Pourquoi des éleveurs de moutons se retrouvent avec des tonnes de laine sur les bras

En Auvergne, les éleveurs d’ovins connaissent des problèmes de stockage de laine. Depuis bientôt 3 ans, 2 500 tonnes de laine dorment dans les fermes du Massif Central. En cause, l’arrêt des exportations en Chine depuis le Covid : les éleveurs ne peuvent pas se débarrasser si facilement de ce surplus.

Dans une exploitation de Vernines (Puy-de-Dôme), c’est l’heure de la tonte pour les moutons de race Rava, une race locale qui a une laine particulière. « La laine Rava a une toison moins soyeuse, avec plus de poils et une fibre moins longue et moins fine pour les filatures », explique Richard, l’éleveur. Il possède 750 animaux. Chaque année, il produit environ une tonne de laine, une laine difficile à écouler en France à cause de la disparition des outils de transformation. Depuis 3 ans, il ne peut plus écouler son stock. « Cette laine partait à l’exportation vers l’Asie, vers la Chine, le Bangladesh… Ce sont des pays où les coûts sociaux et environnementaux sont moindres pour le lavage et la transformation », affirme-t-il.

Des difficultés à laver la laine

La Chine a arrêté ses importations et les opérateurs sont débordés. La laine est considérée comme un produit industriel de classe 3. Elle est dangereuse si elle n’est pas lavée et hygiénisée. Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale Ovin, explique : « Il y a 5,1 millions de brebis en France. Il suffit de faire la multiplication avec un kilo, une toison et une brebis. On a de ce fait une saturation des opérateurs de lavage qui se trouvent en Belgique et en Italie. » La seule usine de lavage française est basée à Saugues en Haute-Loire. Il existe de petites filières artisanales, dans le Puy-de-Dôme. La laine de Rava est le produit idéal pour l’isolation et la matelasserie, mais la vente dépend de la demande. Nadège Blanchot, en charge de l’une de ces filières, indique : « Plus on va avoir de clients, plus on va avoir besoin de matières premières pour la transformation. Pour l’instant, on se limite à 30 ou 35 tonnes car cela couvre nos besoins, la demande de nos clients. »

Trouver des moyens de valoriser la laine

Les éleveurs ne peuvent pas épandre cette laine ni la jeter. La filière réfléchit à des solutions pour la revaloriser. « Toutes les utilisations en paillage peuvent valoriser la laine de moins bonne  et correspondent bien aux besoins de plantation de haies, aux besoins des collectivités d’utiliser des produits qui soient plus verts », précise Frédérique Morvillier, chargée de mission filières laine, cuir et carbone. En attendant une solution, la laine continue de s’entasser. Les moutons, eux, pourront pâturer dès le début avril.

-Propos recueillis par Romy Ho-A-Chuck pour France 3 Auvergne

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