Florian Jouanny, 28 ans, fait figure de favori pour les championnats de France de paracyclisme qui se déroulent samedi et dimanche en Haute-Savoie. L'athlète paralympique, double tenant du titre, est un habitué des défis. Il est notamment le premier tétraplégique à avoir bouclé un Ironman.
Il est de ceux que rien n'arrête, de ceux qui font tout pour atteindre des sommets. Florian Jouanny a fait des plus grands cols des Alpes son terrain d'entraînement, gravissant, à l'aide de son handbike, le Galibier ou la montée de l'Alpe d'Huez. Tout cela pour se préparer aux championnats de France de paracyclisme, organisés samedi 3 et dimanche 4 octobre à Evires (Haute-Savoie).
Une compétition qui réunit les 130 meilleurs cyclistes français autour de deux épreuves : la course en ligne samedi et un contre-la-montre dimanche. "Cette année, ça a été un peu particulier, reconnaît l'athlète isérois. Les championnats de France, c'est notre seule course 'importante', toutes les courses internationales ont été annulées. Tout l'entraînement des mois précédents est pour cette course."
Double champion de France en titre - en 2018 et 2019 -, l'Isérois de 28 ans fait figure de favori au premier jour de la compétition. Son handbike, Florian Jouanny l'a adopté après un accident de ski qui l'a touché aux cervicales, en 2011, le rendant tétraplégique. Il perd l’usage de ses jambes et de son tronc, ses bras et ses mains sont également touchés, mais il garde un peu de mobilité pour actionner son handbike.
"J'ai les vitesses qui sont sur la roue avant et je les change avec la tête, étant donné que j'ai des problèmes de mobilité au niveau des mains. Je mets un coup de tête à droite ou à gauche si je veux descendre ou monter les vitesses", explique-t-il. Florian Jouanny est un homme de défis qui repousse toutes les limites. Il devient, en 2017, le premier tétraplégique à boucler un triathlon longue distance, un Ironman.
Objectif : Tokyo 2021
C'est à la suite de cette performance que l'athlète, enfant du Bourg-d'Oisans, abandonne le triathlon au profit du handbike. Son défi : remporter une médaille aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021. "Ce que j'aime le plus, c'est la compétition presque avec moi-même plutôt qu'avec les adversaires. Avec les adversaires, il y a la stratégie, on ne part pas avec le même potentiel génétique, on ne part pas avec le même handicap même si on est dans la même catégorie... J'éprouve beaucoup de plaisir à m'entraîner pour m'améliorer et hausser mon niveau", dit-il.
C'est sur le parcours du Tour de France que Florian Jouanny s'est entraîné pour les championnats de France. Un tracé taillé pour les grimpeurs que l'Isérois a parcouru à la force des bras. Un parcours similaire pour une performance différente sur bien des points. "On est couchés, donc on a vraiment la sensation de vitesse. Et on ne peut pas se dresser sur les pédales pour relancer dans les côtes, donc chaque montée est difficile à gérer", décrit-il.
Ce week-end de compétition à Evires représente son unique chance de s'illustrer cette saison. Il s'agit de la seule compétition maintenue, toutes les autres ayant été annulées à cause de la pandémie de Covid-19. Un calendrier a minima que regrette Florian Jouanny, déplorant que les autres courses n'aient pas été décalées, comme ce fut le cas pour les cyclistes professionnels. "Je trouve ça dommage (...) en handisport, il ne s'est rien passé. Il n'y a pas eu la volonté de faire la même chose", reprend le champion isérois.
"On peut dire que c'est quasiment un miracle qu'on ait réussi à reprogrammer cette épreuve", juge pour sa part le directeur sportif en charge du cyclisme handisport, Jérôme Dupré. Initialement prévue mi-juin, elle a été repoussée à cause de la crise sanitaire et a pu être organisée en Haute-Savoie "un peu au pied levé". "Les moyens ne sont pas du tout les mêmes que ceux qu'on peut retrouver dans le champ olympique, mais on arrive quand même à se débrouiller", estime-t-il. Florian Jouanny s'y rend avec la ferme intention de décrocher une troisième couronne tricolore qui l'aiderait à tracer un peu plus, à la force des bras, sa route vers les JO de Tokyo.