Le Sancy aussi souffre de la sécheresse. En cette saison estivale, nombreux sont les promeneurs à arpenter ses chemins. Des chemins qui sont devenus dangereux. La gendarmerie et la réserve naturelle de Chastreix-Sancy souhaitent sensibiliser les randonneurs aux bonnes pratiques.
Par un samedi si ensoleillé, au Mont-Dore dans le Puy-de-Dôme, l’escalier de bois à la sortie du téléphérique est noir de monde. Un escalier qui mène tout droit au sommet du Sancy. Mais les randonneurs sont aussi particulièrement nombreux sur les chemins de terre qui permettent de traverser le massif.
« C’est du sable, le sentier ! T’as vu ça ? Ça passe même à travers les chaussures. » Thomas Brobeck et Thierry Leroy grimpent tranquillement par les chemins. Le premier est le nouveau commandant du peloton de gendarmerie de montagne du Mont-Dore, le second est le conservateur de la réserve naturelle de Chastreix-Sancy. Deux grands connaisseurs de cette montagne. Tout autour, le panorama est à perte de vue.« Il y a 5 ans, le sentier ne faisait pas plus de 50 cm, il s’est énormément élargi depuis. »
Ensemble, ils souhaitent sensibiliser les promeneurs à la fragilité du massif du Sancy en cette période de sécheresse. Ainsi qu’à ses nombreux dangers. « La sécheresse a tendance à déchausser les sols et les rochers. Les chemins s’élargissent », explique Thierry Leroy, le naturaliste. « Les sentiers deviennent plus accidentogènes », complète Thomas Brobeck, le gendarme. « Il y a plus de poussière, plus de pierres qui se déchaussent. Les gens ont tendance à chuter et se faire mal. »
Ce que confirme un jeune randonneur en vacances: « Avec la sécheresse, le sol est plus poussiéreux. On s’en prend plein la tête. Et c’est plus glissant. J’ai failli tomber trois fois. » Un jeune homme particulièrement sensibilisé aux problèmes environnementaux : « C’est à cause du réchauffement climatique et c’est dommage que des endroits comme ça deviennent inaccessibles ! Parce qu’au bout d’un moment, on ne pourra plus y venir. »
De bonnes chaussures de marche
Mais actuellement, rien n’empêche encore de monter jusqu’au sommet. Pas même cette sécheresse déjà historique. Le commandant du PGM incite fortement les promeneurs à bien s’équiper : « Venir avec de bonnes chaussures de marche ; sur les entiers instables, utiliser des bâtons de marche. Avec les fortes températures, même si nous sommes en altitude, nous demandons aux gens de prendre de l’eau en conséquence. »
Les gendarmes, pourtant aguerris à la montagne, ont aussi plus de mal aujourd’hui à se déplacer dans le Sancy : « Les sentiers deviennent plus techniques. Les pistes potentiellement praticables en véhicules tout terrain se creusent et deviennent plus difficiles d’accès, ce qui rallonge les délais d’intervention. Et lorsque nous faisons appel à un hélicoptère, il soulève la poussière, ce qui peut gêner les secours. Mais nous arrivons à faire l’intégralité de nos interventions. »
Dérangement
Et pour protéger la montagne, le conservateur tout comme le gendarme recommande fortement de ne pas sortir des chemins balisés. « Le hors-sentier provoque la multiplication des chemins », détaille Thierry Leroy. « Cela nuit à la qualité des paysages et à la faune et à la flore. Plus il y a de sentiers, moins il y a de végétation et plus il y a un dérangement de la faune. Avec la sécheresse, comme la végétation souffre du manque d’eau, un nouveau sentier se marque plus facilement.»
Une précaution que deux randonneuses habituées du massif ont bien intégré : « Il faut protéger toutes les fleurs. On le voit notamment en ce moment avec la sécheresse », témoigne l’une des deux randonneuses. « Il faut faire attention à toutes les espèces qu’il peut y avoir. Donc c’est important de rester sur les sentiers. »
Ni feu, ni bivouac
En cette mi-août, Thierry Leroy le fait remarquer : les fleurs ont accéléré leur floraison. « Là, vous voyez, tout est grillé, les fleurs ont disparu. » Les insectes aussi ont pris la poudre d’escampette. « Il y a eu une précocité de l’émergence mais aussi de la disparition des insectes, et des papillons en particulier. Nous sommes mi-août, et il n’y a déjà quasiment plus de papillons qui volent alors qu’à cette date, classiquement, il y en a encore. »
Et dernière recommandation pour profiter du volcan dans le respect de tous : ni feu, ni bivouac ne sont autorisés.
Chaque année, de mai à novembre, 200.000 personnes viennent arpenter les chemins du Sancy.