Depuis plus de 40 ans, Aymeric consacre tout son temps libre à sa passion pour le Titanic. Il a accepté de nous ouvrir les portes de son univers.
Article publié le 14/03/2023
Une casquette de marin vissée sur la tête, cravate autour du cou, et veste bleu marine. Non, Aymeric Le Guisquet n’est pas commandant de bord d’un bateau, mais juste un fan inconditionnel de l’histoire du Titanic. Cet habitant de la région de Clermont-Ferrand est un collectionneur passionné par la légende du célèbre paquebot. Des milliers d'objets amassés qui peuvent remplir l'équivalent d’un mini terrain de football : c’est à ça que ressemble l’immense collection qu’a accumulée Aymeric Le Guisquet depuis près de 40 ans. Cartes postales, timbres, jouets, maquettes, … la liste est vertigineuse. Portrait d’un collectionneur hors du commun.
600 m2 d’objets de collection
« Il parait que je suis l’un des plus grands collectionneurs de France, en ce qui concerne le Titanic » , sourit le passionné. Quand on lui demande combien d’objets il possède, Aymeric avoue avoir arrêté de compter : « S’il fallait que je compte chaque timbre et dé à coudre que j’ai, je ne m'en sortirai pas » . Il estime cependant à des “milliers” le nombre d’objets collectionnés sans pouvoir être plus précis. Ce dont il est certain c’est que l’ensemble de sa collection pourrait remplir une surface de 600 m2.
C'est à l'occasion d'une exposition dédiée à sa collection que nous avons rencontré Aymeric. Ce jour-là, le passionné avoue n’avoir pu en exposer qu’un quart. Pourtant, un effort logistique non négligeable a été nécessaire. Pour transporter ces petits bouts d'Histoire, il a fallu deux voitures à remorque.
Aymeric possède de tout : de la simple boite d'allumettes en passant par l'énorme maquette de plus de 2,10 mètres. Pour Aymeric, il n'y a pas de "petit" objet. Chaque pièce a son histoire : « Vous voyez ce savon, montre le collectionneur. C'est le savon utilisé par les passagers du Titanic. Et bien, à chaque fois que je l'ai entre les mains, je m'imagine les passagers en train de l'utiliser. Chaque objet me permet de comprendre et de me rapprocher au plus près de cet événement ».
L’Auvergne et le Titanic : un lien commun
Pour cet ancien cuisinier-boulanger, tout commence un 1er septembre 1985. Jour où l’épave du Titanic a été découverte. L’info fait la une de quelques journaux : « Quand j'ai lu ça, j'ai tout de suite été happé », se souvient-il. Aymeric n’a alors que 14 ans lorsqu’il tombe sur un de ces articles. Fasciné, ce passionné n’a plus jamais “décroché”. Aymeric a soif de connaissance sur ce qu’il qualifie de “mystère devenu légende”. Il fait d’innombrables recherches sur le sujet qui l’aident à étoffer sa collection.
Au cours de sa quête, il tombe sur l’histoire de Georges Jules Jouannault. Un assistant cuisinier vichyssois qui était à bord du Titanic, lors du naufrage. En 1912, Georges quitte Vichy pour l'Angleterre. Il est recruté pour travailler au sein des restaurants à la carte du célèbre paquebot. A bord du Titanic, il est affecté comme cuisinier aux sauces. Le 15 avril 1912, il disparaît dans le naufrage. C’est à Vichy que sa famille reçoit la terrible nouvelle. Une stèle en sa mémoire est d'ailleurs toujours visible dans le cimetière des Bartins à Vichy. Cette histoire bouleverse quelque peu Aymeric : lui aussi est cuisinier, lui aussi est Auvergnat, et pour couronner le tout, Aymeric est né un 14 avril. Jour du naufrage du célèbre Titanic. Beaucoup de détails le relient malgré lui à cet événement tragique et à cet homme. Il espère en puiser une force pour transmettre cette petite histoire qui lie l’Auvergne à ce naufrage : « Il y a deux liens qui relient le Titanic et l’Auvergne : Georges Jules Jouannault et moi », sourit Aymeric.
Alors, il se lance avec un ami britannique dans la recherche de pièces rares et authentiques liées à ce drame, tristement célèbre. Ils ont un rêve : créer leur propre musée consacré au Titanic. Malheureusement, son ami décède brusquement. Aymeric récupère quelques objets lui appartenant : « Sans lui, je n'aurais pas pu avoir tout cela, se remémore Aymeric, ému. Je perpétue aussi sa mémoire ».
« Un peu d'Histoire entre les mains »
Parmi les pièces que l’on peut admirer, il y a des objets authentifiés par les rescapés, de la vaisselle utilisée par la compagnie maritime, des billets d’embarquement, et même un bout de coque du Titanic lui-même. La pièce dont Aymeric est le plus fier : « J’en ai des frissons, glisse-t-il ému tout en tenant ce bout de métal rouillé protégé d’un film. J’ai un peu d’Histoire entre les mains. On s’imagine plein de choses rien qu’à la vue de ce bout de métal ». Une pièce qu’il a réussi à se faire offrir grâce à son réseau.
Aymeric possède tout ce qui touche de près ou de loin à la légende du Titanic. Il y a même des objets provenant du célèbre film de James Cameron. Parmi les belles pièces de collection, le gilet de sauvetage qui a servi durant le tournage.
Aymeric enrichit sa collection principalement en Angleterre et en Irlande. Au fil des années, il a réussi à se constituer un réseau international de fournisseurs. Ces objets uniques lui sont vendus ou ... offerts. Aymeric n'a donc pas eu à dépenser de sommes pharamineuses pour étoffer sa collection. Il évalue à quelques milliers d’euros, le montant dépensé dans l'acquisition de ces pièces uniques. Son plus grand achat ? Une couverture de pont authentique payée 900 livres, soit près de 1000 euros. Mais pour lui, cela en vaut la peine. Cette collection, c’est un investissement pour l’avenir : « Je ne fais pas dans la cryptomonnaie mais dans le Titanic », s’amuse Aymeric. Alors comme tout bon trésor, Aymeric le cache dans quelques lieux tenus secrets. Impensable pour lui de perdre un de ses objets qui, à ses yeux, ont une valeur sentimentale inestimable.
Transmettre un petit bout d’Histoire
Selon lui, avec l'usure du temps, lorsque l'épave disparaîtra, la légende du Titanic s’en ira à jamais. Alors, Aymeric s’efforce de perpétuer la mémoire de ce géant des mers et des 49 Français qui étaient membres d’équipage ou passagers. Mais surtout celle de Georges Jules Jouannault, l’Auvergnat disparu lors du naufrage.
Il organise des expositions, enseigne l’Histoire de ce naufrage, son lien avec le territoire auvergnat, …Il en est certain, en Auvergne, il y a un “vivier de passionnés insoupçonnables ”.
En tant qu’ancien cuisinier, le Titanic l’a aussi inspiré pour ses recettes de cuisine : « J’ai recréé plein de recettes en lien avec le Titanic. J’ai refait récemment le dernier menu servi à bord du Titanic ».
Ce passionné veut désormais accomplir son rêve : créer un véritable musée consacré à l’histoire du Titanic. Un musée assez grand pour abriter toutes ces pièces gorgées d’Histoire. La seule chose qui lui manque pour y parvenir : « Un local atypique pour abriter un projet atypique » .