Une enquête de l’AFP, publiée le 21 mai, pointe du doigt la gestion des eaux de Volvic (Puy-de-Dôme) par la société Danone. Elle dénonce un impact sur la biodiversité et sur la population. La direction de Danone répond aux accusations.
La polémique enfle autour de Volvic, dans le Puy-de-Dôme. La société Danone est accusée de pomper de l'eau illégalement. En aval, pas moins de 5 sources sont en train de s'assécher. L'une d'elle débouchait sur une pisciculture qui a dû fermer en 2017. C'est d'ailleurs de là que part cette histoire. La société Danone, propriétaire de la célèbre eau minérale, est accusée de "vider la baignoire" aux dépens de l'environnement, comme le dénonce une enquête de l’AFP publiée le 21 mai. En aval, le manque d'eau "agit sur la biodiversité des milieux humides", déplorait Christian Amblard, chercheur honoraire au CNRS de Clermont-Ferrand. "On peut parler d'un début de désertification" allant de pair avec "le dépérissement de la végétation et de la faune associée : l'aulne glutineux et le tarin des aulnes, le frêne et le loriot d'Europe", détaillait le scientifique. "Seuls la main de l'homme et Volvic en sont responsables", assènait-t-il. Comme lui, associations et riverains s'interrogent sur la responsabilité de Danone et de sa Société des eaux de Volvic (SEV), dont l'usine d'embouteillage est située à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau.
La réponse de Danone
Interrogé sur le fait que Danone ait beaucoup de dérogations de la part de l’Etat et notamment de la préfecture du Puy-de-Dôme pour les forages et les autorisations de prélèvements, Antoine Portmann, directeur général Danone Eaux France, botte en touche et explique : « Je vous encouragerais à poser cette question à Cathy, qui est notre experte sur la préservation de l’eau. Mais vous imaginez qu’on est sur une activité extrêmement réglementée et que nous répondons à toutes ces réglementations ». Il ajoute : "Il y a une démarche qu'on a initiée depuis très longtemps. Elle vise à une réduction de nos prélèvements et à un ajustement permanent par rapport à ce qui est absolument nécessaire. Ce sont des avancées technologiques qui nous permettent chaque année de préserver au mieux cette ressource naturelle". Cathy Le Hec, directrice Ressources en Eaux Danone Eaux France, indique : « Ici à Volvic, nous utilisons, par exemple en 2020, 20 % de la capacité de la ressource. Ces 20 % sont en deçà de l’autorisation qui nous a été délivrée. Cette autorisation est de 2,8 milliards de litres par an, sur une capacité de la nappe qui permet d’avoir plus de 12 milliards de litres par an. Cette autorisation est une autorisation maximale mais nous ne prélevons pas la totalité de ce qui nous est accordé ». Elle poursuit : "Nous avons mené des actions pour réduire ces prélèvements. On a principalement mené des actions sur notre gestion de l'eau sur le site d'embouteillage. Pour respecter la qualité de l'eau, cette eau qui ne subit aucun traitement, il est important d'avoir des mesures d'hygiène et de nettoyage de notre site d'embouteillage. Aujourd'hui, avec les nouvelles technologies, nous avons fait le choix d'investir et de réduire la quantité d'eau qui est utilisée pour des usages de nettoyage. Nous sommes passés à 1,4 L d'eau pour embouteiller 1 L. Notre ambition est d'aller au-delà, avec des innnovations, pour utiliser uniquement 1,15 L d'eau". Elle précise : "Cette baisse de la recharge de la nappe n'est pas seulement liée à la baisse de précipitations mais principalement liée à une évolution de la température. On constate sur le bassin de Volvic une augmentation régulière depuis les années 80, qui représente une évolution de 2 degrés d'évolution de la température. Ca peut paraître anodin mais ça représente une baisse conséquente en termes de recharge".
La position de la DDT
Volvic se range derrière les décisions de la préfecture. Mais le préfet du Puy-de-Dôme n’a pas voulu répondre aux sollicitations des journalistes. Dernièrement, le préfet n' a pas interdit à la Société des Eaux de Volvic de continuer d’embouteiller même en cas de sécheresse. Il renvoie vers la Direction Départementale des Territoires. Manuelle Dupuy, directrice départementale adjointe de la Direction Départementale des Territoires (DDT), affirme : « Sur l’arrêté cadre sécheresse, il y a eu un travail de concertation de plus d’un an, qui a été mené avec les associations, les collectivités, l’ensemble des usagers de l’eau (agriculteurs et industriels), pour préserver un cadre qui vise, en cas de sécheresse, à prendre des mesures graduées et temporaires, et notamment pour préserver prioritairement l’eau potable et les milieux ». En attendant, des expertises sont en cours. Les résultats sont attendus courant juin. Ce sera après à la justice de trancher.