Au sommet de l'élevage qui s'ouvre mercredi 2 octobre près de Clermont-Ferrand, les éleveurs français, premiers producteurs de viande bovine en Europe, se sentent menacés. Pour eux, "tous les voyants sont au rouge."
Mercosur, Ceta, mais aussi sécheresse et baisse des cours, les producteurs de viande bovine voient rouge. Le 30 septembre au marché du cadran à Mauriac (Cantal), de nombreux éleveurs étaient contraints de vendre leurs bêtes : plus d’une centaine de bovins mis aux enchères, contre une trentaine habituellement.
Pour Bruno Dufayet, éleveur de vaches Salers et président de la Fédération Nationale Bovine, "il faut une vraie prise de conscience de l’aval de notre filière. Certains utilisent la situation et notre faiblesse pour orienter les prix à la baisse."
Quel est l’impact de la baisse des cours ?
" Le coût de production d’un broutard est de 3 euros. mais à la vente, on se retrouve entre 2 et 2 euros 30 le kilo ! C’est un gros manque à gagner. Ces signaux nous inquiètent pour maintenir un troupeau de vaches allaitantes en France."
Comment envisager l’avenir ?
"Sur le marché français, nous avons mis en place un label rouge et une montée en gamme. Nous sommes prêts mais les abatteurs et les distributeurs n’ont pas la même prise de conscience."
Alors que la consommation de viande est en recul en France, sur fond de contestations veganes et anti-élevage, la sécheresse historique de l'été ajoute au désarroi des agriculteurs. Ils craignent de devoir recourir à de nouvelles "décapitalisations", à des abattages supplémentaires cet automne.
Le cheptel français de vaches à viande est déjà descendu fin 2018 sous les 3,9 millions de têtes, à son plus bas niveau depuis plus de 20 ans, selon l'Institut de l'élevage, Ce recul serait dû à une accélération des arrêts d'activité.
Des inquiétudes que le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume devra apaiser durant le Sommet de l’élevage, du 2 au 4 octobre à Cournon d'Auvergne, prés de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).