Un embargo russe, une baisse de la consommation en Chine et une surproduction mondiale... Depuis 6 mois, le prix du lait baisse, et les agriculteurs produisent désormais à perte. En Auvergne, la FNSEA monte au créneau et cherche à alerter sur la situation difficile des producteurs de lait.
Maxime et Fabrice Faure ont repris la ferme familiale, à Gelles (63). Pour être rentables, ils ont besoin d'un prix du lait au minimum à 350 euros les mille litres. Or, sur la dernière paye, ils n'en ont touché que 290 euros. Le calcul est donc simple : ils vendent à perte.
Ces 2 frères n'ont que 50 vaches, leur exploitation est petite, mais ils sont jeunes et ont envie de se développer.On arrive à payer les factures, mais c'est dur, et on ne tire pas de salaire. Pour vivre, j'ai ma copine heureusement, sinon je serai encore chez mes parents ... Maxime Faure, producteur de lait.
Mais sans revenu,ils sont bien obligés d'abandonner leurs projets un par un, comme la stabulation qu'ils auraient aimé agrandir.
Pourtant, en magasin, le prix du lait ne baisse pas. Alors, produire à perte pour qu'il n'y ait aucune répercussion sur le consommateur pose un certain nombre de questions à nos deux agriculteurs, et pas qu'à eux d'ailleurs. Qui encaisse l'argent à leur place ?
Aujourd'hui, on a de grands groupes laitiers qui génèrent des bénéfices de plus en plus importants depuis un certain nombre d'années, et dans le même temps, on a des producteurs qui n'arrivent plus à couvrir leurs coûts de production ! David Chauve, Président de la fédération départementale des producteurs de lait du Puy-de-Dôme
La situation est d'autant plus inquiétante que ces agriculteurs subissent à la fois la baisse du prix du lait et la sécheresse. Avec la canicule, l'herbe se raréfie dans les prés et les vaches de Maxime et Fabrice Faure produisent 30 % de lait de moins que prévu.
Les vaches donnent moins de lait par temps de canicule
Les vaches, animaux tempérés, ont horreur des excès: la vague de chaleur comme la canicule qui frappe la France et l'Europe de l'ouest perturbe leur production de lait, selon une étude conduite dans sept pays européens.La perte de rendement peut aller jusqu'à 5,5 kilos (5,5 litres, ndlr) de lait par jour et par vache dans les pays du sud comme la France, l'Italie et l'Espagne, conclut cette enquête, commanditée par la société Lallemand, spécialiste en nutrition animale, transmise mercredi à l'AFP. La production moyenne est de 28 litres par jour et par vache mais peut aller jusqu'à 60 litres pour les plus productives.
Pis, à plus long terme, des problèmes de santé peuvent survenir et affecter les laitières en dehors de leurs performances en provoquant mammites (le cauchemar de l'éleveur) et réduction de la fertilité.
"Il suffit de 4 heures passées en condition de stress léger pour réduire la production laitière de plus d'1 kilo par jour", affirment les auteurs.
Or, dans les pays étudiés - outre les trois cités, le Royaume-Uni, la Suisse, la République Tchèque et la Pologne -, l'enquête montre que même pendant des étés modérés, le stress thermique est une réalité quelle que soit la latitude. Le stress peut frapper durant 13 heures à 18 heures par jour dans les pays d'Europe du Sud, et durant 2 heures 20 à 10 heures 25, en moyenne, en Grande-Bretagne ou en Pologne.
Dans le cas de la France, même des régions très tempérées comme la Bretagne (ouest) ou la Mayenne (centre-ouest) sont susceptibles d'enregistrer des pertes de lait de 2 kilos par vache et par jour.
Au-delà, la chaleur excessive impacte le comportement et la physiologie des ruminants, provoque une diminution de la rumination et des modifications du comportement alimentaire.