Inflation : moins de dons de vêtements chez Emmaüs au profit de la vente sur internet

L’association créée il y a 70 ans par l’Abbé Pierre se mobilise pour inviter les familles à reprendre leurs habitudes de dons de vêtements en bon état. De plus en plus, la collecte de ces derniers se tasse au profit de textiles de moindre qualité et difficiles à vendre. Une situation qui pourrait mettre en péril le modèle socio-économique et solidaire d’Emmaüs.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Ça paraît rien mais c’est une petite révolution qui a lieu derrière les cintres des rayonnages de vêtements des boutiques solidaires Emmaüs. L’an passé, le phénomène a été suffisamment criant pour que les responsables de la communauté décident de prendre le taureau par les cornes. Et d'en appeler à une reprise des dons.  

Du beurre dans les épinards 

Que se passe-t-il ? Les dons de vêtements chutent, de l’ordre de 20 % en 2022. Or la vente de textile représente un tiers du chiffre d’affaires d’Emmaüs, devant les meubles. De quoi, selon la fondation crée par l’Abbé Pierre, remettre en question son modèle et pourquoi pas sa pérennité. Le constat n’inquiète pas pour l’instant, mais il interroge sérieusement le fonctionnement de l’institution caritative et son financement. En cause ? Les sites de vente en ligne qui depuis un an montent en puissance, en tête desquels Vinted, qui s'enorgueillit de compter en France 16 millions de membres.  

“Je comprends les gens qui préfèrent vendre que donner. On est à une époque où les gens sont à la recherche de nouveaux profits, spécialement à cause de l’inflation. Mais donner à Emmaüs, c’est soutenir un modèle social et économique alternatif qui a besoin de cet argent pour permettre à un certain nombre de compagnons de vivre, d’être accompagnés, d’être aidés.”  

Pierre Fanello, Directeur de la Communauté Emmaüs de Lyon 

 

 

Face à cette difficulté, Emmaüs essaie de convaincre que le don a une vertu cardinale : celle du geste simple et gratuit, qui vient en aide, et qui met l’accent sur la seconde vie d’un objet.  

Concrètement, l’accentuation des ventes en ligne se fait sentir. Il y a de moins en moins de vêtements de qualité ou de marque qui parviennent dans les centres de tri de la communauté. Et de plus en plus de vêtements décolorés, portant de véritables traces d’usure ou carrément déchirés. Au point que la moitié des textiles issus des collectes vont directement à la déchetterie pour être recyclés. Dans le centre de tri de Vénissieux, Lucie consacre l’essentiel de son temps à contrôler l’état des dons textile. Et e constat est sans appel : “ On a le sentiment que les gens se débarrassent de certains vêtements qui ont pas mal vécu. Mais les gens donnent ce qu’ils peuvent. 

Dans les foyers Bric à Brac de la Fédération nationale des sans-abris, le son de cloche est proche : la logique de pas mal de donateurs potentiels est de faire des recettes avec leurs articles de qualité, c’est très dans l’air du temps. “C’est global et ça ne touche pas que les vêtements. C’est vrai aussi avec le mobilier, reconnaît Sébastien Guth, responsable communication de l’association. Dans le réseau de la FNDSA, en revanche, le niveau de dons ne baisse pas, mais oui, c’est de moins bonne qualité. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité