A l’Université Clermont Auvergne, la rentrée se prépare, en intégrant les contraintes liées à l’épidémie de coronavirus COVID 19. Son président, Mathias Bernard, a répondu à nos questions.
Du côté de l’Université Clermont Auvergne, l’heure est aux derniers préparatifs. La rentrée universitaire s’échelonne du 31 août au 21 septembre et doit se faire en pleine épidémie de coronavirus COVID 19. Mathias Bernard, président de l’UCA, a accepté de répondre à nos questions.
Question : Comment envisagez-vous cette rentrée universitaire ?
Réponse : « La rentrée universitaire est sous le signe de l’incertitude. On n’a pas idée de la manière dont la situation sanitaire va évoluer, à quel moment il y aura un regain épidémique qui imposera des mesures plus strictes de circulation. On a défini 3 scénarios correspondant à 3 niveaux de gravité, avec un protocole pour chacun des scénarios, en termes de pédagogie, de capacité d’accueil, de circulation et de vie universitaire. On travaille sur la capacité à pouvoir basculer d’un scénario à l’autre très rapidement, quasiment du jour au lendemain, selon l’évolution de la situation sanitaire. C’est comme si on préparait 3 rentrées et 3 années universitaires. Pour l’instant on est sur un scénario 1, avec un risque épidémique contrôlé et une rentrée en présentiel mais avec un certain nombre de mesures de prévention. Le port du masque sera obligatoire partout et dans toutes les situations, lorsqu’on se déplace, lorsqu’on est assis en cours. Les capacités maximales, notamment sur les amphithéâtres seront revues pour éviter un rassemblement trop important d’étudiants. Il y a aussi un protocole de désinfection particulier. Dans le scénario 2 on est dans une circulation très active du virus. On garde des enseignements en présentiel mais avec une jauge limitée à 50 étudiants dans les amphis. Cela signifie que les enseignements en droit et en psychologie basculeront en cours à distance. Pour les TD on réduit de 50 % la capacité des salles : soit on dédouble le cours, soit on en fait une partie à distance. Le scénario 2 implique une hybridation des enseignements. Le scénario 3 envisage un quasi confinement. Tous les cours basculent à distance. On conserve un accueil des étudiants, mais sur réservation ».
Question : Quels enseignements avez-vous tiré du confinement et de l’enseignement à distance ?
Réponse : « On a pu remarquer la rapidité d’adaptation des enseignants, des personnels administratifs, des étudiants, pour passer d’un mode 100 % en présence à un mode 100 % à distance. La continuité pédagogique a pu être assurée et cela nous rassure. Même si on est une grosse structure universitaire avec quasiment 40 000 étudiants, il y a une capacité de réaction très rapide, y compris pour nos serveurs, notre intranet. On a aussi mis en place des dispositifs de soutien ou d’aide sociale pour l’équipement informatique pour pouvoir réactiver le basculement de l’enseignement à distance en totalité. Comme difficultés, on a repéré le fait que l’enseignement à distance ne remplace pas l’interaction entre l’enseignant et l’étudiant. Pour 10 % de nos étudiants, il y a eu la difficulté en termes de connexion et de travail chez eux. Maintenir l’accès à l’université comme lieu de travail est donc important ».Question : Etes-vous inquiets pour les effectifs ? Y aura-t-il plus d’étudiants cette année en raison d’un meilleur taux de réussite au bac ?
Réponse : « Il est difficile de dire si on aura plus d’étudiants dans certaines filières, venant de l’académie ou de France. En revanche, on aura très vraisemblablement beaucoup moins d’étudiants internationaux. Sur l’effectif total de l’Université Clermont Auvergne, on sera toujours à 37 000- 38 000 étudiants, avec 2 000 étudiants internationaux en moins et 2 000 bacheliers en plus. Il est vrai que l’on aura des difficultés logistiques parce que les 2 000 étudiants en plus vont venir dans les premiers cycles, notamment en licence, dans des filières qui sont déjà un peu sous tension. Les étudiants internationaux venaient plutôt au niveau master et doctorat. On va prévoir plus de groupes de TD que d’habitude. Il faudra expliquer cela à l’Etat pour demander plus de moyens ».