Comment une entreprise du Puy-de-Dôme participe à la construction d’un paquebot à voile

Un paquebot pourrait prochainement naviguer grâce à des voiles en composite et en carbone. A Thiers, dans le Puy-de-Dôme, l’entreprise Wichard produit certaines des pièces du gréement. Une dernière phase de tests est prévue en juillet, avant la construction du premier paquebot à voile.

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Faire naviguer un paquebot à la voile, tel est l’objectif du projet Solid Sail, des Chantiers de l’Atlantique. A Thiers, dans le Puy-de-Dôme, l’entreprise Wichard élabore de nombreuses pièces du gréement. Une dernière phase de tests est prévue dès juillet, avant une construction grandeur nature.

Une révolution dans la croisière

Jusque là, les gréements étaient réservés aux voiliers, suffisament légers pour être tractés par un une voile souvent textile. Mais le projet des Chantiers de l’Atlantique pourrait révolutionner la navigation des gros navires : « Les chantiers de l’Atlantique ont étudié la possibilité de construire des paquebots à voile », résume Jean-Claude Ibos, le patron de Wichard, à Thiers. Pour tracter ces dizaines de milliers de tonnes, des voiles rigides, en composite et en carbone, sont étudiées : « Cela existe déjà sur des bateaux moins gros. Mais ici, nous développons des voiles plus imposantes, plus ambitieuses. » D’après le patron de Wichard, les paquebots équipés verraient leur consommation d’énergie réduite de 20 à 50% : « Cela permettrait des économies d’énergie et cela a aussi une visée écologique. » Pour certaines manœuvres, dans les ports  par exemple, les paquebots conserveraient un moteur.

Un chantier colossal

« Les voiles sont des panneaux fixés ensemble, qui s’articulent comme un accordéon », explique Jean-Claude Ibos. Avec un mât de 90 mètres de haut, 2 mètres de diamètre et une voile de 1 200 m2, le carbone permet d’obtenir une structure rigide et solide en limitant le poids du dispositif. D'autres problématiques se posent également : « Avec un mât de 80 à 90 mètres, le paquebot ne peut pas passer sous les ponts. » Un dispositif a alors été développé pour faire basculer le mât à 70 degrés. « C’est nécessaire pour parvenir à certaines zones touristiques. »

Une production en partie puydomoise

Pour construire le mât et les voiles, de nombreuses pièces vont être assemblées. Une partie du gréement est fabriquée à Thiers, dans l’entreprise Wichard : « Sur un mât, il y a un rail qui monte tout en haut, avec des chariots qui coulissent et qui montent la voile. Nous fabriquons le rail et les chariots, ainsi que certaines poulies. »

 L’entreprise produit aussi des enrouleurs de voile, pour replier les voiles en tissu positionnées à l'avant des mâts. Les autres pièces du projet sont produites ailleurs en France, mais toujours par le groupe Wichard : « Le groupe rassemble plein de savoir-faire complémentaires, au sein de différentes sociétés. Même si nous sommes basés à Thiers, nous sommes des acteurs du nautisme depuis plus de 50 ans. » Une poignée de salariés travaillent sur ce chantier à Thiers, mais c'est un projet qui se chiffre à plusieurs centaines de milliers d'euros pour l'entreprise.

Derniers tests en pleine mer

Les derniers tests auront lieu dans les semaines à venir, avant le lancement de la construction du premier modèle à taille réelle : « Un prototype à échelle 1/3 va être assemblé en juillet, à Saint-Nazaire. Pendant quelques mois, il y aura des tests en tout genre, de résistance des matériaux, de bascule du mât, détaille le PDG de Wichard. Si tout fonctionne parfaitement, nous passerons à la phase d’industrialisation, de réduction des coûts de production. » Confiant, il anticipe toutefois des ajustements : « Ce serait dans le meilleur des cas. S’il y a des dysfonctionnements, s’il faut revoir certaines pièces, nous ferons de nouvelles études. » L’ensemble du projet a été simulé par calculs mais des tests en situation pourraient révéler des imperfections : « Nous avons étudié les matériaux, leur résistance mécanique, leur résistance à la corrosion. Il y a également des contrôles par le Bureau Veritas. Parallèlement, nous sommes associés à l’école d’ingénieur ICAM à Nantes, pour faire des tests. La seule incertitude, c’est la résistance à la corrosion. Mais les tests nous permettront de le voir. » Pour Jean-Claude Ibos, tout devrait bien se passer : « Normalement nous devrions déjà être aboutis sur le premier prototype. »

Un projet d'avenir

D’ici la fin de l’année 2021, la dernière série de tests devrait être terminée. « Les chantiers MSC, connus dans le monde de la croisière, passeront commande. Si le projet roule, derrière, nous équiperons 5 ou 6 bateaux, c’est énorme ! », se réjouit le patron de Wichard. Il voit encore plus grand pour la suite : « Cela pourrait concerner le fret aussi à l’avenir, pas uniquement les croisières. »

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