Les meilleurs skieurs, patineurs ou lugeurs de la planète s'y sont défiés l’hiver dernier. Mais la plupart des stades des JO de Pyeongchang sont aujourd'hui désespérément vides, alimentant le débat en Corée du Sud sur leur avenir et leur entretien.
Il y a un an tout juste, le 7 février 2018 une équipe de France 3 Alpes envoyée spéciale pour les Jeux olympiques débarquait à Pyeongchang en Corée du Sud. Première surprise pour les journalistes et les milliers de spectateurs, le froid glacial qui sévit depuis plusieurs jours. Une bise coréenne qui alimente les conversations et inquiète aussi les autorités locales qui distribueront des "kit de survie" le soir de la cérémonie d'ouverture.
Février 2019. Un an après que la flamme ait été soufflée sur ces 23ème Jeux d'hiver, que sont devenues les infrastructures spécialement construites pour Pyeongchang 2018 ?
Malheureusement comme pour Pékin, Athènes ou même Berlin, faute d'argent, en Corée du Sud certains sites sont à l'abandon.
A Gangneung par exemple, au bord de la mer du Japon, de gros investissements ont été faits. Cette ville de 230 000 habitants, plutôt connue pour son ensoleillement, sa plage et ses restaurants de poissons, a été choisie pour accueillir les compétitions des sports de glace.
Sur les 5 patinoires prévues, 4 d'entre elles ont dû être construites pour les épreuves de hockey sur glace, de patinage artistique, de short-track, de curling et de patinage de vitesse. Facture totale 425 millions de dollars (373 millions d’euros).
Un silence assourdissant
Aujourd'hui, à l'exception de quelques personnes âgées, on ne croise plus grand monde dans le Parc olympique de la ville. Un silence assourdissant règne dans son Palais des Glaces, qui ne compte plus un centimètre carré de blanc. Des concerts ont bien été organisés, mais deux fois seulement.
L'Ovale, bâtiment futuriste à 110 millions de dollars qui a accueilli le patinage de vitesse est également vide, sans rien de prévu.
Les projecteurs ont certes été rallumés dans le Centre de hockey qui a accueilli en décembre un tournoi national de trois jours et abrite cette semaine deux compétitions internationales.
Mais en l'absence de ligue professionnelle de hockey sur glace en Corée du Sud, difficile de voir comment la structure de 95 millions de dollars pourrait continuer d'être utilisée.
Gangneung n’est pas une exception. A Pyeongchang même le Centre de glisse, où se sont notamment déroulées les épreuves de luge et de bobsleigh, est fermé à double tour. La piste de ski alpin est une langue de terre pelée, où des manifestants demandent qu'elle soit transformée en station de ski et non pas remise dans son état naturel comme promis.
A Yongpyong, la plus grande station de la région, qui a accueilli en 2018 les épreuves de slalom, il y a eu en décembre et janvier moins de touristes qu'il y a deux ans.
Le Centre olympique de glisse -où le Sud-Coréen Yun Sung-bin est pourtant devenu le premier athlète asiatique titré au skeleton- est fermé depuis mars. Son entretien étant estimé à 1,25 milliard de wons (près d'un million d'euros), les autorités provinciales ont choisi de le fermer, par mesure d'économie. Ce Centre de glisse, d'un coût de 100 millions de dollars, est le seul du genre en Corée du Sud. Les équipes nationales de bobsleigh et de skeleton sont donc contraintes d'aller s'entraîner au Canada.
10 milliards de dollars
Le pays a également consacré plus de 10 milliards de dollars (8,7 milliards d'euros) à de grands travaux d'infrastructure, dont une ligne à grande vitesse entre Séoul et Gangneung, dans l'est du pays. L'idée était de relancer une des régions les plus pauvres et les moins peuplées. Mais les espoirs d'un boum touristique ont fait long feu, en raison notamment de l'intérêt limité des Sud-Coréens pour les sports d'hiver.
Si le Stade Olympique -qui n'aura servi qu'aux cérémonies d'ouverture et de clôture des JO et des jeux Paralympiques- a bien été démantelé comme promis par le gouvernement en vue de la création d'un musée des Jeux, nombre de Sud-Coréens sont consternés par ce gâchis.
"Le gouvernement aurait dû avoir un plan à long terme sur l'utilisation des sites olympiques", fulmine Han Hyung-seob, 37 ans, venu en famille en vacances à Pyeongchang.
"Après avoir investi autant, que l'on laisse ces sites à l'abandon parce que leur entretien coûte trop cher dépasse l'entendement."
Le devenir de ces enceintes sportives est un casse-tête constant tant il est difficile de les "recycler" sur le long terme. Le Comité international olympique peine d’ailleurs à trouver des candidats pour les futures compétitions. Après une série de forfaits, seules Milan et Stockholm postulent pour les Jeux de 2026.
A lire aussi un article mis en ligne par nos confrères de franceinfo.
"De Sarajevo à Rio, ces infrastructures des JO qui tombent en ruine quelques années après les épreuves".