Yves avait un rêve : traverser la Sibérie en vélo en plein hiver. C'est un projet très ambitieux voire dangereux. Suivons-le au fil des jours et des difficultés qu'il a rencontrées.
"La Sibérie c'est un rêve et un rêve ne se raconte pas, ne se prévoit pas. Je suis certain que c'est là-bas que je vais trouver ce que je cherche."
Sans grands moyens, mais avec une volonté à toute épreuve, Yves, un savoyard passionné de vélo, décide un beau jour de partir à des milliers de kilomètres de chez lui…
Son projet : traverser la Sibérie à vélo, et en hiver ! Une idée un peu folle, dont il ne mesure pas la difficulté…
Mais la passion est là, et, aidé par sa femme Olivia, il part, dans cette aventure.
"Ici, personne ne dompte la nature, on doit se faire petit. C'est un voyage difficile, je ne suis pas sûr d'aller au bout". Dès le départ, les températures avoisinent les -26°. Couvert de la tête aux pieds, Yves commence son voyage très déterminé à le mener à bien. Il a 3 mois devant lui pour réussir. Il faut gérer l'effort, ne pas être présomptueux et les difficultés ne tardent pas. La mauvaise voire très mauvaise qualité de la route, le relief et le froid le fatiguent dès les premiers jours mais il s'accroche. Les 1000 km qui le mènent à Yakutsk - la région habitée la plus froide du monde où le thermomètre descend à -45°C - lui permettent de tirer les premiers enseignements. "La première évidence est que j'ai un vélo deux fois trop lourd. Je comptais parcourir 70 km par jour et j'en fais 30 km en dépensant une énergie colossale."
J'aime ça car on joue avec sa tête. C'est elle qui décide.
Arrivé à Yakutsk après 19 jours de voyage, il retrouve son épouse. Cette dernière est préalablement entrée en contact avec l'Alliance Française et l'aventure d'Yves est un peu médiatisée localement. La plupart des voyages transsibériens se faisant généralement au printemps, le sien, réalisé au cœur de l'hiver, fait sensation. La population connait les difficultés d'une telle expédition et se montre solidaire. Il ne compte plus le nombre de selfies qu'il fait avec les personnes qu'ils croisent et qui le soutiennent quand les conditions météo se dégradent. Les camions s'arrêtent. Les habitants lui ouvrent leur porte pour une nuit.
Quand le vélo le lâche, que les crevaisons s'enchaînent, le moral en prend un coup. "A la 5e crevaison, on devient fou. Sans mon vélo, je suis en danger". Il lui faut attendre de nouvelles roues venues de France (remplies de silicone) et malheureusement revoir le parcours jusqu’à la destination finale. Magadam semble inatteignable dans le temps imparti et trop risqué. Oïmaikon s'impose. C'est pourtant le village le plus froid du monde : il a enregistré -72° en 1926.
Pour les 15 derniers jours, Olivia le suit en voiture. Les kilomètres qui le séparent de Tomtor se font sur la neige. "J'ai appris à skier avec mon vélo". Les habitants qu'ils croisent le reconnaissent et l'encouragent. Quand la température tombe à -36° à la tombée du jour, Yves est heureux de retrouver son épouse sous la tente pour lui raconter sa journée et partager ses sensations. "Dans les conditions de grand froid, je ne suis pas autonome. J'ai choisi une solution qui me permet de rentrer avec mes mains et mes pieds".
Pour le dernier jour, départ au petit jour par -36°. La neige est fraîche, c'est très dur. Il doit parfois marcher et pousser son vélo. Des français croisent sa route et lui redonnent du courage. Yves est déterminé. Son aventure se terminera le jour annoncé même s'il doit marcher durant les derniers kilomètres. Les habitants d'Omïakon lui réservent un bel accueil. Ils sont tous là pour le féliciter. Tout compte fait, les multiples crevaisons l'ont éloigné d'une route dangereuse où la température est descendue à -55°. Elles ont surement rendu son voyage et son retour… possibles.
Réalisation Cédric Bejeannin
Une co-production France télévisions / Y.N Productions / Les films du hasard