Vers un procès du crash du Rio-Paris : « une excellente nouvelle » pour une famille de victimes du Puy-de-Dôme

Il y aura peut-être un procès contre Air France et Airbus après le crash du vol Rio-Paris en 2009, qui avait fait 228 morts. Les parties civiles seront fixées le 4 mars. Philippe Couderc, membre d'une famille de victimes et habitant de Chamalières, près de Clermont-Ferrand, est satisfait.

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Le parquet général a requis un procès pour "homicides involontaires" contre Air France et Airbus dans le crash d'un avion Rio-Paris qui avait fait 228 morts en juin 2009, contrairement aux juges d'instruction qui avaient prononcé un non-lieu en 2019, a-t-on appris mercredi 27 janvier de source judiciaire. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris statuera le 4 mars sur le renvoi ou non en correctionnelle des sociétés Airbus et Air France pour "homicides involontaires", a précisé la source judiciaire, confirmant une information du Parisien.

On ne sait plus quoi penser

Philippe Couderc, un habitant de Chamalières, près de Clermont-Ferrand, a perdu sa cousine Carole et le compagnon de celle-ci dans le crash. Il indique : « Pour nous c’est une excellente nouvelle. Mais on est un peu perdus. On ne sait plus quoi penser. Ce procès est nécessaire. On n’avait pas accepté qu’on n'accuse que les pilotes d’une faute humaine. On insiste pour que les tords soient aussi imputés au constructeur et à l’avionneur. Pour nous il y avait un défaut de formation, un défaut de gestion des personnels car ils étaient fatigués ».

Un revirement judiciaire

La bataille judiciaire n’est pas terminée. Ces réquisitions vont au-delà de celles du parquet de Paris, qui avait fait appel de ce non-lieu, mais n'avait réclamé un procès que contre la seule compagnie aérienne. En août 2019, les deux juges d'instruction chargés de l'enquête sur le crash du vol AF447, qui s'était abîmé dans l'océan Atlantique le 1er juin 2009, avaient prononcé un non-lieu. Tous les passagers et les membres d'équipage, de 34 nationalités, avaient péri dans l'accident, le plus meurtrier de l'histoire de la compagnie française. Les parties civiles s'étaient élevées contre cette décision "très contestable", "absurde et corporatiste".

On ne peut jamais fermer définitivement la plaie

Philippe Couderc n’avait pas accepté ce non-lieu en appel. Il souligne aujourd’hui : « Je vous avoue qu’on finit par ne plus comprendre : depuis 2009 on s’est battus pour que ce typed' accident ne puisse plus jamais se renouveler et là on avait presque fermé les écoutilles car on croyait que c’était terminé. De loin, pauvres victimes que nous sommes, nous avons du mal à suivre. Nos avocats nous tiennent au courant ». Philippe Couderc est encore actuellement profondément marqué par cet accident. Il précise : « On ne peut jamais fermer définitivement la plaie. Elle reste toujours ouverte. J’avais pensé qu’il y avait une forme d’injustice car j’ai assisté à toutes les instances avec des experts sans aucun parti pris. Finalement j’ai eu la sensation que les intérêts économiques passaient au-delà de l’humain. Aujourd’hui si on peut déterminer les responsabilités des uns et des autres, j’en serais pleinement satisfait. L’humain n’est pas le seul en cause dans ce terrible accident ».  

Une négligence et une imprudence  

En 2019, les magistrats avaient considéré que "cet accident s'explique manifestement par une conjonction d'éléments qui ne s'était jamais produite, et qui a donc mis en évidence des dangers qui n'avaient pu être perçus avant". Les investigations "n'ont pas conduit à caractériser un manquement fautif d'Airbus ou Air France en lien (...) avec les fautes de pilotage (...) à l'origine de l'accident", avaient-ils estimé. Selon les expertises, le givrage en vol de sondes de vitesse Pitot avait conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l'Airbus A330 et désorienté les pilotes jusqu'au décrochage de l'appareil. Airbus et Air France avaient été mises en examen en 2011 pour "homicides involontaires". Le parquet avait requis en juillet 2019 le renvoi devant le tribunal correctionnel d'Air France seulement, estimant que la compagnie aérienne avait "commis une négligence et une imprudence" en ne délivrant pas à ses pilotes suffisamment d'informations sur la procédure à adopter en cas d'anomalies liées aux sondes qui permettent de contrôler la vitesse de l'appareil, après plusieurs incidents du même genre au cours des mois précédents.

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