'Eve, le premier bébé cloné.
Raël : le prophète des extraterrestres
Si vous ne le connaissez pas, vous pourrez le découvrir dans une série Netflix intitulée "Raël : le prophète des extraterrestres", qui sort le 7 février. Dans cette série documentaire, vous verrez des adeptes, des détracteurs et Raël lui-même. Vous suivrez l'évolution d'une religion inspirée par les extraterrestres, devenue une secte controversée. Une série réalisée par Alexandre Ifi et Antoine Baldassari, qui nous livre les coulisses.
Pour en savoir plus sur cette histoire folle, sur ce "prophète des extraterrestres", Antoine Baldassari, réalisateur de la série, nous raconte ce qu’il a appris pendant presque quatre années de travail. Avant d’être Raël, il est Claude Vorilhon. "Il vient d’un milieu modeste, et il veut qu’on l’aime, je pense que c’est ça. Il veut réussir quoi qu’il arrive", livre Antoine Baldassari. Il s’essaie en tant que chanteur, il participe à un télécrochet qu’il remporte, mais sa carrière ne prend pas. Il change alors de registre et décide d’être pilote automobile, mais ça ne fonctionne toujours pas. Il devient alors journaliste spécialiste de rallye et créer le magazine Autopop… En vain.
Le "messager des elohim"
Jusqu’au jour où il sort un livre : "le livre qui dit la vérité". C’est là, que l’histoire folle de Raël débute. "Dans ce bouquin, il raconte qu’il est en Auvergne, en 1973, qu'il se balade au Puy de Lassolas et qu’il voit débarquer une soucoupe volante avec des bonhommes verts qui lui parlent et lui annonce qu’ils l’ont élu comme prophète pour raconter la réelle histoire de l’humanité", relate le réalisateur. C’est à ce moment-là qu’il devient Raël, le "messager des elohim".
Et puis tout s’enchaine. Jacques Chancel l’invite dans son émission "le Grand Échiquier", ce qui contribue grandement à crédibiliser la théorie de Raël. "Si on voit des rires et des sourires dans le public et les invités, il reçoit des milliers de lettres et tout commence", explique Antoine Baldassari. Et les plateaux télévisés s’enchainent, Ardisson, Dechavanne…
Le gourou d'une secte mondiale
Mais comment une histoire d’extraterrestres peut aussi bien prendre, vous demandez-vous ? Le réalisateur a une explication rationnelle : replacer cette histoire dans le contexte de l’époque. "On est dans une période où Apollo 69 va sur la Lune. Et puis mai 68 est passé par là, on est dans une époque où on fout tout en l’air, tous les dogmes."
On est à une époque durant laquelle on s’interdit d’interdire, et on se donne la liberté de croire à ce que l’on veut, alors pourquoi pas aux extraterrestres ?
Antoine Baldassari, réalisateur de la série documentaire "Raël : le prophète des extraterrestres"
"Et il ne faut pas oublier que les gendarmes ouvrent une cellule de signalement de phénomènes extraterrestres", souligne Antoine Baldassari.
Il relève également que l’invitation de Jacques Chancel et toutes les autres qui ont suivi ont également été un point décisif. "Dans les années 80, la télévision a un pouvoir colossal, elle est au centre de toutes les familles, c’est le nouveau messie, c’est 10 millions de téléspectateurs. C’est un raz de marée à chaque fois. Raël était un bon client, un show man. Voilà pourquoi il arrive à drainer une petite portion de téléspectateurs", développe le réalisateur.
Antoine Baldassari et Alexandre Ifi ont pu interviewer des Raëliens. Non sans difficulté. "Il y a eu un gros travail de prise de contact avec eux. Dès le début, je leur dis que je ne crois en rien, ni en les soucoupes volantes ni en Raël, mais que l’histoire est intéressante. Il y a eu beaucoup de méfiance, car ils détestent les médias, mais on leur a dit qu’on les écoutera et qu’on ne sera pas méprisant." Petit à petit, après plusieurs mois, la confiance s’installe. "On a mis un an à avoir 47 ans d’archives privées raëliennes, en plus des images publiques", relate Antoine Baldassari.
"Ils nous racontent leurs histoires avec une franchise dingue, se souvient le réalisateur. Ils croient dur comme à cette histoire. On a rencontré des destins individuels incroyables. Quand on leur dit "et si tout cela était faux ?", ils nous répondent "Si c’est faux, moi ça m’a permis de me réaliser". C’est désarmant, ce sont des gens très humains."
Raël, un caméléon qui s'est adapté aux époques
Et la cerise sur le gâteau, même s’ils n’y croyaient pas et alors qu’ils avaient commencé le montage de la série, Raël fini par accepter l’interview. Aujourd’hui âgé de 77 ans, il vit au Japon et se fait appeler Maitreya. Si la satisfaction était là, la frustration aussi. Tout cela se passe durant la pandémie du Covid-19, et les frontières du Japon sont fermées. Ils ont alors fait appel à une équipe de Français présents sur place.
Nous étions dans notre bureau, dans le 15 arrondissement de Paris, à quatre heures du matin, et nous l’avons mis en scène sur une plage à Okiwana.
Antoine Baldassari, réalisateur de la série documentaire sur Raël
"Tout ça s’est fait avec un naturel confondant. C’était fou, et à la fois, on restait sur nos gardes. On savait qu’il pouvait mettre un terme à la conversation à tout moment. Il est dans le contrôle de sa parole, il maîtrise l’art de l’interview", insiste Antoine Baldassari. D’anciens adeptes ont porté plainte et témoigné depuis concernant les dérives sexuelles du mouvement. En 1997, 2 raëliens ont été condamnés pour agression sexuelle sur une mineure de 11 ans lors d’une soirée de la secte.
Le réalisateur décrit Raël comme un véritable caméléon qui a su s’adapter à toutes les périodes et les époques, en semant des graines partout où il est allé : au Canada, en Afrique, aux États-Unis et maintenant au Japon. De ces quatre ans de travail, Antoine Baldassari retient une chose : "Cette histoire folle avec des extraterrestres, des gens incroyables, ça raconte notre rapport à la croyance et à l’emprise. C’est 50 ans de notre histoire."
La série est disponible dès le 7 février uniquement sur Netflix.