A Tauves, dans le Puy-de-Dôme, l'Ehpad a dû fermer il y a 3 ans. Pour le remplacer, la commune expérimente un Ehpad à domicile : les personnes âgées restent chez elles et ce sont les soignants qui se déplacent.
Beaucoup de personnes âgées souhaitent pouvoir rester à leur domicile le plus longtemps possible et dans le Puy-de-Dôme, un dispositif est à l’expérimentation pour leur permettre de réaliser ce souhait. Marie-Jeanne Depoux, 89 ans, vit seule dans sa maison à Bagnols. Depuis avril, des capteurs détectent ses mouvements dans toutes les pièces. Elle porte aussi un bouton alarme autour du cou. Ces capteurs et cette alarme sont reliés à une plateforme d'appel, qui peut intervenir en cas de problème, ce qui permet à l'octogénaire de rester chez elle : « Ca me va très bien. Je suis tranquille, je peux recevoir qui je veux. J’ai des amis qui viennent me voir, mon frère vient me dire bonne nuit. Je suis rassurée et je suis très bien chez moi. Je vis avec mes souvenirs, j’ai mon jardin, mes photos… Je suis bien. »
Un dispositif sécurisé
Après une chute, Marie-Jeanne était inquiète, le dispositif la rassure : « Par exemple, si je tombe et que je ne peux pas me relever, je leur dit que je suis tombée et ils appellent mon voisin, Martial, qui est pompier », explique Marie-Jeanne Depoux. A Tauves, à quelques kilomètres de chez elle, une infirmière, Estelle Laurador, est en contact avec la plateforme d'appel, elle a aussi accès sur son écran aux informations des capteurs installés chez les séniors. Elle est prête à lancer une intervention si besoin : « Tout est transféré sur une plateforme qui nous transmet l’information si il y a une levée de doute à faire. Quand la personne, habituellement, reste dans une pièce et qu’elle se trouve anormalement longtemps dans une autre pièce, il y a forcément une levée de doute. Grâce aux capteurs, on connait les habitudes de vie. Par exemple, chez une personne, on a un capteur dans le salon, la chambre, l’entrée… On a aussi un capteur d’ouverture de porte qui permet de sécuriser le domicile en cas de sortie inhabituelle ou de sortie qui se prolonge. »
Plusieurs visites chaque jour
Si la plateforme détecte une activité qui sort de l’ordinaire, un dispositif de vérification est déclenché : « On appelle d’abord au domicile, puis on appelle l’équipe de l’Ehpad à domicile pour se rendre sur place. On a aussi les aidants de proximité, c’est-à-dire la famille ou les voisins qui se trouvent à proximité du domicile, sur qui on peut également compter. C’est suffisant. En amont, il faut bien évaluer les besoins de la personne pour éviter d’arriver à la chute ou ce genre de choses », explique Estelle Laurador, l'infirmière coordinatrice. Les bénéficiaires de cet Ehpad à domicile restent très encadrés. Marie-Jeanne Depoux peut recevoir jusqu'à 5 visites par jour : les infirmières pour les médicaments, les aides-soignants pour la toilette mais aussi pour les distractions. « On intervient le matin pour l’aide au lever, à la toilette, à l’habillage, faire le petit-déjeuner, le café… Chez Marie-Jeanne, on n’intervient que le matin mais il y a des personnes chez qui on va aussi le soir pour l’aide au coucher, à la toilette. Il y a de petits ateliers d’accompagnement et de bien-être de temps en temps. La dernière fois, avec Marie-Jeanne, on est allées voir sa sœur car elle ne conduit pas, elle ne peut pas prendre la voiture. Un autre monsieur, on le fait sortir car il ne peut pas se déplacer et ça faisait des mois qu’il n’était pas sorti », raconte Fabienne Joffre, l'infirmière. Elle ajoute : « On ne peut pas être présent à 100% comme en Ehpad mais il y a un accompagnement, une sécurité en cas de chute par exemple. Il y a d’autres intervenants comme les aides à domicile ».
Une expérimentation de 3 ans
Ce dispositif d’Ehpad à domicile est en test depuis avril pour remplacer la maison de retraite de Tauves qui avait dû fermer en 2019. « C’est une expérimentation qui va se dérouler sur 3 ans, jusqu’en octobre 2023, où l’on va accompagner environ une vingtaine de personnes âgées par an et qui est financée par le ministère de la Santé et l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes. On veut répondre aux nouveaux besoins de pouvoir vieillir chez soi. C’est une offre qui peut s’adapter sur tous les territoires, qui permet de maintenir une activité économique sur les territoires ruraux et de faire fonctionner les commerces de proximité », se félicite Pierrick Bastide, directeur de l’Ehpad à domicile. L'établissement de Tauves rayonne aujourd'hui sur 12 villages à l'Ouest du Sancy. Au total, ce système est testé sur 23 sites en France. Tauves est le seul en Auvergne et l'un des rares à être situé en milieu rural.