Une vingtaine de détenues du centre pénitentiaire de Roanne se sont racontées à travers un livre. Avec l’aide d’écrivains, elles ont rédigé et publié l’ouvrage Histoires de femmes. Un hymne à la liberté.
S’évader le temps de quelques lignes. Au centre de détention de Roanne, une vingtaine de femmes a pris la plume. Toutes ont apprivoisé les mots pour apprendre à se raconter. Après un mois de travail, elles ont rassemblé leurs témoignages et publié l’ouvrage Histoires de femmes avec l’aide de l’association Lire pour en sortir.
« Je suis cette tache que l’on voit tous les jours. Cette tache différente des autres, pas comme les autres, qui peut parfois paraître ce qu’elle n’est pas, mais qui est ce qu’elle est » a écrit Kenza sur l’une des pages.
Si à la base, la jeune femme n’est pas très branchée lecture mais plutôt réseaux sociaux, elle se plaît rapidement à l’exercice. « Ca va rester un souvenir malgré ma détention. Il faut voir le positif des choses. C’est quelque chose qui me fait plaisir et que je vais offrir à mes proches et ma famille » confie Kenza, le livre serré contre elle.
"On se dit qu’on est capable"
Manier les mots était aussi l'occasion pour ces femmes d’explorer l’intime. « On a un peu toutes parlé de nous-mêmes et ça nous a permis de nous ouvrir aux autres. C’était quelque chose de beau. J’ai surtout essayé de faire comprendre aux gens de l’extérieur qu’on n’était pas des-moins-que rien parce qu’on était en détention » insiste Adeline.
L’exercice a été salvateur pour la jeune femme qui a depuis retrouvé une plus grande confiance en elle. « On se dit qu’on est capable. Ca montre aux autres que même si on est détenue, on peut faire des choses. C’est juste magnifique ».
La réinsertion par la lecture
Le projet est né d’une volonté de réinsérer les personnes détenues par la lecture. Une manière légale de s'extirper des murs de béton.
L’association Lire pour en sortir a piloté les ateliers d’écriture encadrés par quatre écrivains : Lisette Lombé, Elvira Masson, Fabrice Rose et Delphine de Vigan.
« Le projet a permis produire par l’écriture et puis par la publication d’un livre de sortir des murs et que le grand public rencontre aussi les femmes détenues auteures et puissent changer leur regard sur les femmes en détention » assure Marie-Pierre Lacabarats, directrice générale de l’association Lire pour en sortir.
En 2021, les femmes représentaient environ 3,3% de la population carcérale.