Les auto-écoles ont lancé vendredi matin une opération escargot à Paris, pour contester la réforme du permis de conduire qui, selon elles, menace leur survie. Lundi, les professionnels prévoient de manifester d'autres villes : Bordeaux, Lorient, Marseille, Nancy, Limoges, Alès et Clermont-Ferrand.
Contrat de formation et d'évaluation à distance, possibilité pour les loueurs de voiture équipée de double commande de former les conducteurs, recours à d'autres intervenants que les inspecteurs pour les examens pratiques au permis : les professionnels dénoncent des amendements à la loi Macron.
Les mesures proposées par le gouvernement vont "à l'encontre de la sécurité routière", s'est inquiété le Conseil national des professions de l'automobile (CNPA) dans un communiqué, dénonçant des "enjeux de pouvoir" entre les ministères de l'Intérieur et de l'Economie.
"Au mépris des intérêts des élèves"
La réforme du permis de conduire instaurée dans la loi Macron et votée à l'Assemblée nationale la semaine dernière prévoit entre autres 45 jours d'attente maximum entre deux passages à l'examen de conduite, le recours à des agents d'entreprises publiquescomme La Poste pour assurer certaines missions des inspecteurs (le code).
Emmanuel Macron "entend libéraliser le secteur, au mépris des intérêts des élèves", estime le CNPA, qui rappelle que l'objectif fixé par le gouvernement est de faire passer le nombre de morts sur les routes sous la barre des 2000, d'ici 2020.
Les amendements à la loi Macron décriés
"Ça fait six mois qu'on travaille avec les services du ministère de l'Intérieur pour réformer le permis de conduire", souligne Frédéric Martinez, directeur du réseau d'auto-écoles ECF, agacé que "les amendements au projet de loi Macron viennent tout court-circuiter" alors que les organisations s'apprêtaient à remettre les conclusions de leurs travaux "dans les semaines à venir". Par exemple, "supprimer l'obligation des 20 heures de cours minimum" pour passer le premier examen pratique est "un mauvais message", "un message politique et démagogique" quand on sait qu'"en moyenne, les candidats font 35 heures de cours avant de se présenter à l'examen", estime Frédéric Martinez.La semaine dernière, le gouvernement a dévoilé une hausse du nombre de tués sur les routes en 2014 (+3,7% avec 3.388 morts), une première depuis douze ans, et annoncé dans la foulée un "plan de lutte". Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a ainsi présenté un certain nombre de mesures dont la baisse de l'alcoolémie légale pour les primo-conducteurs, la modernisation des radars ou le renforcement des contrôles.