La mobilisation est en baisse pour la quatorzième journée de manifestation contre la réforme des retraites. Ils étaient 5000 selon la police et 10 000 selon les syndicats à défiler dans les rues de Clermont-Ferrand. Petite nouveauté : la présence d'un drone au-dessus du cortège qui ne fait pas l'unanimité.
Dans le cortège de la manifestation du 6 juin contre la réforme des retraites à Clermont-Ferrand, tout parait normal. Les manifestants défilent et l'escorte policière est présente, comme à son habitude. Mais cette fois-ci, les forces de l'ordre ont décidé de prendre de la hauteur : un drone observe le défilé. Chez les manifestants, les avis sont partagés. "Je n’en pense rien, confie un manifestant. Ils font comme ils veulent". Une autre conteste l'utilisation de ces drones à sa manière : "Je suis contre. C'est pour cela que j'ai mis un chapeau et des lunettes de soleil bien foncées pour que l'on ne me reconnaisse pas". Un autre ajoute : "Les drones installent un climat de méfiance. Je trouve que c'est emblématique de ce que fait ce gouvernement. Ils ne nous écoutent pas mais par contre ils nous filment".
Le drone : "un moyen supplémentaire"
Cette méthode de surveillance est possible depuis le 19 avril grâce à la loi sécurité intérieure. La préfecture a choisi de l’appliquer avant tout pour éviter tout débordement. C'est ce qu'explique le préfet du Puy-de-Dôme, Philippe Chopin : "Les organisateurs nous ont signalés, ce matin, une tentative d'intrusion d'individus cagoulés, masqués et tout de noir vêtus. Cela nous a permis de suivre ce groupe de manière à ce que, s'ils étaient amenés à mettre le bazar, nous soyons là. Et surtout pour que, s'ils prenaient des chemins de traverse, comme ils l'avaient fait lors de la manifestation du 20 mars, nous puissions les surveiller ".
Le préfet du Puy-de-Dôme ajoute : "Nous avons des organisateurs qui travaillent très bien et qui, comme nous, ne veulent pas voir leur manifestation dégénérer à cause de quelques individus. On ne va pas faire de fichage. On ne garde pas de photographie. La durée est limitée : le temps de la manifestation. Le champ est limité : de la place du 1er mai vers la place de Jaude. (...) C’est un moyen supplémentaire dont on n’abusera pas", assure Philippe Chopin.
Mais ce nouveau dispositif ne passe pas pour certaines associations. Pour elles, rien ne justifiait une telle décision. Mohanad Al Abbas, représentant de la Ligue des Droits de l'Homme, livre sa colère : "Monsieur le Préfet doit savoir, en utilisant ce type d'argument, que les manifestations à Clermont-Ferrand n'ont donné lieu à aucune violence".
Une nouvelle journée de mobilisation avant l'examen, jeudi 8 juin, à l'Assemblée Naitonale de la proposition de loi du groupe LIOT visant à abroger la réforme.
Propos recueillis par Julien Boscq / France 3 Auvergne