Une réunion publique sur un projet d'élargissement de l'A46 Sud a été annulée, jeudi 1er juillet à Communay dans le Rhône, après une manifestation d'opposants. La confrontation entre pouvoirs publics et opposants s'envenime.
Après les recours administratifs, la présence physique. Jeudi 1er juillet, une réunion de concertation publique sur un projet d'aménagement de l'A46 Sud, qui devait se dérouler dans une salle des fêtes de Communay, dans le Rhône, a dû être annulée, sous la pression de manifestants bloquant l'accès à la salle.
L'affrontement s'envenime
Ils étaient plus d'une cinquantaine, le soir du 1er juillet, devant la salle des fêtes, pour empêcher la tenue du débat public. Les opposants au projet répondaient à l'appel de l'association Le Fer Autrement et de la fédération d'associations Fracture. "C'est de la poudre aux yeux, ils ne tiendront pas compte de nos avis", explique Gilles Renevier, président de Fracture, pour justifier l'action. Face à cette levée de boucliers, le préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Pascal Mailhos, a dû se résoudre à annuler l'évènement, regrettant la perturbation "d'un temps démocratique". "Cette concertation visait à donner le meilleur niveau d'information sur ce projet, [et il devait] permettre l'expression (...) des citoyens pour éclairer de leurs avis l'action des porteurs de projets," regrette-t-il. C'est un nouvel épisode de la guerre de tranchée qui oppose l'Etat à des associations locales, et qui s'envenime. Dans un communiqué, la préfecture annonce néanmoins qu'une nouvelle réunion publique se tiendra à Bron, près de Lyon, mardi 6 juillet à 19h, et que le processus de concertation se poursuivra comme prévu jusqu'au 28 septembre 2021. Les manifestants, eux, demandent une rencontre avec le préfet, qui refuse de les recevoir pour l'heure. Ils souhaitent obtenir "l'organisation d'un vrai débat public. Nous avons fait des dizaines de propositions qui n'ont pas été écoutées", estime Gilles Renevier.
Un axe saturé au sud de Lyon
Longue d'un peu plus de 20 km, l’A46 Sud est une voie de contournement de Lyon qui relie les échangeurs de Manissieux, au nord, et de Ternay, au sud. Le projet d’aménagement consiste à ajouter une voie supplémentaire sur une partie de cet axe routier, et à aménager plusieurs échangeurs, carrefours et autres bretelles d'accès sur ces emprises. Selon les pouvoirs publics, ces travaux résoudront des problèmes multiples qui touchent cet axe routier majeur au sud de la métropole de Lyon. Le but est à la fois de permettre d'éviter l’agglomération lyonnaise par l’Est, de mieux desservir les zones d'habitations et d'activités, et de décongestionner une section déjà empruntée par jusqu'à plus de 100 000 véhicules par jour sur sa section la plus chargée, sachant que son utilisation est en constante augmentation.
Selon les porteurs du projet, la saturation de l'équipement entraîne déjà en moyenne 5 heures de très fortes perturbations chaque jour, impactant par la suite les autres axes autoroutiers desservis.
Un impact négatif sur l'environnement
Alors que cet axe passe à proximité d'une dizaine de communes, les opposants sont nombreux, et ils se sont fédérés. Ils craignent localement "une défiguration des espaces naturels", comme à Saint-Priest, où un opposant dénonce la destruction de plusieurs sentiers passants à proximité des installations routières sur Twitter.
Défiguration des espaces naturels à #SaintPriest :
— CHUZEVILLE (@Chuzeville) June 28, 2021
• destruction de la voie verte du Chemin Saint Martin
• destruction du sentier des Cervettes entre l'A46 et la #Fouillouse
• destruction du sentier de la route de Vienne
dans le projet A du #shunt #Manissieux de l'#A46 sud pic.twitter.com/NKbpOeUkIN
Avant la manifestation de jeudi, la Fédération d'associations Fracture, qui regroupe plusieurs associations environnementales sur 28 communes du Sud-Est lyonnais, avait saisit le Conseil d’Etat pour tenter de stopper le projet par la voie administrative, pour empêcher cette concertation. La procédure est en cours d'instruction. "Le site internet ASF Vinci de présentation de la consultation publique A46-Sud a annoncé d’entrée de jeu qu’aucune alternative ne serait étudiée", regrette Gilles Renevier. Pour lui, le projet va à l'encontre des impératifs de diminution de la pollution dans le Sud-Est lyonnais "alors que ce secteur est déjà trop fortement impacté". Là encore, l'opposition de plus en plus sensible entre nécessités pratiques et engagements environnementaux, devra trouver un improbable compromis.