Les gelées de ce mois d'avril menacent les vergers du Rhône

Conséquence de la vague de froid en France, le gel frappe de plein fouet les vergers du Rhône. Menacés d'une perte importante de leurs rendements, les arboriculteurs tentent de lutter contre ce phénomène météorologique. 

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“Il y a moins de quatre heures, tout le feuillage était gelé. Cette année, je peux tirer un trait sur mes abricots.” Franck Rabin, arboriculteur à Chazay-d'Azergues, fait état de ses cultures au lendemain d'une vague de froid. "Jusqu'à aujourd'hui, j’avais réussi à sauver mes fruits. Mais là, environ 60% de mon exploitation est fichue.” Chaque année, il produit environ 2 000 tonnes d’abricots, de cerises, de pommes et de poires. 

Cette situation est le fruit de la masse d'air froid qui frappe l'hexagone. Dans la nuit de mardi à mercredi, il a fait -1°C. Un phénomène météorologique qui n’est pas inédit pour la saison. “Avoir froid au mois d’avril, ce n’est rien d’extraordinaire, relativise Franck Rabin. Vous connaissez l’expression ? En avril, ne te découvre pas d’un fil.”

"Le climat de la région a complètement changé"

Ce qui sort de l’ordinaire en revanche, ce sont les températures des semaines précédentes. La région a connu un mois de mars très doux, avec un record de chaleur à Lyon avec 25,9°C au compteur le mercredi 31 mars. Un niveau très inhabituel pour une période où il fait habituellement aux alentours de 15°C. 

Pour Cédric Chevalier, conseiller spécialisé arboriculture à la Chambre d’agriculture du Rhône, cette tendance tend à se généraliser. “Depuis 2015, le climat dans la région a complètement changé. Il pleut de moins en moins souvent et fait de plus en plus chaud. On est en train de passer d'une région peu gélive à une région qui gèle tous les ans.” Aurélien Gayet, arboriculteur à Bessenay, confirme cette tendance : “Une de mes parcelles a gelé les trois dernières années de suite. Le problème devient de plus en plus récurrent.”

Conséquence de ce changement climatique : la végétation est de plus en plus en avance dans le calendrier. Un phénomène particulièrement préjudiciable pour les exploitations des arboriculteurs. “Lorsque les températures se réchauffent, les arbres fruitiers se réveillent et fleurissent, détaille Vincent Pestre arboriculteur à Chevinay. Plus l’évolution du fruit est avancée, plus il est sensible. A ce stade, il a peu de chances de survivre s’il est confronté au froid.”

Le pire est à venir

Tous les exploitants n’ont pas constaté de dégâts sur les cultures. Mais les dégradations peuvent se révéler dans les jours à venir. “Les arbres fruitiers n’aiment pas les à-coups, explique Aurélien Gayet. Cela peut jouer sur la nouaison.” D’autant que, aux yeux des producteurs, le pire reste à venir.

“La nuit qui arrive est la dernière de l’épisode de gel de cette semaine. Un ciel parfaitement découvert et un vent nul sont annoncés. Ce sont les conditions parfaites pour l’arrivée de gel.”

Vincent Pestre, arboriculteur

“On a peur que ce soit le coup de trop”, confie-t-il. Depuis une heure du matin, Franck Rabin est éveillé pour surveiller ses récoltes : “On se bat pour ne pas avoir de regrets mais c’est un combat perdu d’avance, se désole le producteur, pourtant de nature optimiste. C’est David contre Goliath.”

Des solutions à foison mais moins de moyens

Pour faire face au risque de gel, les solutions ne manquent pas : aspersion sous frondaison, irrigation des arbres, vent artificiel, combustion de copeaux à proximité des fruits… La Chambre d’agriculture du Rhône propose notamment des formations pour balayer l’ensemble des moyens de lutte contre le gel. “Régulièrement, j’ai aussi des échanges avec les arboriculteurs du coin pour discuter du matériel qu’il faut utiliser”, précise Cédric Chevalier.

Aurélien Gayet protège ses parcelles avec de l’aspersion sous frondaison. “Mais je n’ai pas d’autre matériel antigel. Avant, il ne gelait pas autant alors je n’étais pas forcément préparé”, avoue-t-il. “Toutes ces techniques antigel ne sont pas tellement utilisées dans la région”, constate Vincent Pestre. Les principaux freins à leur mise en application sont la difficulté technique et le coût économique.

Un risque pour la santé économique

Ces épisodes de gels peuvent d’ailleurs coûter très cher aux exploitants. “Ce matin, c’est un gros carton. Il est peu probable que l’on retombe sur un chiffre d’affaires d’une année courante”, avance Franck Rabin. “Les nerfs des arboriculteurs sont mis à rude épreuve, affirme Vincent Pestre. J’ai l’angoisse de toute perdre, car c’est déjà arrivé et ça arrivera de nouveau.” En 2003, année particulièrement marquée par des épisodes de gel, le producteur avait connu une année noire sans chiffre d’affaires. Un montant qui représente habituellement 700 000 à 800 000 euros.

Si tous les arboriculteurs de la région sont frappés par cet épisode de gel, le prix des fruits pourrait augmenter. “Mais cela ne va pas rattraper le chiffre d’affaires”, nuance Franck Rabin. Point de consolation : ces professionnels ne sont pas affectés par la crise sanitaire. Dans le “monde d’après", les consommateurs se sont même rapprochés de la production locale. Et le virus ne bouscule pas les méthodes de travail, comme l’indique Franck Rabin. “On travaille avec la nature, qui ne s’arrête pas avec la crise sanitaire. C’est elle qui a le dernier mot.”

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