Après avoir fourni les services de réanimation de la région en produits anesthésiants, les cliniques privées s’inquiètent de leur niveau de stock à la veille du déconfinement.
Ce lundi 4 mai après-midi, le docteur Véronique Chandesris est chez elle, confinée avec ses enfants. Mais le reste du temps, cette anesthésiste le passe dans la clinique du Val d’Ouest où elle exerce. «Sur la base du volontariat, bénévolement. Nous n’avons pas de service de réanimation ici mais nous prenons notre part dans la crise sanitaire».
Dans son établissement privé d’Ecully, un système de rotations quotidiennes avec deux chirurgiens, un anesthésiste et une équipe d’infirmiers se relaient pour accueillir des patients. Dès le début de la crise, un service de médecine Covid a été créé. 21 lits pour traiter des malades qui ne nécessitent pas une lourde prise en charge. «Nous jouons le jeu, cela permet de soulager les autres structures privées et publiques du bassin rhodanien» explique de Dr Chandesris. A ce jour, une cinquantaines de patients ont été traités par la clinique.
« Notre inquiétude, c’est la pénurie »
Mais derrière la bonne volonté des équipes de soignants se cache une inquiétude : le volume de stock de produits anesthésiants. Propofol, midazolam et curares sont utilisés en réanimation. L’Etat a réquisitionné les stocks pour ces services. «Mais dans notre clinique, comme nous n’avons pas de service de réa, nous craignons de manquer de ces produits lorsque l’activité reprendra» poursuit l’anesthésiste. «Nous avons révisé nos protocoles d’utilisation de ces produits pour en faire l’économie, mais demain, notre inquiétude, c’est la pénurie» conclut-elle.L’anesthésiant: indispensable pour une reprise d’activité
La clinique du Val d’Ouest réalise en temps normal une centaine d’actes chirurgicaux par jour. Sa maternité enregistre, elle, 2800 naissances annuelles. «Là aussi, c’est un service où l’utilisation de produits anesthésiants est indispensable, en cas de césarienne par exemple» explique Laurent Oger, le directeur de l’établissement. «Il en va aussi de notre modèle économique. Depuis l’arrêt des opérations non-indispensables, c’est 90 % de notre activité qui a chuté. Et autant de chiffre d’affaires. Nous verrons dès le retour progressif de l’activité mais je suis confiant. Depuis le début de la pandémie, l’ARS d’Auvergne Rhône-Alpes a toujours été à l’écoute et à nos côtés» conclut le dirigeant de la clinique.Les produits anesthésiants comme le curare sont essentiellement fabriqués en Inde et en Chine. Mais depuis le début de la pandémie de Covid 19, la chaîne d’approvisionnement est devenue difficile en France et en Europe. D’autant qu’un patient placé en réanimation plusieurs jours voire semaines nécessite 15 fois plus de doses qu’en temps normal.