Au CHU de Clermont-Ferrand, une bactérie de souche Acinetobacter a été détectée dans un des services réanimation du centre hospitalier. La vingtaine de patients qui s’y trouvait a été transférée vers d’autres services. Les explications du professeur Ousmane Traoré, responsable du service d'hygiène hospitalière au CHU.
Un invité indésirable s’est immiscé dans les locaux du CHU de Clermont-Ferrand. Son nom : la bactérie Acinetobacter Baummanni. Une souche résistante aux antibiotiques. Le centre hospitalier a donc décidé, lundi 6 mars, d'évacuer la vingtaine de patients du service de réanimation médico-chirurgicale - où a été découverte la bactérie - vers d'autres services afin de procéder à une désinfection.
Nettoyage approfondi
La bactérie de souche Acinetobacter est très courante dans l’environnement hospitalier mais sa résistance aux antibiotiques a obligé le CHU de Clermont-Ferrand à prendre des mesures. En effet, l'hôpital a décidé de fermer le service de réanimation médico-chirurgicale, de transférer les patients vers d'autres services, et d’effectuer un nettoyage approfondi. Ousmane Traoré, responsable du service d’hygiène hospitalière au CHU de Clermont-Ferrand, détaille les raisons de cette décision : « La caractéristique de cette bactérie est qu’elle survit très longtemps dans l’environnement. Elle est très peu pathogène et très peu virulente. Néanmoins, elle résiste dans l'environnement pendant des semaines voire des mois. Beaucoup de services de réanimation ont été confrontés à cette bactérie et ont essayé de s’en débarrasser. Et, ils n’ont pas pu le faire sans fermer le service et faire un nettoyage approfondi ». Une réaction nécessaire selon le Pr. Ousmane Traoré: « On a pris plein de mesures parce qu'elle a cette résistance aux antibiotiques qui est majeure. Par chance, c’est une bactérie qui n’est pas encore implantée au niveau de l'hôpital. Il fallait qu’on agisse vite et fort : on a fermé le service de réanimation, on l'a vidé de ses patients afin de faire un nettoyage approfondi ».
Quatre patients concernés
La bactérie a été découverte, quelques semaines plus tôt, sur une patiente revenant d’un voyage à l’étranger. Elle a été ensuite transmise à d’autres patients en quelques jours comme l’explique le chef de service: « On a quatre patients qui ont été concernés par cette bactérie. Il y a la patiente ‘index’ : on a découvert qu’elle était porteuse de la bactérie le lendemain de son arrivée. Et puis, il y a trois autres patients chez lesquels on a trouvé cette bactérie. Et cela, deux semaines après la première patiente. C’est ce qui nous a donné l’alerte. Parmi eux, il y avait une patiente qui était extrêmement fragile. Elle avait un problème hématologique gravissime. Elle était sensible à toutes les infections, et celle-ci lui a été fatale. Mais cela aurait eu les mêmes conséquences avec n'importe quelle autre bactérie. En revanche, les deux autres patients, qui étaient en réanimation, n’ont eu aucune infection liée à cette bactérie », détaille Pr. Ousmane Traoré
Peu pathogène
C’est une bactérie assez courante dans le milieu hospitalier. « Il faut savoir qu’elle touche beaucoup de services de réanimations en France et dans le monde, explique le chef de service. Il y a déjà pas mal de réanimations qui ont été fermées, quelque temps, à cause de cela ». Il décrit les risques liés à cette bactérie : « Elle ne va s’implanter, se développer et donner des symptômes seulement chez les patients très immunodéprimés. C’est pour cela qu’on ne veut pas qu’elle s’implante durablement. Chez des patients très fragiles, elle peut provoquer des infections. Dans ces cas-là, comme ce sont des patients qui sont ‘gravissimes’, cette bactérie devient de fait dangereuse pour ce type de patient. Mais, à l’image de n’importe quelle bactérie d’ailleurs ». Le professeur tient à souligner : « Par rapport au personnel et à l’entourage du personnel, il y a un risque zéro », assure-t-il.
Ces mesures de désinfection doivent permettre au service de réanimation du CHU de rouvrir la semaine prochaine.