Palpitations, essoufflement… des symptômes qui peuvent vouloir dire qu’il y a une fibrillation atriale, un trouble du rythme cardiaque. Le Dr Pierre-Antoine Catalan, chef de clinique en cardiologie au CHU de Clermont-Ferrand répond à nos questions.
La fibrillation atriale : un nom barbare pour désigner un trouble du rythme cardiaque. Pour mieux appréhender ses symptômes, ses conséquences, ses causes, et ses traitements, l’association Action-cœur a mis en place une première journée nationale sur la fibrillation atriale. Jeudi 13 décembre, au CHU de Clermont-Ferrand, des ateliers étaient organisés. Des médecins étaient présents comme Pierre-Antoine Catalan, chef de clinique en cardiologie au CHU. Il répond à nos questions.
Des risques d'AVC ou d'insuffisance cardiaque
Qu’est-ce que la fibrillation atriale ?Dr. Pierre-Antoine Catalan : "C’est un trouble du rythme cardiaque, le rendant irrégulier. L'origine du problème provient de la partie postérieure du cœur, que l’on appelle l’oreillette. Normalement, elle est censée dicter un rythme cardiaque régulier à peu près à 60 battements par minute, comme un chef d’orchestre, grâce à une « pile » naturelle que l’on appelle le nœud sinusal.
Dans le cas d’une fibrillation atriale, au lieu d’une activité régulière dictée par ce nœud sinusal, il va se mettre en place une activité électrique totalement anarchique. Cette activité chaotique est alors capable de se transmettre au reste du cœur, accélérant et déstabilisant le rythme cardiaque qui en devient irrégulier".
Quels sont les risques ?
Dr. Pierre-Antoine Catalan : "La première potentielle conséquence, celle qui est la plus connue, c’est l’AVC (accident vasculaire cérébral). L’oreillette ne se contractant plus, du fait d’une activité électrique anarchique, le sang stagne à l’intérieur, pouvant conduire à la formation d’un caillot sanguin. Sa localisation préférentielle se situe dans une région particulière de l’oreillette, appelée l’auricule gauche. Ce caillot peut ensuite partir dans la circulation générale pour rejoindre le cerveau et créer un AVC. Il s’agit d’une des principales causes d’AVC en France. Autre conséquence, la fibrillation atriale peut conduire à une insuffisance cardiaque".
Quels sont les symptômes ?
Dr. Pierre-Antoine Catalan : "Il peut exister des palpitations, c'est-à-dire une sensation de battements cardiaques rapides et irréguliers. Les autres symptômes possibles sont un essoufflement, des vertiges, voire des douleurs dans la poitrine".
10 % des plus de 80 ans sont concernés
Quelles sont les causes ?
Dr. Pierre-Antoine Catalan : "Toutes les maladies cardiaques peuvent entraîner de la fibrillation atriale. La principale cause en France reste l’hypertension artérielle.
Pour autant, la fibrillation atriale peut survenir chez n’importe quel patient, même sans maladie cardiaque connue jusque-là, surtout chez les plus âgés. Cela concerne en effet plus de 10 % des plus de 80 ans. Elle peut également survenir chez des patients bien plus jeunes, avec ou sans lien avec une autre maladie cardiaque. Certains athlètes de haut niveau peuvent également développer ce trouble du rythme."
Est-ce qu’on peut s’en prévenir ?
Dr. Pierre-Antoine Catalan : "Il est en effet possible de s’en prévenir en maintenant une bonne hygiène de vie. L’obésité, l’hypertension artérielle, le diabète, le syndrome d’apnée du sommeil et la consommation d’alcool sans autant de facteurs de risque de développer cette arythmie. La lutte contre l’émergence de ces facteurs diminue drastiquement la survenue de la maladie.
Par ailleurs, on peut se prévenir des complications de la FA (fibrillation atriale), en se faisant dépister si on a un rythme cardiaque rapide et irrégulier. Il faut alors se rendre chez le médecin pour réaliser un électrocardiogramme (un enregistrement du rythme cardiaque) qui va affirmer la présence de la fibrillation atriale".
Sensibiliser pour se faire dépister
Question : Quels sont les traitements ?Dr. Pierre-Antoine Catalan : "Il y en a trois. Avec le premier traitement, on va anti-coaguler, autrement dit, on va fluidifier le sang, pour éviter la formation d’un caillot de sang. Pour les gens qui ne peuvent pas prendre d’anticoagulants, il y a la solution de fermer l’auricule gauche, sans ouvrir le cœur. C’est là le rôle très important du Pr Eschalier du CHU de Clermont-Ferrand qui permet le développement de cette technique, évitant ainsi un risque d’AVC à bien des patients privés d’anticoagulants pour des raisons diverses.
Le deuxième traitement va permettre de ralentir le rythme cardiaque pour qu’il évite d’aller au-delà de 110 battements par minute.
Le troisième est un anti-arythmique pour empêcher la fibrillation atriale de revenir si elle est très brève (FA dite « paroxystique »).
Une autre avancée majeure ces dernières années repose sur l’« ablation » de fibrillation atriale. Il s’agit de « cautériser » le pourtour des veines pulmonaires, par le biais d’un courant de radiofréquence ou par une cryothérapie, afin d’empêcher la fibrillation atriale de s’installer".
Pourquoi cette journée de sensibilisation est-elle importante ?
Dr. Pierre-Antoine Catalan : "Il existe un vieillissement de la population, donc la proportion de la population touchée par la fibrillation atriale augmente, et va continuer à augmenter. C’est essentiel de se faire suivre et de réaliser un dépistage avant qu’il y ait un AVC.
C’est une première journée nationale de sensibilisation pour le grand public, mais aussi les professionnels de santé.
Il faut savoir que cette pathologie concerne 2 % de la population générale, mais surtout, qu’elle est responsable de 20 à 30 % des accidents vasculaires cérébraux (AVC)".