Réforme des retraites : blocus et manifestation, étudiants et lycéens dans la rue à Clermont-Ferrand

A Clermont-Ferrand, le lycée Blaise-Pascal a été bloqué ce jeudi 9 mars. Les lycéens s’opposent à la réforme des retraites, mais pas seulement. Un peu plus tard, ils ont été rejoints par les étudiants, avant d'aller manifester dans les rues de la ville.

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Jeudi 9 mars, tôt dans la matinée, des lycéens ont amassé des poubelles devant l’entrée du lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand. Ils ont mis en place un blocus, avec un barrage filtrant : seuls les collégiens et les étudiants de classes préparatoires étaient autorisés à pénétrer dans l’enceinte de l’établissement. Principale revendication : le retrait de la réforme des retraites portée par le gouvernement. Mais pas seulement. Olivia Lalande, représentante de la Voix lycéenne, indique : « Il faut que la jeunesse soit dans la rue car ça a toujours permis de faire reculer le gouvernement. On est là contre la réforme des retraites d’une part mais aussi contre Parcoursup, contre le SNU (Service national universel, NDLR), contre la réforme de l’assurance-chômage et contre la réforme du lycée professionnel, qui s’inscrivent dans le cadre de la politique mortifère de monsieur Macron. Elles vont précariser la jeunesse et la mettre dans la galère. La jeunesse est concernée. Si les boomers de 1968 partent à la retraite, on pourra s’insérer sur le marché du travail. Si on repousse leur âge de départ à la retraite, on ne pourra pas s’insérer sur ce marché. On nous encourage à faire des études longues donc on va être pénalisés par cette réforme des retraites ».

Les lycéens ont affiché des slogans.

Des lycéens déterminés

Léna, élève de première, participe aussi au blocus : « On est là parce que le mouvement national lycéen a appelé à la grève. On est contre la réforme des retraites, contre Parcoursup et contre la précarité étudiante. On a déjà fait un blocus mardi. On le refait aujourd’hui car on veut marquer les esprits, on veut se faire entendre, même si c’est assez compliqué : on reçoit beaucoup de violence mais on ne peut pas se défendre. Je me sens concernée par la réforme des retraites pour mes proches et mes parents. Mon père est intermittent du spectacle : il n’est pas sûr d’avoir une retraite, ça sera plus dur s’il s’en éloigne. On est déterminés car je suis sûre qu’on peut faire changer les choses. On est plutôt soutenus par les profs ».

Jean-Yves, professeur de Sciences économiques et sociales au lycée Jeanne-d’Arc, comprend ce mouvement lycéen : « C’est un soutien et aussi pour constater ce qui se passe, pour pouvoir en témoigner. Il n’est pas question d’intervenir. On est quand même là en soutien car on est engagés dans le mouvement contre la réforme des retraites. On peut se réjouir que des plus jeunes se mobilisent pour une cause. Cela montre qu’on n’a pas une jeunesse totalement apathique ou qui se désintéresse de la chose publique ».

Un blocus qui ne fait pas l'unanimité

Certaines voix s’élèvent contre ce mouvement, dans les rangs des lycéens qui ne sont pas tous favorables à ce blocus. Mathis, élève de terminale, en fait partie : « J’ai envie d’aller en cours. J’ai le bac dans deux semaines. J’ai mes cours de spécialité. Le blocus c’est nul et ça ne sert à rien. A la limite, ils peuvent aller manifester place de Jaude et cela peut faire du bruit sur les réseaux mais là, ça sert à quoi, à part faire c…tous les lycéens. La retraite c’est dans longtemps, ça a le temps de changer. Manifester maintenant ne va rien changer. La plupart des manifestants sont des secondes ou des premières et ils font comme s’ils avaient des choses à prouver ».
Au même moment, environ 200 étudiants se rassemblaient devant la faculté de lettres.



Devant le lycée Blaise-Pascal, Marianne Maximi, députée LFI du Puy-de-Dôme, est venue soutenir le mouvement des lycéens. Elle souligne : « La jeunesse a son mot à dire. Je soutiens aussi les lycéens sur leurs autres revendications, notamment contre Parcoursup. La réforme des retraites est ce qui rassemble aujourd’hui mais la jeunesse a raison de se mobiliser face à des attaques qui la mettent en difficulté ».

Ce blocus a lieu sous l’œil de la police nationale, présente en haut et en bas de l’avenue Carnot. Aucun incident n’est à noter selon la police. Les lycéens ont levé le blocus vers 11 heures. Ils ont été rejoints par le cortège des étudiants. 



Les manifestants ont entamé leur marche vers la préfecture pour faire entendre leur voix.

Adrien, 20 ans, étudiant en 3e année de licence d’anglais, souligne : « Même si on a 20 ans, 64 ans ça nous paraît loin. Il est important de montrer qu’on est là aujourd’hui, car cela nous concerne directement. Cela fait un petit peu peur de savoir qu’on va devoir trimer au boulot, même si on n’est pas encore pleinement dans la vie active. On est pas mal de personnes à manifester donc on ne se sent pas seul ». Camille a 17 ans. Cette élève de terminale est dans le cortège des manifestants : « Ils continuent à faire travailler les gens longtemps donc nous les jeunes, on n’aura pas notre place dans la société. Ce serait cool de penser à nous. Si on continue à travailler tard, au final on n’aura pas de vie ». 

Des membres de l’intersyndicale sont venus grossir les rangs de la manifestation. Parmi eux, Sébastien, cheminot, précise : « Cette réforme concerne les jeunes. Cela fait plaisir de voir les jeunes se mobiliser car on se rend compte qu’ils sont conscients de leur avenir et des enjeux qui se jouent en ce moment. On est déterminés et on n’est pas contents. S’il y a d’autres mobilisations, on pourra compter sur nous ».


Ils étaient un millier selon l'intersyndicale et 500 selon la police, à défiler dans les rues de Clermont-Ferrand.

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