Les perquisitions menées lundi en banlieue lyonnaise ont permis la découverte d'un arsenal de guerre dont un lance-roquettes. De nouvelles opérations de police ont eu lieu cette nuit à Lyon, Villeurbanne, Vénissieux et Brignais. 2 individus ont été assignés à résidence et placés sous contrôle strict
Les perquisitions menées en pleine nuit lundi, désormais facilitées par l'instauration de l'état d'urgence, ont eu l'effet de surprise escompté. Elles ont permis la découverte à Feyzin d'un arsenal de guerre impressionnant comprenant des armes automatiques et même un lance-roquettes. Un trafic d'armes dont il n'est pas dit aujourd'hui qu'il est lié aux mouvements islamistes mais qui peut toujours l'être, compte tenu de la porosité qui existe aujourd'hui entre le grand banditisme et les milieux radicalisés.
Le journal "le Progrès" rapporte que le trafiquant arrêté lundi en début d'après-midi est "un délinquant affirmé", selon une source policière. Il est âgé de 35 ans. Mais la police ne dit pas ce qu'il faut entendre par là. Est-il associé à un mouvement radical ? L'un de ses complices présumés a été interpellé à St Pierre de Chandieu par le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIPN). Il était en possession de deux armes et de munitions, toujours selon nos confrères.
"Association de malfaiteurs et dépôt d'armes"
On a appris par ailleurs qu'une partie des armes était entreposée dans la villa des parents du trafiquant. Des septuagénaires qui ont affirmé qu'elles avaient été déposées là à leur insu... On ignore évidemment la destination de ces armes lourdes mais on peut imaginer les dégâts qu'elles auraient pu causer pour servir une cause extrémiste, dans le couloir de la chimie tout poche. Faut-il rappeler que l'attentat de St-Quentin-Fallavier visait précisément à faire exploser un site industriel classé Seveso ?Une enquête pour "association de malfaiteurs et dépôt d'armes" est confiée à la direction de la police judiciaire de Lyon, ce qui n'établit pas pour l'instant de liens avec des groupes terroristes. Mais ce qui n'exclut pas non plus d'autres ramifications, que des investigations complémentaires pourraient indiquer. Hier soir, deux personnes restaient placées en garde à vue, impliquées dans le trafic d'armes de Feyzin.
Le coup de filet mené dans la nuit de dimanche à lundi a été mené sur de nombreux points de la région : 13 perquisitions ont aussi été conduites dans le Rhône, à Lyon dans le 8e arrondissement, à Villeurbanne, à St-Priest, à Vaulx-en-Velin mais aussi dans le Beaujolais. 4 perquisitions auraient ainsi eu lieu à Belleville et St-Jean d'Ardières. Elles visaient là, sans autre précision, des individus radicalisés. Mais ces perquisitions n'auraient rien donné de concret.
Dans l'Ain, six perquisitions ont été opérées au domicile de personnes déjà identifiées à Belley, Meximieux et dans la plaine de l'Ain. Des personnalités repérées pour leur activisme religieux.
"De nouvelles cibles"
Le préfet de région, Michel Delpuech a révélé hier que de nouvelles "cibles" seraient bientôt désignées, toujours dans le cadre de l'état d'urgence décrété par le Président de la République. De fait, la police "a procédé cette nuit encore à de nouvelles perquisitions dans le 8e arrondissement de Lyon, à Villeurbanne et à Vénissieux ainsi qu'à Brignais (Rhône). 2 individus ont été jugés suffisamment suspects pour qu'on leur impose un contrôle judiciaire très strict avec une obligation de pointer 4 fois par jour l'un au commissariat du 5e arrondissement de Lyon et l'autre en zone gendarmerie.La procédure allégée permet donc aux services de renseignement et aux policiers d'agir beaucoup plus librement que par le passé, mais toujours sous le contrôle de l'autorité judiciaire. L'article 11 de l'état d'urgence prévoit ainsi des interventions ciblées sans l'ouverture d'enquêtes préalables. Ce qui permet évidemment d'agir rapidement sur le base de signalements circonstanciées et sans toutes ces procédures qui freinaient jusqu'à présent le travail des enquêteurs.
De nouvelles perquisitions sont attendues dans les nuits qui viennent. Le préfet de la Loire a indiqué ce matin sur "Activ radio" "qu'il n'y pas de raisons que le département de la Loire soit exclu de ces opérations". Laissant entendre que de nouveaux objectifs pourraient bien être visés à leur tour par ces descentes de police nocturnes.
Le point sur les perquisitions dans le Rhône dans la nuit du 15 au 16 Novembre. (Commentaire : Valérie Benais)