Quand je serai grand, je serai maréchal-ferrant

Depuis les dessins de nos livres d’enfance aux gestes exécutés par les jeunes élèves en CAP maréchalerie en Lozère venus en démonstration au Sommet de l'élevage, rien n’a changé ou presque. Eux ont entre 15 et 17 ans, et devenir maréchal-ferrant, c'était déjà un rêve d'enfant.

On les entend avant de les voir, les élèves du CAP maréchal-ferrant de Saint Chély d'Apcher, en Lozère. Ou plutôt, lorsqu'on se promène dans les allées du Sommet, on entend le bruit claquant de leurs marteaux s'abattant lourdement sur les fers à forger. Puis, lorsqu'on s'approche, on peut observer ce geste, que l'on croît connaître même si on ne l'a jamais vu de nos propres yeux. Un geste qu'on a vu maintes et maintes fois dans nos livres d'enfance .... 

C'est vrai, il faut bien le reconnaître, la maréchalerie n'a pas connu de véritable révolution en plusieurs siècles. "Les gestes ont très peu changé, les techniques aussi. Les seules vraies améliorations ont été faites au niveau de l'ergonomie, la posture du maréchal-ferrant, et aussi dans les techniques pures de maréchalerie, puisqu'on utilise des résines et des colles qui ont peu à peu remplacé les clous" nous expllique Pierre-Jean Lafitte, Maréchal-ferrant et enseignant dans l'un des 10 centres français proposant cette formation.

Devant lui, en plein air, 6 élèves sont en pleine démonstration, concentrés sur les pièces qu'ils forgent. Un four, une enclume, un marteau et une tenaille. Et des doigts rougis par les brûlures, conséquences presque obligées de l'apprentissage de ces gestes ancestraux. Ce qui les motive ? La passion du cheval avant tout, et c'est leur point commun.

Kevin est en 2e année de CAP et il sait depuis qu’il a 10 ans qu’il veut devenir maréchal-ferrant, depuis qu’il a vu une amie de sa mère venir ferrer le cheval de la famille. Après, tout a coulé, comme une évidence. Evan, lui, est aussi en 2e année et vient de Clermont-Ferrand. Les chevaux, il les adore, bien entendu, mais ce métier, il l’a découvert dans les livres, et s’est dit que ça pouvait l’intéresser. Alors il s’est lancé. Aujourd’hui, il est en 2e année de CAP mais veut aller plus loin.

Et l'on pourait continuer comme ça avec chacun des 12 élèves de la promotion, qui vivent cette formation comme un rêve. Hedi est en première année et pour lui, la maréchalerie est une évidence. Il n’est pas du tout né dans le milieu des chevaux et sera le premier de sa famille à se lancer dans la maréchalerie. "Il faut comprendre : un cheval qui n’est pas féré, ça n’existe pas, on ne peut pas le faire marcher… Vous voyez, vous ne vous imaginez pas sans chaussures, eh bien un cheval sans fer, c’est pareil. Ca n’est pas possible !"

Ne reste plus pour eux qu'à apprendre, patiemment, les différentes étapes du travail. La forge, tout d'abord, où l’on va forger le fer pour les chevaux. Puis le ferrage, c’est-à-dire l'application du fer ajusté au cheval sur la corne du sabot qui sera préalablement parée, donc coupée après la pousse. Un nouveau fer est alors appliqué avec des clous, comme avant, fer qui va être rivé le long de la paroi du sabot.

Pour les visiteurs, la surprise est pourtant parfois de taille. Imaginer que rien n'a changé depuis des siècles en souffle plus d'un. "Les gens sont surpris de voir ces jeunes qui sont en formation pour devenir maréchal-ferrand, explique Pierre-Jean Lafitte. Ils ne savent pas forcément que ça existe. Et ça ne se voit pas aujourd’hui, mais il y a des filles ! Ensuite, la surprise vient de l’intérêt pour ce métier à la limite de l’artisanat et de l’art, qui est à la fois ancestral et artistique."

Un métier dont la relève est en tous cas assurée, car ces jeunes gens n'ont pas l'intention de laisser leur place. En Lozère, ils ne sont que 12 à sortir chaque année avec leur CAP de maréchal-ferrant. Douze élèves qui, un jour, seront sans doute appelés eux aussi à transmettre à de plus jeunes générations ces gestes séculaires.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité